Et d’abord qu’est-ce que le Capnodis ?
De son nom complet Capnodis Tenebrionis, ce
redoutable bupreste est aussi connu sous l’appellation de « ver du
pêcher ».
La femelle pond à hauteur du collet des arbres, jeunes ou
âgés, faibles ou en pleine force ; ses larves pénètrent rapidement dans la
zone sous-corticale et se dirigent vers les racines en dévorant avidement le
bois jeune et l’assise génératrice de nouvelles cellules ; elles laissent
ainsi une large galerie bourrée de sciure digérée et comprimée ; le parasite
atteint aisément une profondeur de 50 centimètres en suivant les racines
principales ... Et puis, tournant sur elle-même, la larve remonte vers son
point de départ, dévorant de plus belle, creusant une nouvelle galerie,
achevant la ruine de la racine attaquée. Ce séjour dure deux ans ; ce laps
de temps révolu, la larve, qui atteint alors une taille de 5 à 7 centimètres,
se creuse une loge dans laquelle elle se dispose en fer à cheval et s’endort en
nymphose pour donner un insecte adulte aérien qui s’empressera de continuer le
cycle.
Comme il est facile de s’en rendre compte, ce coléoptère
constitue pour l’arboriculteur un adversaire de toute première force : il
agit en effet à l’intérieur des victimes, son trou d’entrée est invisible
puisqu’il résulte d’une ponte ; il descend dans les racines, aussi
n’est-ce pas une branche qui meurt, c’est l’arbre entier qui est condamné à
plus ou moins brève échéance.
Le Capnodis, d’abord considéré comme un ennemi du pêcher, a
été bientôt catalogué comme meurtrier de nos fruitiers à noyaux, et, depuis
quelques années, on s’est aperçu qu’il affectionne le cognassier, dont les
haies ou les buissons constituent de véritables réservoirs de ces malfaisantes
bestioles.
Il faut l’avouer bien humblement, les arboriculteurs
et tous les services de défense des cultures furent pris au dépourvu par
l’invasion bien vite généralisée du Capnodis. On essaya diverses méthodes de
lutte ; de nombreux produits chimiques furent mis à contribution, et le Capnodis
continuait ses dégâts sans désemparer, malgré les collerettes imprégnées de
paradichlorobenzène, les ramassages patients, la lutte contre les adultes
(poisons).
On fit cependant des constatations intéressantes : Capnodis
avait une victime préférée suivant les régions, suivant le degré d’adaptation
de l’arbre ; ici, c’était le prunier, là le cerisier, plus loin
l’amandier, l’abricotier ou le pêcher, voire enfin le cognassier. Les arbres
irrigués résistaient infiniment mieux que ceux en terrains secs.
Et, présentement, on a enfin trouvé l’arme défensive
vraiment efficace : vu la difficulté d’atteindre la larve au fond de sa
galerie sans entrée, on s’était orienté vers les produits insecticides
gazeux ; le plus efficace se révéla comme étant le bromure de méthyle ;
mais il fallait, avant de songer à en vulgariser l’usage :
1° Le rendre moins dangereux pour l’homme : la loi
oblige de ne l’employer qu’avec un accompagnant révélateur, l’acétate d’amyle,
dont l’odeur prévient les opérateurs de la présence de bromure de méthyle dans l’air ;
2° En freiner la diffusion afin d’en rendre l’action plus
persistante ; actuellement, le bromure de méthyle est transporté et
utilisé en solution alcoolique.
Dans un rayon de 50 centimètres environ autour de
l’arbre à défendre, on injecte dans le sol, à une profondeur de 50 centimètres
au plus, de 60 à 80 centimètres cubes du liquide au moyen d’un pal
injecteur réglable. La dose de traitement est répartie autour du tronc en 6 à 8 injections,
et elle est d’autant plus importante qu’on s’adresse à un sujet plus ou moins
volumineux.
Les résultats d’essais effectués en juin 1947 dans une
propriété de Boufarik ont démontré une efficacité totale : seuls les
arbres traités à trop hautes doses (120 centimètres cubes) ou trop jeunes
ont péri sous l’action de l’insecticide.
Et, pour terminer, une question :
Pourra-t-on bientôt annoncer la mise au point d’une méthode
de lutte préventive contre le Capnodis Tenebrionis ?
E.-M. RIFFARD.
|