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À la roseraie

Les porte-greffes et les formes

Les porte-greffes utilisés par les pépiniéristes drageonnent peu. C’est une qualité. Mais ils ont une constitution différente de celle de l’églantier indigène de nos forêts. Leur système radiculaire comporte un pivot, parfois long d’une vingtaine de centimètres, qui se termine par des ramifications plongeantes. Ils exigent donc un sol profond.

Ils possèdent une vigueur réduite. Leurs branches, peu développées, ne feraient pas de belles tiges. Aussi ne les utilise-t-on pas dans ce but.

Ils s’adaptent mal aux terrains médiocres où l’églantier des bois peut végéter de façon satisfaisante.

Ce dernier possède, au début de sa végétation, une écorce lisse, d’un vert pâle, colorée de rose au soleil. Ses jeunes tiges sont garnies d’aiguillons assez grands, peu recourbés et irrégulièrement espacés. Ils disparaissent sur le vieux bois dont l’écorce devient grisâtre et rugueuse.

Ses racines se dispersent en tous sens en partant d’un collet généralement court. Il peut végéter dans un sol peu profond. Lorsqu’on arrache des églantiers en terrain très humide, on remarque que tout leur système radiculaire est concentré à une faible profondeur.

Il bénéficie d’une vigueur relativement forte et produit des jets élevés particulièrement propres à la formation de tiges.

Autre avantage considérable : il est adapté au climat et souvent même au terrain, puisqu’on peut, dans la plupart des cas, le trouver sur place.

Les diverses variétés de roses cultivées se greffent très bien sur cet églantier, où elles acquièrent, selon leurs caractéristiques, des développements différents.

Mais le défaut particulier de ce porte-greffe est son aptitude à drageonner. Il émet continuellement des rejets vigoureux, la plupart souterrains, qui seraient vite une cause de dépérissement si on n’intervenait pas pour les supprimer.

L’entretien des rosiers greffés sur églantier des bois nécessite donc des visites suivies. Il offre plus de difficultés pour les rosiers nains par suite de leur forme basse et buissonnante.

L’amateur préfère en général les tiges pour cette raison, et aussi parce que l’écussonnage est facilité par leur position élevée.

Aussi commande-t-il le plus souvent près des maisons spécialisées les spécimens de rosiers nains qui lui sont nécessaires.

Ces derniers ont une reprise quelquefois délicate, et il n’est pas rare d’avoir d’importants déchets en terrains peu propices, surtout si la plantation est défectueuse.

Mais ils permettent à tout amateur soucieux de se tenir au courant du progrès de s’approvisionner en variétés nouvelles.

Cependant l’établissement de rosiers nains sur églantiers des bois peut être pratiqué avec succès.

On plantera le plus souvent en pépinière des églantiers tiges et nains alternés, disposition qui permet une plantation assez serrée tout en donnant une bonne aération générale.

Les demi-tiges sont peu utilisées, encore qu’ils aient leur place dans certains ensembles décoratifs. Mais leur défaut de flexibilité permet difficilement de les coucher en terre pour l’hiver, comme on le fait pour les tiges.

Leur protection contre la gelée ne peut guère se faire que par emballage des têtes, procédé qui n’est pas toujours efficace.

Ajoutons que les rosiers grimpants se greffent très bien sur églantiers des bois, nains ou tiges.

L.-C. NICOLIN.

Le Chasseur Français N°620 Juin 1948 Page 125