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Élevage

Le rationnement des moutons

La ration, c’est-à-dire le total des aliments ingérés en vingt-quatre heures, doit répondre à un certain nombre de conditions pour assurer un bon développement corporel des jeunes et la production maximum des adultes.

La quantité et la qualité des aliments sont en rapport avec les besoins du sujet. Une partie de la ration est utilisée pour assurer le fonctionnement de la machine animale (maintenir la chaleur corporelle, permettre les mouvements des différents organes : cœur, tube digestif, etc.) ; elle est désignée sous le nom de ration d’entretien.

Une autre partie est transformée par l’organisme en viande, graisse, lait, laine ; c’est la ration de production.

On comprend aisément que plus la production demandée sera grande (croissance rapide, engraissement intensif, etc.), plus il faudra fournir au mouton de produits.

Certains animaux comme les béliers adultes, en dehors de la période de lutte, les brebis vides, n’ont besoin que d’assurer l’entretien de leur organisme. L’objectif à atteindre sera de leur distribuer simplement ce qui est nécessaire au maintien de l’équilibre de leur poids. Au contraire, dès que l’on exigera d’eux une production, il faudra, en plus de cette ration de base, leur donner le supplément qui permettra l’engraissement, la gestation ou la lactation.

La ration totale d’un animal, c’est-à-dire la ration d’entretien augmentée, s’il y a lieu, de la ration de production, doit répondre à un certain nombre de conditions :

Elle doit apporter une quantité suffisante d’énergie, de matières azotées digestibles, de sels minéraux et de vitamines. Son volume doit être en rapport avec celui du tube digestif de l’animal. Elle doit fournir une quantité d’eau convenable, ne pas contenir de matières nuisibles et, enfin, être d’un prix aussi réduit que possible.

Les deux premières de ces conditions sont essentielles et doivent retenir tout d’abord l’attention de l’éleveur.

L’apport énergétique.

Pour apprécier, d’une part, les besoins des animaux en énergie et, d’autre part, la valeur énergétique des aliments, les zootechniciens ont été amenés à adopter une unité convenable.

Les uns emploient la calorie, d’autres l’unité amidon, enfin le Danois Fjord s’est basé sur la valeur alimentaire de l’orge.

Cette méthode dite des équivalents fourragers a été popularisée en France par A.-M. Leroy. C’est celle que nous indiquerons, car elle est la plus couramment employée dans notre pays. Les agendas agricoles reproduisent généralement des tables où il est facile de puiser les renseignements nécessaires aux calculs d’alimentation.

Les équivalents fourragers sont des poids des divers fourrages qui peuvent se substituer les uns aux autres dans la ration d’un même animal, sans qu’il en résulte de modifications dans sa production ou son état de santé.

L’unité fourragère (U. F.) est la quantité d’un aliment susceptible de fournir le même effet utile qu’un kilogramme d’orge.

De nombreuses expériences ont permis de déterminer, d’une part, les besoins des divers animaux en fonction de leur production, d’autre part, les poids équivalents des différents aliments, d’où on a déduit leur valeur fourragère (en U. F.).

C’est ainsi que 1 kilogramme d’orge écrasée a la même valeur alimentaire que 2kg,500 de bon foin, que 12 kilogrammes de betteraves demi-sucrières ou que 0kg,950 de tourteau d’arachide.

Ces quantités sont des équivalents fourragers.

Des tables spéciales donnent la composition en U. F. des principaux aliments du bétail.

On trouve également, à côté des tables aliments, des tables donnant les besoins des animaux.

On cherche les besoins d’entretien, puis on y ajoute les besoins de production. Ceux-ci sont différents selon l’âge des sujets, la rapidité de leur croissance ou leur production. Dans le cas du mouton, la laine demande peu d’éléments ; au contraire, les brebis qui allaitent ou qui fournissent du lait pour la fabrication fromagère exigent des suppléments importants.

L’apport azoté.

Après avoir calculé l’énergie nécessaire à un animal, il convient de déterminer la quantité de matières azotées digestibles qu’il doit trouver dans sa ration.

Ces substances, encore désignées sous les noms de protides, matières protéiques, matières albuminoïdes, sont indispensables à l’organisme. Elles servent à l’édification des tissus (le muscle est surtout formé de protides). L’animal ne peut en effectuer la synthèse à partir d’autres substances ; elles doivent donc se trouver présentes dans la ration en quantité voulue.

Elles sont surtout nécessaires aux jeunes et aux mères nourrices, car le lait en exporte beaucoup de l’organisme maternel.

Les protides sont rares dans les produits de la ferme, par contre on les trouve abondamment représentés dans les tourteaux.

Ce sont des produits chers ; il faut en éviter le gaspillage, mais surtout l’insuffisance. Lorsque les rations n’en contiennent pas le minimum nécessaire, la croissance et la production se trouvent sérieusement freinées.

Le minimum indispensable est donné par les tables d’alimentation ; il varie avec l’âge, la précocité et la production attendue.

Il existe un certain nombre de produits différents rangés sous le nom général de matières protéiques ; chacun joue dans l’organisme un rôle particulier. Nos connaissances sur ce sujet sont encore trop imparfaites pour qu’on puisse déterminer avec précision la quantité de chacun. On sait cependant que les hauts rendements sont obtenus grâce à un judicieux équilibre entre ces diverses substances. L’éleveur doit retenir de cette notion de qualité des protides l’intérêt qu’il y a à distribuer des aliments azotés variés (foin de différentes plantes, mélange de différents grains et de tourteaux, etc.). Il a ainsi la possibilité de fournir un total azoté où les produits se complètent heureusement et pourront satisfaire les exigences variées de l’organisme animal.

R. LAURANS.

Le Chasseur Français N°608 Août 1948 Page 176