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Nos bonnes races françaises

La Bresse

La race de Bresse est certainement une de nos races nationales dont la renommée remonte à la plus vieille origine, puisque, aux environs de 1600, il est déjà fait mention de son existence et de ses qualités dans les chroniques du temps.

Elle appartient au groupe des races méditerranéennes, et on y distingue trois variétés principales : la Noire, dite de Louhans, constituant le type de la race et qui peuple la plupart des élevages de Bresse, visant principalement à l’obtention du plus grand nombre d’œufs ; la Blanche, dite de Bémy, qui aurait tendance à constituer un type un peu plus lourd que la noire ; et la Grise, dite de Bourg. La variété bleue est en voie de reconstitution, mais le nombre des sujets en est encore réduit.

Toutes sont des volailles élégantes, vives, alertes, gracieuses et éveillées ; de taille moyenne, présentant une ossature remarquablement fine et remarquables par la pureté des lignes et la beauté des attitudes, surtout chez le coq.

La tête est fine, le bec foncé dans la variété noire et blanc bleuâtre chez les blanches et les grises. La crête simple du coq est droite, bien colorée et développée, retombante chez la poule.

Les barbillons sont, surtout chez la noire, rouge vif, et les oreillons très blancs, tranchant nettement sur le fond noir.

Le corps est bien charpenté, avec large poitrine chez le coq et dos large et incliné en arrière. Les sujets noirs ont les pattes d’un bleu-acier caractéristique.

La Bresse s’adapte à peu près partout en France, et sa rusticité est satisfaisante. Bien qu’elle donne toute satisfaction en parquets vastes, elle préfère la liberté et sait y trouver une partie non négligeable de sa nourriture, grâce à son activité et à sa vivacité.

Cette race, grâce à d’importants syndicats et à l’activité d’un Club particulièrement dynamique, a fait l’objet d’une sélection très sérieuse, surtout du point de vue ponte, et peut aujourd’hui concurrencer, dans les bonnes souches, les réputées pondeuses américaines Leghorn, Wyandotte et Rhode-Island. D’adroits sélectionneurs arrivent actuellement à présenter des lignées donnant 200 œufs de moyenne par an, sous réserve d’une nourriture équilibrée, évidemment.

En ce qui concerne la qualité de la chair, le seul nom de « Bresse » suffit comme référence, puisque, sur tous les menus des hôtels de France et de Navarre, le poulet vedette du menu est toujours annoncé (indûment, du reste, le plus souvent) comme « poulet de Bresse ».

Cependant il faut faire une discrimination entre les chefs-d’œuvre produits en Bresse par l’engraissement des poulets à la « manière bressane » et les poulets de la race de Bresse élevés un peu partout.

Ces derniers sont toujours d’excellente qualité, mais ne peuvent se comparer aux premiers, qui ont, du reste, seuls le droit à l’appellation officielle d’origine « Bresse » et doivent provenir de l’aire géographique telle qu’elle a été précisée par le jugement du tribunal civil de Bourg, en date du 22 décembre 1936.

En résumé, la race de Bresse peut parfaitement convenir à l’élevage familial, à l’élevage fermier et à l’aviculteur professionnel.

Pour vous assurer des œufs toute l’année, faites naître vos poussins de bonne heure, de préférence en mars ; et, pour éviter un amenuisement de la taille et du poids, ne mettez en incubation que des œufs pondus par des sujets adultes. Bien que l’élevage de la Bresse soit surtout intéressant à l’état de race pure, cette race convient à plusieurs croisements intéressants, en première génération, pour la reproduction du poulet ; notamment les croisements :

    — coq Combattant indien X poule de Bresse ;
    — coq Orpington noir X poule de Bresse ;
    — et coq Langshan noir X poule de Bresse.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°620 Juin 1948 Page 131