Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°608 Août 1948  > Page 163 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Parasites des poissons d'étang

Les parasites des poissons excitent toujours la curiosité des pêcheurs, surtout si ces parasites sont de grosse taille.

Le plus grand des parasites piscicoles de nos pays est la ligule (Ligula intestinalis). C’est le ver solitaire, surtout abondant chez la tanche et encore assez fréquent chez le gardon rouge et la brème, plus rare chez d’autres espèces.

C’est un ver plat, rubanné, de couleur blanchâtre, long de 20 à 40 centimètres, mais pouvant atteindre jusqu’à 50 ou 60 centimètres et large d’un demi a trois quarts de centimètre.

Le ventre du poisson parasité est très fortement ballonné, de couleur blanche ou jaune sale. On voit souvent sortir par l’anus, ou par une perforation voisine de l’anus, une extrémité du ver, en forme d’un morceau de nouille plate. On trouve facilement le parasite en ouvrant d’un coup de couteau le ventre du patient.

Ce peu ragoûtant ver solitaire habite pendant un ou deux ans la cavité abdominale de son hôte qui, évidemment, maigrit et est gêné dans ses mouvements. Le plus souvent, le parasite, au bout de son incubation, quitte son poisson sans mal. Mais, s’il ne peut sortir, ou ne sort qu’en partie, le parasite crève, tombe en putréfaction et finit par tuer son hôte par septicémie généralisée ou par péritonite.

Le parasite mis en liberté est devenu inoffensif. D’autres poissons peuvent le manger sans danger, et il m’est arrivé — dans un étang où les rotengles en étaient infestés — de me servir comme appât, à défaut de ver, d’un petit morceau de ligule ; Le rotengle m’en a semblé très friand.

Pour que le développement du parasite se poursuive, il faut que le poisson parasité, et dont le parasite est suffisamment développé, soit avalé par un oiseau (canard, mais surtout grèbe et héron, capables d’avaler d’assez gros poissons). L’oiseau peut aussi avaler le ver qui s’est libéré. Alors le parasite achève son développement et mûrit en deux ou trois jours d’innombrables œufs que l’oiseau rejette par son tube digestif. Les œufs tombent dans l’eau, donnent des jeunes qu’avalent les poissons. Ces jeunes embryons éclosent alors dans le tube digestif, s’y fixent avec leurs crochets, trouent le tube digestif et s’installent dans la cavité générale du poisson.

Le remède ? Il n’y en a pas, à part celui de chasser les oiseaux, hôtes intermédiaires nécessaires de la ligule. On préconise également un assec d’un ou deux ans et le réempoissonnement en alevins non parasités. Mais le remède est coûteux.

De toute façon, le poisson contenant une ou des ligules est parfaitement comestible et ne peut contaminer l’homme. J’ai même entendu dire que, dans certaines régions, on prépare des plats spéciaux de ces parasites.

Le brochet renferme également un parasite voisin, le Triaenophorus nodulosus, qui atteint parfois 50 centimètres. Tous deux sont des parasites internes.

Le parasite externe le plus fréquent sur la carpe et la tanche est une petite sangsue de 2 à 4 centimètres de long, la piscicole géomètre. Ce ver reste à l’affût parmi les végétaux aquatiques et, au passage, s’accroche avec sa trompe sur la peau et surtout les branchies des poissons qu’il épuise. On en voit parfois, par douzaines, accrochés sur les carpes et les tanches.

On rencontre parfois des « poux » de poissons, sur les perches, les carpes et même les truites. Ce sont de petits crustacés très plats, ronds, mesurant de 2 à 5 millimètres de diamètre et accrochés très fortement par leur rostre à leur hôte, qu’ils piquent, sucent, épuisent, et dont les blessures sont souvent la cause d’infection par les mousses et autres bactéries ou champignons.

Si à la pêche on trouve de nombreux poissons couverts de ces parasites externes, il est nécessaire de prendre des mesures. Le plus pratique, lors de la pêche, consiste à préparer un bassin rempli :

    — soit d’eau salée (à 30 grammes par litre d’eau), c’est-à-dire à la concentration d’eau de mer ;
    — soit d’eau formolée (4 centimètres cubes de formol par 10 litres d’eau) ; c’est le remède préconisé par le professeur Léger ;
    — soit avec 1 gramme par 100 litres de permanganate de potasse.

Les poissons parasités, mis dans un filet d’épuisette, sont plongés dans le bain pendant un quart d’heure à vingt minutes.

Si les parasites sont particulièrement résistants et nombreux, on peut employer la solution suivante préconisée par Schaperclaus, et par Chimits et Kreczmer : bain de quinze à vingt secondes dans une solution de lysol, à raison de 2 centimètres cubes de lysol par litre d’eau. Ce bain de lysol a, en outre, la propriété de cicatriser les plaies. S’il s’agit d’un seul beau poisson, tel qu’un reproducteur, il suffit, de le toucher doucement avec un linge humecté par la solution de lysol.

Quant aux étangs infectés, il y a lieu d’y faire un assec, au moins hivernal, et d’y répandre de la chaux vive, au moins 300 à 400 kilos à l’hectare.

DE LAPRADE.

Le Chasseur Français N°608 Août 1948 Page 163