Aimable mode d’été dont les meilleurs modèles sont
faits de frais tissus, foulards, twills, surahs de tons clairs, imprimés de
menus semis de fleurs, de pois de tous les calibres et de pastilles, blancs ou
noirs sur fond caramel, amande, framboise, bleu-lavande, jaune ou gold ;
aimable et logique mode, car combien estivale avec ses petits corsages bien
ouverts et sans manches, ses larges jupes en mouvantes corolles ; la plupart
d’entre elles sont plissées « soleil » entièrement ou par panneaux en
forme, les autres sont froncées, parfois coupées en volants étagés de plus en
plus larges, comme celles que Carven a lancées à son retour du Brésil,
inspirées par les jupes des danseuses de « samba ».
Cette ampleur prend à la taille ou un peu en dessous, dégageant
bien celle-ci et se posant là où commence le galbe des hanches, le plus souvent
artificiellement accentué. La question des ceintures est des plus vastes ;
certaines robes n’en comportent aucune ; d’autres, d’étroites en cuir ou
en simple bourdon d’étoffe ; d’autres, au contraire, sont très hautes,
véritables corsets miniatures de vernis noir ou blanc, taillés en forme de
« guêpières » ou très souples et légèrement drapés.
La toile a pris également une place prépondérante dans les
collections d’été, « pastel » ou bleu-« toile » — de
ce bleu un peu faux qui est si seyant — et surtout blanche ou naturelle.
Il y a des robes, des ensembles, des deux-pièces, des paletots et des
redingotes de toile dans toutes les maisons de couture ; si l’on songe
que, grâce à une technique savante, toutes les toiles et les lins sont inchiffonnables,
on se rend compte du charme et de l’agrément que présente une telle matière
pour la belle saison. Également nombreuses sont les robes de cotonnade et d’une
exquise fraîcheur pour les jours très chauds. Certains couturiers l’emploient
unie, car ce frais tissu a des tons ravissants ; d’autres le préfèrent
imprimé, d’autres encore n’hésitent pas à mélanger les deux ; chez Lucile Manguin,
un ravissant modèle comporte une jupe de cotonnade blanche imprimée de fleurs
rouges qui sont, par un subtil travail d’atelier, massées autour des hanches et
s’éparpillent sur le corsage uni ; parfois les coutures sont soulignées
par du « croquet » blanc, cette fine soutache de coton qui était
employée autrefois surtout en layette ; c’est très joli !
Souvent les robes de plein été sont des robes
« surprise » ; ceci est particulièrement intéressant pour le
week-end sous le boléro et la jupe amovibles se dissimulent un bain-de-soleil
et un short en tissu semblable ou en opposition de ton.
Revenant à la toilette de ville, il faut reconnaître que la
mode actuelle est pleine de ressources ; une robe de fin lainage ou de
soie à carreaux ou rayée, jupe et corsage séparés, peut se combiner, comme dans
le beau modèle de Bruyère croqué ici, avec une jaquette de fantaisie ou
classique, avec un court paletot droit ou en forme et tout un jeu de blouses
plus ou moins habillées, voire même de gilets ; on se souviendra alors que
cette mode est la plus féminine qui soit et on portera jabots et jupons de
linon assortis ornés de dentelle, de broderie anglaise, de plumetis, de troutrous
et de rubans passés ; on se souviendra aussi qu’une telle mode ne va pas
sans chapeaux et que rien au monde n’est plus seyant que les petits chapeaux
fleuris, tout nuageux de voilettes, que ces grandes capelines souples de tulle,
de crin, de paille-dentelle, de paille d’Italie simplement nouées d’un ruban en
« suivez-moi, jeune homme » ou d’une jugulaire.
Infiniment féminins aussi sont les souliers redevenus
normaux et spirituels ; on portera, cet été, beaucoup de souliers blancs.
G.-P. de ROUVILLE.
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