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Le traitement en commun

des arbres fruitiers

Il n’est plus actuellement aucun cultivateur, aucun amateur qui mette en doute l’utilité du traitement des arbres fruitiers.

Il est certain, cependant, que cette question n’est pas aussi simple à résoudre qu’on le désirerait. En effet, la multiplicité des parasites à combattre, la grande quantité de marques des produits mis sur le marché ne contribuent pas à en mettre la solution à la portée de tout le monde. Fort heureusement, les avis publiés par les Stations d’avertissements, avis indiquant, à des dates précises, les ennemis dont on peut redouter l’attaque et les traitements à effectuer, sont de nature à guider très utilement les arboriculteurs ; aussi ne pouvons-nous que conseiller à ceux-ci d’y apporter la plus grande attention et, au besoin, si l’importance de leurs cultures justifie cette minime dépense, de s’abonner aux avertissements agricoles.

Mais savoir que l’on doit effectuer tel ou tel traitement est une chose, l’effectuer en est une autre ! Il faut, en effet, avoir sous la main les produits efficaces et posséder l’outillage nécessaire pour les utiliser dans les meilleures conditions.

Pour les produits, un choix s’impose, en effet, choix qui doit être fait en tenant compte à la fois de leur prix de revient, de leur facilité d’emploi et surtout de leur efficacité, toutes conditions pour l’appréciation desquelles on est souvent obligé de s’en rapporter à l’avis de techniciens qualifiés et surtout désintéressés.

En ce qui concerne l’outillage, il n’est pas exagéré de dire que, pour le traitement des arbres, c’est la question principale. En effet, si, dans les pays à vignes, on est généralement bien outillé pour faire les traitements de celles-ci, on l’est moins bien pour traiter les arbres, surtout ceux de plein vent. On l’est encore moins dans les régions non vignobles et non spécifiquement fruitières ! ...

La lutte contre les parasites des arbres nécessite, en effet, l’application de solutions ou de bouillies, non seulement sur le corps et les principales branches des arbres, mais sur tout l’ensemble de ceux-ci. D’autre part, pour certains de ces parasites, on ne dispose que d’une très courte période pour traiter. Il faut donc pulvériser, en un temps assez court, des quantités importantes de liquide et, pour pouvoir le faire, il faut posséder des appareils à grand débit. En outre, ces pulvérisations doivent être faites sous une pression élevée, aussi bien l’hiver que l’été, afin d’assurer de façon convenable, en hiver, le lessivage des arbres et, pendant la belle saison, la répartition en un fin brouillard des produits insecticides ou anticryptogamiques, de façon à ne laisser aucun organe non protégé.

Le minimum de pression, pour les arbres à basse tige, est de 5 à 6 kilogrammes. Pour les arbres de plein vent, il faut 15 à 20 kilogrammes et plus, et il est, en outre, nécessaire d’avoir des jets réglables.

Les pulvérisateurs dits « à pression préalable » sont à même de donner ces résultats. Il en existe toute une gamme, depuis l’appareil d’une contenance d’une quinzaine de litres jusqu’au motopulvérisateur auto-tracté, en passant par les appareils à réservoir sur brouette de 50 à 100 litres actionnés à bras ou par moteur auxiliaire. Chacun peut donc proportionner l’importance de son matériel à celle des cultures à protéger.

Il convient cependant de donner la préférence, dans la mesure du possible, aux appareils comportant un agitateur permettant de maintenir l’homogénéité des bouillies ayant tendance à déposer, comme, par exemple, celles à base d’arséniate de plomb.

D’autre part, tenir compte que certaines préparations, notamment les solutions de sulfate de fer et les bouillies sulfo-calciques, attaquent le cuivre rouge et, pour leur emploi, avoir recours aux réservoirs en laiton ou doublés intérieurement en plomb.

Les pulvérisateurs à moteur sont à même, mieux que tous autres types d’appareils, de donner satisfaction. Ils permettent, dans les endroits où on peut les employer, un travail d’excellente qualité, réalisé rapidement et sans fatigue pour le personnel, en utilisant le minimum de produit. Dans les longues journées d’été, ils rendent possible l’exécution des traitements dans un laps de temps très réduit.

Le seul reproche qu’on puisse leur faire, c’est d’être d’un prix élevé, ce qui ne les rend possibles, pour les exploitants individuels, que lorsqu’ils possèdent un nombre d’arbres fruitiers suffisamment important.

Les exploitants plus modestes peuvent cependant les utiliser. Mais, pour cela, ils doivent nécessairement se grouper.

Dans toutes les communes existent déjà des groupements de défense contre les ennemis des cultures. Ces groupements pourraient s’organiser pour faire l’acquisition d’appareils à grand travail à l’usage de leurs adhérents.

Mais on préconise plutôt la création de coopératives d’utilisation en commun d’outillage mécanique analogues à celles qui se sont constituées un peu partout pour l’emploi des tracteurs, à cette différence près qu’ici l’outil est un moto-pulvérisateur. L’appareil peut être financé en partie par les coopérateurs et en partie par une avance à moyen terme du Crédit mutuel agricole, remboursable par annuités. Un règlement intérieur, établi au sein de la Coopérative, règle l’utilisation de ce matériel dont, bien entendu, la durée est subordonnée à un usage raisonnable et qu’on ne peut, en conséquence, confier au premier venu. Une personne responsable est, d’ordinaire, chargée de la conduite de l’appareil et rétribuée en conséquence.

On ne peut que désirer, dans l’intérêt de notre production fruitière, que la formation de tels groupements se généralise chez nous, comme elle l’a fait dans d’autres pays producteurs de fruits.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°620 Juin 1948 Page 122