Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°608 Août 1948  > Page 169 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Les salades

Production échelonnée

Un légume aux usages multiples.

—Bien que les salades en général, soient très aqueuses, puisque la teneur en eau de constitution s’élève à 93 p. 100 dans la laitue, elles ont une valeur alimentaire qui n’est pas négligeable. Elles sont rafraîchissantes, riches en vitamines et en sels minéraux, et on devrait pouvoir disposer, en toute saison, de salades variées, comprenant laitues, romaines, chicorées, scaroles, barbe-de-capucin, endive witloof, mâche, pissenlit, pouvant être accommodées de différentes manières, crues ou cuites.

Non seulement on cultivera les salades pour le service de la table, mais aussi pour les animaux, notamment les volailles, les lapins et les porcs, qui les consomment avec avidité, parce qu’elles assurent le bon fonctionnement de l’intestin et jouent un rôle stimulant sur les organes de la digestion et de la circulation.

Notons que la production intensive des salades est applicable à tous les potagers, grands et petits, parce qu’on peut les produire en culture dérobée, sur les parcelles débarrassées de leur récolte principale, hâtive ou retardée. On peut également les semer dans les sentiers peu fréquentés, avoisinant les planches de plantes condimentaires, de carottes et d’autres légumes racine, dont les façons se donnent en passant entre les rayons.

Ces cultures échelonnées seront entreprises sans aucune dépense, si on veut se donner la peine de récolter soi-même la semence nécessaire aux semis alternatifs, en conservant quelques porte-graines des différentes espèces, sachant que la durée de leur faculté germinative n’est pas inférieure à cinq ans pour la laitue, la mâche, les cressons alénois et de fontaine, et qu’elle s’élève à huit ou dix ans pour les chicorées.

Les cultures saisonnières.

— Pour obtenir des salades tardives, on sème courant août de la laitue gotte à graine noire et de la romaine grise que l’on repique fin septembre, à raison de trois gottes et une romaine au centre, sous cloche. En faisant usage des paillassons, par temps froid, les salades peuvent être consommées en novembre.

Pour l’approvisionnement hivernal, en décembre, janvier et février, les semis se font en septembre et l’on repique également sous cloche, sur une planche dressée en ados. En cas de forte gelée, on tasse du fumier ou des feuilles entre les cloches.

Les laitues passion (blanche, brune ou blonde), élevées sous cloche en octobre et repiquées en côtière abritée à l’écartement de 25 centimètres en tous sens, sont bonnes à récolter en avril-mai.

À partir de mars, les semis se font en pleine terre ou dans les sentiers. C’est là que l’on prend les plants de salade que l’on veut repiquer (laitue palatine, blonde paresseuse, batavia, etc.), ainsi que les romaines (blonde, verte maraîchère, de Bougival, etc.), les chicorées frisées, la scarole en cornet, pour les repiquer dans les planches libérées de leurs cultures hâtées. Ainsi, pendant la belle saison, alors que l’on consomme beaucoup de salades, on ne sera jamais pris au dépourvu.

À cette époque, on peut même se dispenser de repiquer les salades ; il suffit de les éclaircir dans les sentiers et les pépinières. Les plus belles pommes sont dirigées vers la cuisine, les autres sont distribuées aux volailles et aux porcs. Pour les lapins, il est préférable de laisser monter les salades, elles sont ainsi moins dangereuses pour le ventre.

En résumé, en pratiquant des semis échelonnés dans les jardins, il est possible d’approvisionner sa table et son petit bétail en salades variées, surtout si on s’adonne conjointement à la culture en cave des chicorées, et si l’on y ajoute une petite planche de pissenlit.

Exigences des salades.

— Du fait de leur grande aquosité, les salades sont peu exigeantes sous le rapport des engrais. Aussi peut-on les cultiver avec succès dans tous les potagers maintenus en bon état de fertilité par des apports de fumier, de gadoues, de composts ou d’autres engrais composés d’origine chimique.

D’après les analyses effectuées sur les salades, il résulte que ces plantes sont surtout avides de potasse, mais elles exportent peu d’azote et d’acide phosphorique. M. R. Dumont estime à 1kg,600 la quantité de potasse prélevée par une récolte de salades sur un are de terrain. La restitution pourrait se faire en incorporant au râteau, lors du travail préparatoire, 2 à 3 kilogrammes à l’are de sulfate de potasse, lequel pourrait être remplacé avantageusement par 6 à 8 kilogrammes de cendres de bois non lessivées.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°608 Août 1948 Page 169