Canons rayés.
— Le nettoyage des canons rayés s’effectue de la même
manière que celui des canons lisses (1).
Toutefois, en ce qui concerne les carabines de tir, il est
de bonne précaution de faire un nettoyage de l’intérieur du canon après chaque
série, de façon à avoir toujours un canon parfaitement propre avant de
commencer une autre série.
Employer de préférence une baguette en cuivre ou une
baguette en acier recouverte d’une matière plastique.
Faire un premier nettoyage avec un chiffon de 9 à 10 centimètres
de long et de 3 à 4 centimètres de large disposé symétriquement dans la fenêtre
de la baguette et enroulé autour de cette dernière de manière à remplir l’âme
du canon sans forcer.
Tremper ce chiffon dans l’huile neutralisante ou l’anti-corrosif,
qui, l’un et l’autre, dissolvent les résidus des poudres pyroxylées et ceux du
fulminate des amorces.
Passer ensuite un chiffon sec dans les mêmes conditions.
Enfin, s’il y a lieu, avec un autre chiffon propre enrobé de
pâte décapante, enlever les résidus métalliques qui auraient pu s’amasser dans
le fond des rayures.
Huiler enfin légèrement avec un autre chiffon propre et une
huile fluide pénétrant bien jusqu’au fond des rayures.
En procédant ainsi, le tireur peut être certain d’avoir
toujours une arme en état de lui donner le maximum de rendement.
Il nous reste à examiner les méthodes d’entretien du
mécanisme et des pièces extérieures.
Le mécanisme des armes a également besoin d’être entretenu
et lubrifié. Il est nécessaire cependant de n’utiliser à cet effet que des
huiles légères, très fluides et très pures.
Les huiles lourdes, épaisses ou même semi-liquides, ne
conviennent pas pour les mécanismes, car elles forment cambouis au bout de
quelque temps et paralysent le fonctionnement.
D’autre part, certaines de ces huiles, imparfaitement
épurées, contiennent des acides qui rongent les pièces et risquent de les
mettre hors d’usage.
Dans les armes modernes, du reste, les mécanismes sont
protégés des intempéries. Ils se conservent donc très longtemps en parfait
état, et, s’il convient de les lubrifier à de longs intervalles, il ne faut pas
le faire avec excès.
Les pièces extérieures seront nettoyées avec un chiffon sec
et graissées avec la graisse d’armes.
On enlèvera, à l’occasion, de légères traces de rouille sur
les parties bronzées au moyen d’une gomme spéciale.
Mais, s’il convient de nettoyer au mieux l’intérieur des
canons et l’extérieur du fusil, il est deux ou trois points en lesquels tout
excès de zèle est rapidement néfaste ; nous voulons parler de la tranche
de culasse, des crochets et des verrous. Si ces surfaces sont rouillées,
laissez séjourner du pétrole, essuyez ce qui voudra bien partir, et c’est tout.
Pas de toile émeri, pas de papier de verre, pas de brique pilée ...
Autrement, nous irions au divorce du canon et de la bascule. Si le dommage est
grave, recourez au spécialiste, qui pourra faire serrer les canons en cas de
besoin.
Et quand les fâcheuses piqûres se sont installées à demeure,
couvrant de leur sombre lèpre le poli de nos canons ? Si les piqûres et
gravures résistent à tous les nettoyages, sans pour cela atteindre une
profondeur appréciable, dites-vous que, si l’aspect intérieur du canon n’est
pas brillant, c’est le cas de le dire, son efficacité n’est pas diminuée dans
des conditions appréciables en ce qui concerne le groupement et la pénétration.
Sur le terrain, nous ne disons pas en cible, les résultats seront à peu près
les mêmes.
Si, au contraire, l’arme est profondément piquée et que les
dégâts les plus importants coïncident avec l’extrémité des chambres ou les
quelques centimètres suivants, n’hésitez pas à envoyer le fusil en fabrique,
pour examen et épreuve nouvelle, s’il y a lieu.
Quant à un repolissage, nous n’en voyons guère la
nécessité ; s’il suffit d’enlever une pellicule d’acier, c’est
inutile ; et s’il est question, pour supprimer les piqûres, d’augmenter
notablement le diamètre, cela peut être dangereux.
En somme, il suffit de tenir les canons propres et secs et
de ne jamais passer la toile émeri sur les parties ajustées. Un fusil ainsi
entretenu devrait durer de longues années.
Nous ajouterons, pour en terminer avec les questions de
sécurité, qu’il est indispensable de renvoyer de temps à autre l’arme en
fabrique, pour vérification générale, et particulièrement des batteries, détentes
et sûretés. Certains dispositifs peuvent aller dix ans sans examen ;
d’autres systèmes sont plus délicats à entretenir.
Une arme qui tombe dans l’eau — les chasseurs au marais
connaissent cet incident — doit être démontée sans délai, surtout s’il s’agit
d’une arme fine, à double détente.
Les chasseurs qui emploient les armes à bretelle agiront
sagement en vérifiant de temps à autre la solidité de cette dernière ;
ainsi que l’état des points d’attache.
M. MARCHAND,
Ingénieur E. C. P.
(1) Voir Chasseur Français, no 621.
|