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Nos belles races françaises

La Gâtinaise

Avec la Bresse, qui a fait l’objet de notre précédente chronique, la race Gâtinaise est celle de nos volailles qui a subi les plus heureux perfectionnements et peut rivaliser dans tous les domaines avec n’importe laquelle des plus célèbres variétés étrangères.

La Gâtinaise est une race essentiellement pratique et mérite le qualificatif « très bon » dans toutes les spécialisations avicoles : ponte, grosseur et poids des œufs, rusticité, qualité de chair et même beauté.

Cette « classe », elle la doit aux éleveurs spécialisés et au Club particulièrement actif que dirige, avec autant de compétence que de désintéressement, M. le comte de La Rochefoucauld ; éleveur et juge bien connu.

D’une bonne race régionale, aux aptitudes moyennes, le patient travail de ses promoteurs en a fait, en trente années, une volaille de classe internationale. Dans les bonnes souches évidemment.

Actuellement, l’éleveur familial aussi bien que le professionnel peut s’y consacrer exclusivement sans risques de déception.

Cette volaille au plumage immaculé se classe parmi les races demi-lourdes. Le poids moyen des coqs adultes est de 3 kilogrammes au moins (coquelets de douze semaines : 1.500 grammes) et celui des poules de 2kg,500 (poulettes de douze semaines : 1.400 grammes).

La Gâtinaise est puissante sans lymphatisme, large, forte, avec une silhouette précise et sans lourdeur. Les plumes sont bien collées au corps, qualité appréciable dans les régions à grands vents dominants.

Son acclimatation est possible sous tous les climats tempérés. Elle a donné satisfaction même dans quelques régions tropicales.

Les poulets Gâtinais jouissent d’une surcote spéciale aux Halles de Paris, ce qui en confirme la qualité. Le squelette est assez léger et donc les déchets minimes.

Mais ce qui a surtout justifié la vogue et l’accroissement considérable du nombre de sujets Gâtinais élevés en France depuis quelques années, ce sont les perfectionnements considérables réalisés dans le domaine de la ponte.

D’une honnête moyenne de 140 à 150 œufs, en 1918, la race présente maintenant des souches assurant les 180 à 200 œufs annuels, avec des records individuels bien supérieurs, puisque les chiffres de plus de 250 œufs ont été fréquemment enregistrés dans les concours de ponte.

Au Concours national français de ponte de Grignon, réunissant les meilleurs parquets de races françaises et des races étrangères élevées sur le continent, la Gâtinaise s’est classée cinq fois première des races françaises, entre 1932 et 1939, dont trois fois pour la ponte d’hiver (individuel), et les lots Gâtinais remportent six fois la première place des races françaises, durant la même période. De plus, en 1939, en concours individuel, c’est une Gâtinaise qui s’est classée première de toutes les races, françaises et étrangères.

La conduite de l’élevage de cette race ne présente aucune difficulté particulière. Pour obtenir des poulettes qui vous donneront des œufs l’hiver suivant, et dès la fin de l’automne, faites naître vos poussins au plus tard vers le 10 avril ; la seconde quinzaine, de mars est préférable.

Si vous pratiquez personnellement la sélection au nid-trappe, ne retenez pour couver que les œufs des sujets qui, tout en présentant de fortes moyennes de ponte, sont d’un poids suffisant, l’amenuisement de la taille et la diminution du poids étant à surveiller d’une façon particulièrement attentive chez toutes les grandes pondeuses des races à aptitudes mixtes.

L’engraissement des sujets adultes est facile, surtout si l’on dispose de lait écrémé pour humidifier les pâtées.

En résumé, la Gâtinaise présente à un très haut degré l’ensemble des meilleures qualités recherchées par l’énorme majorité des éleveurs français et on peut la recommander sans la moindre réserve, sinon celle qui consiste, pour les débutants, à s’assurer de la valeur de la souche mère, avant toute acquisition.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°608 Août 1948 Page 179