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Élevage

L'alimentation azotée du porc

Le porc est l’animal domestique dont la croissance est la plus rapide.

Des animaux bien nourris peuvent atteindre le poids marchand de 100 kilogrammes en six à sept mois.

On admet qu’on doit enregistrer les accroissements moyens journaliers suivants :

  Races précoces.
Races de pays.
De la naissance au sevrage 0kg,300 0kg,250
Du sevrage à quatre mois 0kg,400 à 0kg,600 0kg,350
De quatre à six mois 0kg,500 à 0kg,750 0kg,400
Au delà de six mois Jusqu'à 1 kg par jour. 0kg,600 et plus.

Cette rapidité de développement exige cependant une alimentation riche et bien équilibrée. Parmi les substances que le porc doit trouver en abondance dans sa ration, il faut citer, en premier lieu, les matières azotées. Celles-ci, encore désignées sous les noms de matières albuminoïdes ou protides, sont indispensables à la formation des muscles. L’animal en croissance en demande donc de grosses quantités. Les aliments ordinairement récoltés sur la ferme en contiennent souvent des quantités insuffisantes, et il sera généralement utile de faire appel à une nourriture de complément, achetée dans le commerce.

De nombreux essais d’alimentation ont permis de déterminer les quantités de matières albuminoïdes que le porc doit trouver dans sa ration.

A.-M. Leroy évalue ainsi les besoins des différentes catégories d’animaux :

  Matières albuminoïdes digestives (par jour.)
Porcelets sevrés âgés de trois mois 225 grammes
Porcelets de quatre à cinq mois 350
Porcs de plus de cinq mois 385
Reproducteurs adultes des deux sexes à l’entretien 180 à 270
Truies nourrices avec petits âgés de quinze jours 405 à 740
Truies nourrices avec petits âgés d’un mois 648 à 972
Truies nourrices avec petits âgés de deux mois 1.215 à 2.160

On peut dépasser légèrement ces chiffres pour les porcs dont l’augmentation de poids est très rapide.

Le manque de matières albuminoïdes amène un ralentissement sérieux du développement. Cependant il ne faudrait pas exagérer les quantités distribuées ; on amènerait alors l’apparition de graves accidents tels qu’apoplexie, mammites, intoxication et même la mort.

Signalons que toutes les matières albuminoïdes contenues dans les aliments n’ont pas la même valeur alimentaire. Ces matières, de composition assez complexe, sont formées par l’association de corps plus simples, les acides aminés. Le rôle de chacun de ces acides n’est pas encore parfaitement connu. Pour être sûr d’apporter à l’animal tout ce qui est nécessaire à la satisfaction de ses besoins, l’éleveur doit distribuer un mélange de différents produits azotés et donner, autant que possible, des rations contenant à la fois des aliments d’origine animale et des aliments d’origine végétale.

Les chiffres cités précédemment s’appliquent à des rations mixtes. Ils devraient être augmentés de 15 p. 100 environ si on utilisait exclusivement des produits d’origine végétale.

On trouve facilement la richesse en matières albuminoïdes digestibles des principaux produits consommés par le porc dans des tables spéciales reproduites par la plupart des agendas agricoles.

On peut constater que certains fourrages comme l’herbe de pâturage, la luzerne verte, les pommes de terre, les topinambours, les betteraves sont pauvres.

Par contre, la farine de luzerne, les grains (orge, avoine, seigle, etc.), les issues de meunerie sont moyennement riches. Enfin les tourteaux, les farines de viande et de poisson sont très riches.

L’orge convient parfaitement aux porcs ; elle peut être donnée en toutes quantités et ne cause jamais d’accidents. Elle est assez bien pourvue en matières albuminoïdes, mais il est cependant avantageux de lui adjoindre quelques produits plus riches.

Le maïs ne provoque jamais non plus d’accidents d’intolérance, mais ses matières albuminoïdes ont une mauvaise qualité qui peut être corrigée par l’addition d’un peu de farine de viande, de poisson ou de lait écrémé.

Le son est excellent et contient plus de matières azotées que l’orge.

La farine de luzerne, dont l’emploi se développe, est moins nutritive et moins bien pourvue que le son.

Parmi les tourteaux, celui d’arachide est le plus riche ; celui de coprah est bien accepté par les porcs, mais sa teneur en matières azotées est moins élevée.

Les pommes de terre et les topinambours ne peuvent suffire à eux seuls à satisfaire le minimum de protides exigé par le porc ; il sera toujours nécessaire de les compléter par un aliment riche.

Les divers sous-produits de laiterie sont excellents, mais doivent être distribués avec précaution.

Les farines de viande et de poisson sont très riches et conviennent bien pour assurer l’équilibre des rations trop pauvres. Il est indispensable cependant de commencer à donner de petites quantités, que l’on augmentera progressivement. On courrait sans cela le risque d’amener des intoxications graves et souvent mortelles.

En combinant judicieusement les différents aliments dont on peut disposer, il est facile d’établir des rations suffisamment nutritives, possédant sous un volume convenable tous les éléments utiles aux animaux, en particulier les matières albuminoïdes.

R. LAURANS.

Le Chasseur Français N°620 Juin 1948 Page 128