Par suite des progrès de la dégénérescence et aussi par la
nécessité d’intensifier la production, beaucoup de secteurs français ont pris
l’habitude de renouveler souvent les semences et d’introduire de nouvelles
variétés. Celles-ci, provenant de régions éloignées, ont apporté souvent de
nouvelles affections et de nouveaux virus. En sorte que les vieilles variétés
françaises comme Flourbal et Institut de Beauvais, assez stables
autrefois, ont vu leur déclin s’accélérer, ce qui rend actuellement leur
sélection aussi délicate que laborieuse.
Parmi les variétés récemment diffusées en France, nous
allons brièvement en étudier trois, très cotées pour leur productibilité :
Osbote, Voran, Arran Banner.
Quelques indications sur les tubercules.
— Il est très difficile de déterminer des variétés par
le seul aspect ou la seule conformation des tubercules. Le diagnostic se fait plus
commodément en période végétative par l’examen du feuillage et des fleurs.
Donnons tout de même quelques indications sur les tubercules en ce qui concerne
la peau, la chair et la forme générale.
J’ai sur ma table un échantillon de tubercules de chacune
des trois variétés précitées, lots provenant de récoltes obtenues en 1947 dans
la zone montagneuse du haut Forez. Les tubercules de Voran et d’Osbote
ont la peau jaune et la chair jaune. Leur forme est légèrement oblongue, sauf
toutefois les petits tubercules d’Osbote, qui ont pris une forme
sphérique. Les tubercules d’Arran Banner sont ronds, ou à peu
près ; la peau est jaune pâle, la chair blanche.
Quelques indications sur la productibilité.
— Ces trois variétés, avons-nous dit, sont recherchées
pour leur rendement élevé. À ce point de vue, nous signalons que, dans deux
essais effectués en haut Forez, Arran Banner s’est classée en tête, avant
Osbote, Voran, Ackersegen, Flourbal, bien avant Flava
et Bintje. On peut donc assurer que cette sorte est très productive.
Elle offre en outre un gros avantage : tandis que Voran, Osbote,
Flava fournissent un grand nombre de tubercules par plante, forcément
peu volumineux, Arran Banner offre une certaine ressemblance avec Flourbal
et Institut de Beauvais ; ses tubercules sont peu nombreux, mais
moyens ou gros, par suite vendables pour la consommation ; le déchet est
minime.
Examinée en période végétative, la variété Arran Banner
se signale par l’ampleur de son feuillage et la grosseur des tiges. Voran
et Osbote ont un feuillage moins développé, quoique bien fourni.
Quant à la précocité, voici : Voran est classée
comme tardive, Osbote comme demi-tardive ; Arran Banner
mûrit ses tubercules un peu plus tôt, après cependant Institut de Beauvais
et Flourbal. C’est là un avantage appréciable en pays de montagne.
La valeur consommation et la richesse en fécule.
— Sans être très recherchée comme Bintje pour la
consommation humaine, Osbote peut être utilisée pour la cuisine ;
on la préfère beaucoup à Ackersegen, variété nettement fourragère. Sa
richesse en fécule est, paraît-il, assez élevée, moindre cependant que celle
des sortes nettement féculières, comme Parnassia et Wolthmann. Je
n’ai pas de renseignements précis sur les qualités culinaires des tubercules de
Voran et d’Arran Banner, mais je sais qu’ils sont consommés en
période hivernale par beaucoup de ménages.
Les exigences alimentaires et le rendement.
— Si les trois variétés ci-dessus peuvent fournir
facilement trente tonnes à l’hectare, il apparaît qu’elles sont assez
exigeantes sur la nature du sol et sur la fumure. Dans les terrains maigres, Osbote,
notamment, fournit un nombre considérable de petits tubercules. Un sol frais,
profond, bien fumé, est la condition d’une bonne récolte. Une fumure organique
complétée par des engrais minéraux appropriés constituent une fertilisation
rationnelle. Les engrais azotés agissent puissamment sur le développement du
feuillage ; en ajoutant des engrais phosphatés et potassiques, la
tubérisation se fait mieux, la maturité est avancée.
La question de la résistance aux maladies.
— Dans le Centre de la France, des étés secs se sont
succédé plusieurs années de suite ; il n’y a pas eu de mildiou.
Mais adviennent, en 1948, des pluies nombreuses en juillet et août, cette
redoutable affection peut revenir. J’entends bien que, par l’emploi de
bouillies mixtes antidoryphoriques et anticryptogamiques, on peut en modérer les
dégâts. Néanmoins, il est toujours prudent de cultiver au moins une sorte
résistante pour se prémunir contre la mauvaise conservation. À ce point de vue,
signalons qu’Osbote et Voran sont peu sensibles au mildiou, qu’Arran
Banner l’est un peu plus. Les trois variétés ci-dessus sont résistantes à
la galle verruqueuse.
Pour pouvoir étudier la dégénérescence dans sa rapidité et
ses modalités, il faut suivre les variétés un certain nombre d’années sans
renouvellement de plants, avec ou sans sélection. Tout ce que je peux dire à ce
sujet, c’est que j’ai vu des plants d’Osbote de troisième année, en haut
Forez, fournir des plantes en bon état au moins dans certains lots ; c’est
déjà un résultat.
Pour terminer, signalons que la variété Voran a été
obtenue par croisement par le génétiste allemand Raddatz, et qu’elle a été
livrée au commerce en 1931.
Cl. PERRET.
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