Je crois qu’il n’est pas trop tard pour dire un mot encore
des tenues de vacances, puisque, pour les plus heureuses, celles-ci se
prolongent jusqu’à fin septembre, et avec-elles tous les sports d’été.
Tout d’abord, il est bon d’insister sur ce point que
tous les costumes, toutes les robes que nous ont présentés en demi-saison les
couturiers sont à transformation ; on peut donc envisager de quitter sa
maison de ville pour le week-end ou pour le voyage avec un costume sous lequel
se cache celui de tennis, de natation ou de bain de soleil : une jaquette,
un chemisier, une jupe (ample, à tranches, à plis ou cloche), dessous un
soutien-gorge, un short, une barboteuse en jersey, en toile ou en cracknyl, cet
extraordinaire tissu imperméable de Bucol ; tout cela est, bien entendu,
en pièces détachées et harmonieusement combiné comme couleur.
La toile a eu, cette saison, un énorme succès, on le
sait, et peut se porter tard en saison, mais les femmes qui pensent à se
constituer actuellement un tel ensemble feront sagement en le prévoyant en
lainage. L’un des plus séduisants et des plus pratiques à la fois, qu’on peut
également porter en automne, est la flanelle grise, avec laquelle toutes les
autres teintes sont jolies : les violets, les verts, les rouges aussi bien
que tous les bruns, les blonds, les tabac. La flanelle blanche, celle qu’on
nomme « tennis », à fines rayures noires ou bleues, est également en
vogue, mais plus fragile et puis, dès le premier jour gris, absolument
importable. En tout cas, le pantalon de cette flanelle est fort élégant, et je
conseille fort aux femmes qui aiment ce vêtement d’en prévoir un pour le bord
de la mer, voire même pour la campagne. Personnellement, je trouve que le
pantalon bien coupé, bien étudié, pour une femme grande ou bien proportionnée
qui n’a plus l’âge du short, est infiniment pratique et élégant.
En dehors des lainages « sport », le tricot est
une merveilleuse ressource pour ces tenues de fin de vacances et de
demi-saison, ce tricot que les spécialistes comme Renée Patton, Lola Prussac,
Michelle Lambert, Alice Vaillant manient de main de maître et comme le plus
malléable tissu.
Il a en outre le merveilleux avantage de supporter sans
défaillance les séjours dans les valises les plus compactes et d’en jaillir, à
l’arrivée au port ... ou à l’hôtel, parfaitement inchiffonné ! J’ai
vu récemment en tricot des jaquettes, des blousons, des cardigans, des paletots
amples, des manteaux et des redingotes, des jupes en forme, à fronces, à plis
de toutes sortes, des robes du soir et de cocktail en tricot-dentelle avec
effets de bandes, d’incrustations, de reliefs ... ; rien ne résiste
plus au tricot, ni la forme, ni la matière, ni la couleur ; quant au
sweater et au jumper, ils peuvent, à toute heure, remplacer la blouse et le
chemisier, c’est une question de nuance, de fil et de décor, car pour eux
toutes les fantaisies sont permises. Le grand couturier Marcel Rochas, le
créateur de la « guêpière », a lancé le sweater-guêpière à haute
bande de bord-côtes moulant la taille qui a ouvert à cette pratique et
charmante blouse une ère nouvelle ; c’est une formule dont toutes les
spécialistes du tricot ont tiré le meilleur parti.
De charmants petits chapeaux cloches prenant bien la tête, à
fond rond un peu pointu, sont-ils les précurseurs, chez Jacques Fath, des
premiers chapeaux d’automne ?
G.-P. de ROUVILLE.
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