Les parasites des poissons excitent toujours la curiosité
des pêcheurs, surtout si ces parasites sont de grosse taille.
Le plus grand des parasites piscicoles de nos pays est la
ligule (Ligula intestinalis). C’est le ver solitaire, surtout abondant
chez la tanche et encore assez fréquent chez le gardon rouge et la brème, plus
rare chez d’autres espèces.
C’est un ver plat, rubanné, de couleur blanchâtre, long de
20 à 40 centimètres, mais pouvant atteindre jusqu’à 50 ou 60 centimètres et
large d’un demi a trois quarts de centimètre.
Le ventre du poisson parasité est très fortement ballonné,
de couleur blanche ou jaune sale. On voit souvent sortir par l’anus, ou par une
perforation voisine de l’anus, une extrémité du ver, en forme d’un morceau de
nouille plate. On trouve facilement le parasite en ouvrant d’un coup de couteau
le ventre du patient.
Ce peu ragoûtant ver solitaire habite pendant un ou
deux ans la cavité abdominale de son hôte qui, évidemment, maigrit et est gêné
dans ses mouvements. Le plus souvent, le parasite, au bout de son incubation,
quitte son poisson sans mal. Mais, s’il ne peut sortir, ou ne sort qu’en
partie, le parasite crève, tombe en putréfaction et finit par tuer son hôte par
septicémie généralisée ou par péritonite.
Le parasite mis en liberté est devenu inoffensif. D’autres
poissons peuvent le manger sans danger, et il m’est arrivé — dans un étang
où les rotengles en étaient infestés — de me servir comme appât, à défaut
de ver, d’un petit morceau de ligule ; Le rotengle m’en a semblé très
friand.
Pour que le développement du parasite se poursuive, il faut
que le poisson parasité, et dont le parasite est suffisamment développé, soit
avalé par un oiseau (canard, mais surtout grèbe et héron, capables d’avaler
d’assez gros poissons). L’oiseau peut aussi avaler le ver qui s’est libéré.
Alors le parasite achève son développement et mûrit en deux ou trois jours
d’innombrables œufs que l’oiseau rejette par son tube digestif. Les œufs
tombent dans l’eau, donnent des jeunes qu’avalent les poissons. Ces jeunes
embryons éclosent alors dans le tube digestif, s’y fixent avec leurs crochets,
trouent le tube digestif et s’installent dans la cavité générale du poisson.
Le remède ? Il n’y en a pas, à part celui de chasser
les oiseaux, hôtes intermédiaires nécessaires de la ligule. On préconise
également un assec d’un ou deux ans et le réempoissonnement en alevins non
parasités. Mais le remède est coûteux.
De toute façon, le poisson contenant une ou des ligules est
parfaitement comestible et ne peut contaminer l’homme. J’ai même entendu dire
que, dans certaines régions, on prépare des plats spéciaux de ces parasites.
Le brochet renferme également un parasite voisin, le Triaenophorus
nodulosus, qui atteint parfois 50 centimètres. Tous deux sont des parasites
internes.
Le parasite externe le plus fréquent sur la carpe et la
tanche est une petite sangsue de 2 à 4 centimètres de long, la piscicole
géomètre. Ce ver reste à l’affût parmi les végétaux aquatiques et, au passage,
s’accroche avec sa trompe sur la peau et surtout les branchies des poissons
qu’il épuise. On en voit parfois, par douzaines, accrochés sur les carpes et
les tanches.
On rencontre parfois des « poux » de poissons, sur
les perches, les carpes et même les truites. Ce sont de petits crustacés très
plats, ronds, mesurant de 2 à 5 millimètres de diamètre et accrochés très
fortement par leur rostre à leur hôte, qu’ils piquent, sucent, épuisent, et
dont les blessures sont souvent la cause d’infection par les mousses et autres
bactéries ou champignons.
Si à la pêche on trouve de nombreux poissons couverts de ces
parasites externes, il est nécessaire de prendre des mesures. Le plus pratique,
lors de la pêche, consiste à préparer un bassin rempli :
— soit d’eau salée (à 30 grammes par litre d’eau),
c’est-à-dire à la concentration d’eau de mer ;
— soit d’eau formolée (4 centimètres cubes de formol par 10 litres d’eau) ;
c’est le remède préconisé par le professeur Léger ;
— soit avec 1 gramme par 100 litres de permanganate de potasse.
Les poissons parasités, mis dans un filet d’épuisette, sont
plongés dans le bain pendant un quart d’heure à vingt minutes.
Si les parasites sont particulièrement résistants et
nombreux, on peut employer la solution suivante préconisée par Schaperclaus, et
par Chimits et Kreczmer : bain de quinze à vingt secondes dans une
solution de lysol, à raison de 2 centimètres cubes de lysol par litre
d’eau. Ce bain de lysol a, en outre, la propriété de cicatriser les plaies.
S’il s’agit d’un seul beau poisson, tel qu’un reproducteur, il suffit, de le
toucher doucement avec un linge humecté par la solution de lysol.
Quant aux étangs infectés, il y a lieu d’y faire un assec,
au moins hivernal, et d’y répandre de la chaux vive, au moins 300 à 400 kilos
à l’hectare.
DE LAPRADE.
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