La culture fruitière a pour but l’exploitation méthodique
des arbres et arbrisseaux à fruits comestibles pour obtenir une production
constante maximum. Ce résultat sera atteint à la condition de connaître le
fonctionnement de leurs organes, afin que le praticien puisse intervenir d’une
manière efficace dans les diverses phases de la vie de l’arbre.
Cycle végétatif d’un arbre fruitier.
— Pour les diverses essences fruitières, on remarquera
dans leur cycle végétatif deux phases :
1° la formation de la charpente de l’arbre et de son système
radiculaire, dès que cette phase est établie ;
2° la fructification, qui lui fait suite.
À la formation de la charpente, tout le système
aérien augmente en surface et en volume ; la tige grossit, les
charpentières s’allongent. Le système souterrain forme des racines, qui,
en se divisant, exploitent le sol pour absorber les éléments solubles de la
terre et les conduire dans la tige, branches et feuilles. L’arbre prend la
forme qui lui est propre, les yeux se transforment en rameaux feuillés
avec des entre-nœuds longs. À mesure que l’arbre se développe, la
surface des feuilles augmente, l’évaporation devient de plus en plus active. Il
arrive que la puissance d’évaporation dépasse la capacité d’absorption des
racines. L’arbre va rétablir l’équilibre entre ces deux fonctions en diminuant
sa surface foliacée.
L’arbre va entrer dans la deuxième phase, caractérisée par
la formation des rameaux feuilles à entre-nœuds courts et l’apparition
des bourgeons fructifères.
La croissance de l’arbre étant terminée, la sève élaborée,
ayant son utilisation réduite, va constituer d’importantes réserves dans les
rameaux à entre-nœuds courts en formation. À la faveur de ces réserves
apparaissent de nombreux bouquets de feuilles au centre desquels se trouve un
œil ou bourgeon de grosse dimension qui s’est constitué, selon les espèces, de
juillet à septembre. Après la chute des feuilles, cet œil est renflé,
ovoïde ; c’est le bourgeon fructifère, renfermant une ou plusieurs fleurs,
selon les essences fruitières.
À partir de ce moment, l’arboriculteur n’a plus qu’à veiller
que le nombre de bourgeons fructifères ne dépasse pas la capacité productive de
l’arbre, afin que celui-ci ne s’épuise pas, tout en donnant ses récoltes
régulières.
Ces yeux, à la chute des feuilles, sont piriformes dans le
poirier, globuleux dans le pommier, coniques dans le cerisier, prunier,
abricotier, et aplatis dans le pêcher.
Le bourgeon fructifère renferme dans son intérieur
des fleurs solitaires, le plus souvent groupées en inflorescences, parmi
lesquelles on remarque : le corymbe, sur le poirier (les pédoncules
s’insèrent sur un axe à des niveaux différents pour se terminer tous à la même
hauteur) ; l’ombelle, sur le cerisier (les pédoncules sont d’égale
longueur et partent du même point) ; la grappe, sur les
groseilliers (les pédoncules sont d’égale longueur, insérés latéralement sur un
axe à la même distance.
La partie supérieure du pédoncule s’élargit et forme le
réceptacle, sur lequel vient s’insérer les quatre verticilles des pièces
florales. On y trouve, de l’extérieur à l’intérieur :
1° Le calice, formé de sépales, généralement verts ;
2° La corolle, composée de pétales blancs,
rosés ou rougeâtres, qui entourent et protègent les organes reproducteurs ;
3° Les étamines, organes mâles de la fleur, composées
d’un pied mince ou filet supportant deux sacs, anthères,
renfermant les grains de pollen, poussière fécondante très fine ;
4° Le pistil organe femelle dont la partie
essentielle, l’ovaire, en forme de bouteille, est quelquefois divisée en
compartiments ou carpelles, chaque carpelle étant surmonté d’un goulot,
ou style, dont la partie terminale est renflée ou aplatie, stigmate.
Les parois de l’ovaire sont formées de trois
membranes ; les carpelles sont au nombre de cinq dans les fleurs de
poiriers, pommiers. Dans les fleurs des essences à noyau, on trouve un seul
carpelle. Celui-ci peut être comparé à une feuille simple, repliée sur
elle-même, si bien que la ligne de soudure persiste sur le fruit, où elle forme
un sillon : abricot, pêche, prune. Les pétales et les sépales sont soudés
au pistil, avec lequel ils se confondent jusqu’à la naissance des styles.
L’ovaire semble au-dessus des autres verticilles ; le calice persiste
après la fécondation et forme l’œil des fruits à pépins, poires, pommes.
Dans chaque carpelle sont renfermés les ovules, qui
deviennent, après fécondation, les graines.
La fonction de la fleur, en arboriculture, est de produire
le fruit et la graine, qui, elle-même, reproduira l’espèce. Si un ovule est
fécondé, l’ovaire grossit pour donner le fruit, et l’ovule se transforme en
graine.
La fécondation, c’est l’union du grain de pollen avec
l’ovule. Les anthères s’ouvrent quelques jours après l’éclosion de la fleur.
Les grains de pollen mis en liberté sont transportés soit par le vent, soit par
les insectes, sur le stigmate de leur propre fleur ou sur celui d’une fleur
voisine. Ces grains, retenus à la surface du stigmate par sa viscosité, ses
aspérités, ne tardent pas à germer, à moins toutefois que des influences
contraires ne viennent entraver la germination. Il se forme un tube pollinique,
s’enfonçant par le style jusque dans l’ovaire, où il atteint l’ovule et y
déverse son contenu. La graine ne peut se former que si la fleur est fécondée,
sinon elle tombe sans rien produire ; on dit qu’il y a coulure.
Coulure. — Les plantes cultivées les plus
exposées à cet accident très préjudiciable sont les arbres fruitiers, la vigne.
Cet accident peut résulter soit d’une constitution anormale de la fleur, soit
d’une végétation trop vigoureuse, soit enfin des intempéries : pluies
prolongées, froid anormal.
Caractères des fleurs bien nouées.
— Il est facile de se rendre compte, après la
fécondation, si la fleur a noué. On peut suivre la marche de cette importante
fonction. Dix jours après la floraison, le pistil s’allonge, les pétales
restent attachés au calice, signe que les fruits sont bien noués.
Températures auxquelles résistent les organes floraux pendant leur développement. |
Essences fruitières. |
État de la végétation. |
Température de l'air. |
Organes détruits. |
Poirier |
Pleine floraison. |
- 1° C. |
Toutes les fleurs détruites. |
Pommier |
Pleine floraison. |
- 1,5° C. |
Toutes les fleurs détruites. |
Pêcher |
Bourgeons floraux entr'ouverts. |
- 6,5° C. |
Tous les bourgeons détruits. |
— |
Bourgeons épanouis. |
- 3,5° C. |
Récolte détruite. |
— |
Après la chute des pétales. |
- 2,5° C. |
3/4 de la récolte. |
— |
Après la chute du calice. |
0° C. |
1/4 — |
Abricotier |
En plein débourrement. |
- 3° C. |
1/5 — |
— |
En pleine floraison. |
- 1° C. |
1/2 — |
— |
Fruits formés. |
- 1° C. |
1/8 — |
Prunier |
Bourgeons fructifiés non épanouis. |
- 4° C. |
2/3 — |
— |
Pleine floraison. |
- 2° C. |
1/6 — |
Cerisier |
Pleine floraison. |
- 1,5° C. |
1/10 — |
— |
Pleine floraison. |
- 2,2° C. |
1/10 — |
— |
Pleine floraison. |
- 4,5° C. |
Récolte détruite. |
A. DÉAUX.
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