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Lettres de ma plate-bande

Les vers fil de fer.
Rapport d’un potager.
Les meilleurs engrais.

Les vers fil de fer.

— Je vous envoie une larve qui coupe invariablement mes salades repiquées aussitôt que je les arrose. Est-il possible de détruire ce malfaisant insecte ?

La larve reçue est engendrée par un coléoptère de couleur brune et de forme ovale, qui se détend d’un coup sec lorsqu’on le saisit. C’est le taupin. Sa larve, de consistance cornée, presque cylindrique, est très vorace ; aussi cause-t-elle de gros dégâts dans les cultures potagères. On l’appelle le ver fil de fer.

On ne peut le détruire radicalement que par la sulfuration hivernale, en injectant dans le sol, au moyen d’un pal ou avec un pieu ferré, 80 à 100 grammes de sulfure de carbone par mètre carré, en 4 trous, profonds de 20 à 25 centimètres, que l’on bouche d’un coup de talon. Les vapeurs qui se dégagent asphyxient les insectes pendant l’hibernation. L’enfouissement du plâtre cuit, à la dose de 12 à 15 kilogrammes à l’are, lequel dégage des vapeurs toxiques d’hydrogène sulfuré, donne également de bons résultats dans certains sols.

À défaut, de traitement hivernal, on cultivera les salades en place, sans les repiquer. On se contentera de les éclaircir. Le traitement hivernal détruit non seulement les taupins, mais aussi les larves de tipule, les vers blancs et tous les autres ravageurs en terre.

Rapport d’un potager.

— Pensez-vous que je puisse vivre avec un hectare de bonne terre en jardin, en bas duquel coule un ruisselet pouvant servir aux arrosages ? Quelles sont les cultures de meilleur rapport que vous conseillez ?

Il est difficile de tracer des directives précises sans connaître les aptitudes professionnelles ni les connaissances de l’exécutant, ainsi que la nature du terrain, les débouchés pour les denrées, les capitaux que l’on veut investir, la main-d’œuvre dont on dispose, etc.

En principe, il est prudent, si on veut se prémunir contre les aléas pouvant surgir sur certaines spécialités légumières, de débuter en menant de front plusieurs sortes de cultures, en abandonnant par la suite celles qui paraissent les moins rémunératrices.

On peut, par exemple, diviser le terrain disponible en 8 parcelles d’égale surface, de chacune une douzaine d’ares, désignées par les premières lettres de l’alphabet.

    a. Plantes condimentaires (ails, échalotes, etc.) en première saison, suivies d’une culture de raves d’Auvergne.

    b. Choux précoces et haricots à récolter en aiguilles.

    c. Petits pois hâtifs et poireaux repiqués après la récolte.

    d. Laitues précoces et choux d’hiver (milans et quintals).

    e. Choux express ou plats de Paris, suivis de carottes de Hollande.

    f. Fraisière comprenant des variétés à maturité échelonnée.

    g. Artichautière, moitié en gros Laon et moitié en camus de Bretagne.

    h. Asperges d’Argenteuil, précoces et tardives.

Cet assolement peut être modifié à l’infini, suivant la situation.

Les meilleurs engrais.

— Quels sont-les meilleurs engrais convenant au jardinage, ayant le plus d’efficacité et étant les moins coûteux ?

Les engrais ayant pour objet de suppléer à la carence des terres en principes essentiels et à l’importance des prélèvements effectués par les diverses récoltes, on ne peut préciser que si l’on connaît la composition chimique de la couche arable et le genre de cultures pratiquées.

Les quatre éléments essentiels, l’azote, la potasse, l’acide phosphorique et la chaux sont nécessaires aux terres pauvres et aux cultures exigeantes en ces divers principes. Il leur faut des engrais azotés, potassiques, phosphatés ou calciques. Certains d’entre eux contiennent deux éléments, notamment le nitrate de chaux, le phosphate de chaux, le nitrate de potasse. Les cendres de bois non lessivées en contiennent trois : la potasse, l’acide phosphorique et la chaux. Aussi ne doit-on jamais les laisser perdre, en les plaçant sous un abri, afin qu’elles ne soient pas lavées par les pluies.

On trouve dans le commerce des engrais composés contenant les quatre principes essentiels. C’est à eux que, le plus souvent, on a recours dans les cultures potagères.

Mais, de tous les engrais, les plus profitables, ce sont les matières organiques en décomposition, tels que fumiers, gadoues, composts, poudrette, etc., parce qu’ils renferment, sous une forme progressivement assimilable, les éléments nécessaires à la nutrition végétale. Elles apportent en outre l’humus, qui joue un rôle physico-chimique et biologique indispensable au maintien des terres en bon état de fertilité. Une terre pauvre en humus est un caput mortuum pour les plantes, il ne faut pas l’oublier. C’est pourquoi les fumures organiques sont nécessaires dans les potagers soumis aux cultures intensives.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°622 Octobre 1948 Page 217