Un légume aux usages multiples.
—Bien que les salades en général, soient très aqueuses,
puisque la teneur en eau de constitution s’élève à 93 p. 100 dans la
laitue, elles ont une valeur alimentaire qui n’est pas négligeable. Elles sont
rafraîchissantes, riches en vitamines et en sels minéraux, et on devrait
pouvoir disposer, en toute saison, de salades variées, comprenant laitues,
romaines, chicorées, scaroles, barbe-de-capucin, endive
witloof, mâche, pissenlit, pouvant être accommodées de
différentes manières, crues ou cuites.
Non seulement on cultivera les salades pour le service de la
table, mais aussi pour les animaux, notamment les volailles, les lapins et les
porcs, qui les consomment avec avidité, parce qu’elles assurent le bon
fonctionnement de l’intestin et jouent un rôle stimulant sur les organes de la
digestion et de la circulation.
Notons que la production intensive des salades est
applicable à tous les potagers, grands et petits, parce qu’on peut les produire
en culture dérobée, sur les parcelles débarrassées de leur récolte principale,
hâtive ou retardée. On peut également les semer dans les sentiers peu
fréquentés, avoisinant les planches de plantes condimentaires, de carottes et
d’autres légumes racine, dont les façons se donnent en passant entre les
rayons.
Ces cultures échelonnées seront entreprises sans aucune
dépense, si on veut se donner la peine de récolter soi-même la semence
nécessaire aux semis alternatifs, en conservant quelques porte-graines des
différentes espèces, sachant que la durée de leur faculté germinative n’est pas
inférieure à cinq ans pour la laitue, la mâche, les cressons alénois et de
fontaine, et qu’elle s’élève à huit ou dix ans pour les chicorées.
Les cultures saisonnières.
— Pour obtenir des salades tardives, on sème courant
août de la laitue gotte à graine noire et de la romaine grise que l’on repique
fin septembre, à raison de trois gottes et une romaine au centre, sous cloche.
En faisant usage des paillassons, par temps froid, les salades peuvent être
consommées en novembre.
Pour l’approvisionnement hivernal, en décembre, janvier et
février, les semis se font en septembre et l’on repique également sous cloche,
sur une planche dressée en ados. En cas de forte gelée, on tasse du fumier ou
des feuilles entre les cloches.
Les laitues passion (blanche, brune ou blonde), élevées sous
cloche en octobre et repiquées en côtière abritée à l’écartement de 25
centimètres en tous sens, sont bonnes à récolter en avril-mai.
À partir de mars, les semis se font en pleine terre ou dans
les sentiers. C’est là que l’on prend les plants de salade que l’on veut
repiquer (laitue palatine, blonde paresseuse, batavia, etc.), ainsi que les
romaines (blonde, verte maraîchère, de Bougival, etc.), les chicorées frisées,
la scarole en cornet, pour les repiquer dans les planches libérées de leurs
cultures hâtées. Ainsi, pendant la belle saison, alors que l’on consomme
beaucoup de salades, on ne sera jamais pris au dépourvu.
À cette époque, on peut même se dispenser de repiquer les
salades ; il suffit de les éclaircir dans les sentiers et les pépinières.
Les plus belles pommes sont dirigées vers la cuisine, les autres sont
distribuées aux volailles et aux porcs. Pour les lapins, il est préférable de
laisser monter les salades, elles sont ainsi moins dangereuses pour le ventre.
En résumé, en pratiquant des semis échelonnés dans les
jardins, il est possible d’approvisionner sa table et son petit bétail en
salades variées, surtout si on s’adonne conjointement à la culture en cave des
chicorées, et si l’on y ajoute une petite planche de pissenlit.
Exigences des salades.
— Du fait de leur grande aquosité, les salades sont peu
exigeantes sous le rapport des engrais. Aussi peut-on les cultiver avec succès
dans tous les potagers maintenus en bon état de fertilité par des apports de
fumier, de gadoues, de composts ou d’autres engrais composés d’origine
chimique.
D’après les analyses effectuées sur les salades, il résulte
que ces plantes sont surtout avides de potasse, mais elles exportent peu
d’azote et d’acide phosphorique. M. R. Dumont estime à 1kg,600
la quantité de potasse prélevée par une récolte de salades sur un are de
terrain. La restitution pourrait se faire en incorporant au râteau, lors du
travail préparatoire, 2 à 3 kilogrammes à l’are de sulfate de potasse, lequel
pourrait être remplacé avantageusement par 6 à 8 kilogrammes de cendres de bois
non lessivées.
Adonis LÉGUME.
|