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Résidence tropicale

Parmi les problèmes soulevés par la colonisation en Afrique centrale, celui du logement de l’Européen occupe une place importante, en raison de sa répercussion sur la santé des résidents.

Il n’est pas sans intérêt de juger ce que fut successivement le logis de l’Européen dans ces régions. Les pionniers plantent leur tente ; comme il s’agit d’un logement peu confortable, l’occupant cherche à l’améliorer en y adjoignant un auvent d’herbes séchées, ce qui lui procurera une aire protégée où il pourra prendre ses repas et se reposer.

Pour un séjour prolongé, il se fait édifier une « paillote » constituée d’une charpente en rondins et en bambous dont les parois, comme la toiture, sont constituées de matelas d’herbes séchées.

À ce logement, l’on préfère souvent une maison en pisé, laquelle constitue un progrès. Pour cela, on dresse une armature en rondins sur laquelle on fixe horizontalement un entrelacement de bambous. On y projette ensuite une boue argileuse qui est lissée à la main. Les murs séchés sont chaulés, et la toiture est constituée d’une forte épaisseur de paille posée sur une charpente très inclinée. Le sol est fait de terre battue. L’existence de cette hutte est fatalement courte, les termites ne lui conférant qu’une durée limitée à deux ou trois ans.

Avec le rail, surgit un autre genre d’habitation : la maison métallique. Elle présente sur la hutte en pisé d’incontestables avantages : elle offre plusieurs pièces habitables, elle est plus durable et mieux protégée. Elle est édifiée sur pilotis ou sur parpaings en maçonnerie. Les parois intérieures sont en bois. Cette maison est peu appréciée, car elle supporte mal les variations de température, considérables sous les tropiques. L’occupation européenne s’intensifiant dans la région du Katanga, la Compagnie foncière songea à bâtir des habitations durables et confortables. Rien ne s’opposait à l’emploi de la brique et du ciment. Les premières maisons furent édifiées à Élisabethville. Malgré de multiples défauts, ces demeures constituent un progrès sérieux sur les logements précédents. Par la suite, les types adoptés eurent plus d’allure, furent plus vastes et confortables.

À l’extérieur, la brique apparente fut recouverte de ciment et d’un mouchetis clair. Puis la Compagnie foncière essaya de maisons moins massives, plus gracieuses, présentant un caractère de villa, grâce à la disposition de la toiture et une certaine recherche dans l’ornementation de la façade. Nous présentons un type récent qui vise surtout à réaliser un logement peu coûteux, à loyer peu élevé et pouvant même être acheté facilement par les locataires. Dans ce genre, la toiture largement débordante contribue à la protection des fenêtres contre les rayons solaires. En outre, celles qui restent trop exposées sont dotées d’auvents. Il a été renoncé à l’ancienne toiture en tuiles qui présente l’inconvénient d’un entretien continuel et offre une mauvaise résistance aux tornades. On est arrivé à obtenir autant de fraîcheur avec la tôle en adoptant des matériaux spéciaux pour la confection des plafonds et en établissant, par de larges évents, un courant d’air sous la couverture.

Le plan est simple et, suivant l’orientation adoptée pour le bâtiment, peut se retourner et présenter l’entrée à droite ou à gauche de la façade. Chambre et salle de bain sont entièrement isolées par le refend, alors que la salle à manger reste en communication directe avec la cuisine disposée en annexe. Les domestiques indigènes sont éloignés de la partie de l’habitation occupée par des Européens et la barza permet l’exécution des gros travaux à l’extérieur de la maison.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°608 Août 1948 Page 187