Mise en Incubation.
— Les poules étant bien en place (1) et en bonne
condition pour couver, on retire les œufs qu’on leur avait provisoirement
confiés et on les remplace par les œufs de perdrix, qui doivent être très
propres. Au besoin, les laver légèrement avec de l’eau tiède.
La quantité d’œufs à donner à chaque poule doit être réglée
par ce principe qu’il faut que la poule recouvre largement de ses ailes les
œufs qu’on lui donne à couver.
Soins journaliers aux poules.
— Il faut lever les poules tous les jours à la même
heure. On peut les mettre sous une mue ou les retenir par une patte à l’aide
d’un lacet relié à un petit piquet enfoncé dans le sol. Le premier moyen est
meilleur, car les poules peuvent ainsi mieux se dégourdir les pattes.
On leur prépare sous la mue la nourriture et la boisson.
La nourriture, placée dans une assiette, se composera de
grains divers et de verdure hachée. La boisson sera de l’eau très pure,
fraîchement puisée. Il est bon que les grains aient été trempés la veille dans
de l’eau bouillante retirée du feu où on les laisse une demi-heure, puis mis à
égoutter toute la nuit.
La durée de la levée des poules sera d’une vingtaine de
minutes, mais il est utile de mettre sur chaque nid, surtout au début de
l’incubation, un petit coussin fait par exemple de balle de blé, d’avoine ou de
foin, afin que les œufs ne se refroidissent pas trop. Quand les poules sont
encore sur les œufs d’attente, on peut les lever une fois le matin et une fois
le soir.
Mirage des œufs.
— Le huitième jour de la couvaison, on mire les œufs,
c’est-à-dire qu’on les regarde à travers un tube en carton placé devant une
lampe afin de voir si le germe s’est normalement développé. Dans ce cas, il
présente vers le milieu une partie opaque avec des filaments, ce qui rappelle
la forme d’une araignée. Un œuf clair ou à faux germe ne présente pas cette
caractéristique. Les œufs non fécondés peuvent à ce moment être retirés, ce qui
soulage la poule couveuse.
Durée de couvaison.
— Les œufs de perdrix éclosent du vingt-cinquième au
vingt-sixième jour d’incubation.
Bêchage.
— Vers le vingt-quatrième jour, on s’aperçoit en levant
les poules que le bêchage commence.
On appelle ainsi les coups de bec que le jeune donne dans sa
coquille pour en sortir ; il arrive fréquemment que le jeune peine
beaucoup pour cette opération ; on l’aidera en humidifiant le nid au moyen
d’une petite seringue à jet fin avec laquelle on arrose les œufs, retirant la
poule pour quelques instants. (Ne pas employer d’eau trop froide.)
On peut aussi, pendant la mise de la poule sous la mue,
retirer les œufs, puis le foin du nid, et arroser assez abondamment le sol. On
replace le foin, que l’on humidifie à la seringue, puis on remet en place les
œufs et la poule.
Séchage.
— Il faut, après l’éclosion, laisser les jeunes se
sécher sous la poule de vingt-quatre à trente-huit heures. Si les jeunes
naissent avant 17 heures, on leur donne leur premier repas le lendemain à
17 heures.
S’ils naissent plus tard ou dans la nuit, on ne leur donne
leur premier repas que le surlendemain à 7 heures, ce qui fait jusqu’à
trente-huit heures de séchage. Ceux qui naissent dans la journée reçoivent leur
première alimentation exactement au bout de vingt-quatre heures.
Œufs éclatés.
— Il arrive parfois que des œufs éclatent, mais on
évite ordinairement cet accident lors du mirage, en retirant ceux qui ne sont
pas en bonne voie de développement.
Toutefois, si cela arrivait, il serait indispensable de
procéder comme suit : 1° Préparer du foin neuf ; 2° Avoir une cuvette
remplie d’eau tiède ; 3° Préparer un chiffon propre ou une petite éponge.
Ensuite, opérez assez rapidement de la façon suivante :
1° Mettre la poule sous une mue ; 2° Retirer les œufs
du nid et les placer sur le sol, ou mieux dans une boîte ; 3° Retirer le
foin sali ; 4° Mettre dans le nid le foin propre ; 5° Laver chaque
œuf à l’eau tiède avec le chiffon (inutile de le sécher) et le replacer dans le
nid au fur et à mesure du lavage ; 6° Remettre la poule sur les œufs.
Mise en boites d’élevage.
— Une fois les jeunes séchés dans le nid, on les met en
boîtes d’élevage.
Celles-ci mesurent généralement 60 centimètres sur 45 centimètres
avec 40 centimètres de hauteur. Elles doivent avoir une toiture bien
étanche et sont munies d’une double porte sur le devant. L’une est à barreaux
et permet aux jeunes d’entrer et de sortir à volonté dans la journée, tandis
que la poule est retenue captive. La seconde est un panneau plein que l’on met
la nuit pour tenir au chaud la couvée et empêcher la visite des petits animaux
nuisibles, comme rats ou belettes, etc.
Ces boîtes seront placées dans l’enclos, ou mieux sous le
hangar ; dans les dix premiers jours, on limitera le parcours des élèves
au moyen de panneaux pleins faisant suite à la boîte, le tout recouvert d’un panneau
grillagé à mailles de 19 millimètres. Après quoi, on peut laisser circuler
les jeunes sans limiter leur parcours, car la poule les rappelle sans cesse.
Soins et nourriture.
— Les heures de distribution de la nourriture sont,
jusqu’à dix jours, à 7, 9, 11, 15 et 17 heures.
On nourrira les jeunes dès l’ouverture des boîtes à 7 heures
et, en même temps, on alimentera et on abreuvera les poules. Les bacs à eau et
à nourriture des poules doivent être placés assez haut pour que les jeunes ne
puissent y accéder.
Le garde fera chaque jour le nettoyage des boîtes au moyen
d’une brosse. Il vérifiera que les claies abritant du soleil et du vent sont
bien mises en place. Le soir, une fois les jeunes rentrés, il passera fermer
les boîtes en y mettant les portes pleines.
Alimentation des jeunes.
— Le deuxième et le troisième jour, jaune d’œuf dur
écrasé mélangé à de la verdure finement hachée donné sur un petit plateau à 7,
9, 11, 15 et 17 heures (cinq distributions). Une demi-heure après chaque
repas, retirer ce qui n’est pas mangé, l’emporter et le vider dans un trou
spécial.
Dès le quatrième jour, outre les repas habituels, on
distribuera des œufs de fourmis à 8, 10 et 16 heures.
La pâtée sera faite d’un mélange de jaune d’œuf dur et da
mie de pain rassis, émiettée (ou de biscuit granulé), le tout passé au tamis.
Comme quantité, on donnera 25 grammes pour dix
perdreaux à partir du quatrième jour, et l’on augmentera de 6 grammes par
jour pour arriver à 50 grammes à huit jours.
On ajoute toujours de la verdure finement hachée dans la
proportion du quart à la moitié, en volume, suivant l’état de la température.
À partir du huitième jour, on ajoute le quart du blanc d’œuf
au jaune et, à quatorze jours, on donne le blanc entier, le tout finement
écrasé.
On peut, dès lors, ajouter chaque jour un peu de viande
bouillie et finement hachée.
L’augmentation du poids de la pâtée se fait progressivement
et à cinq semaines on y incorpore du blé trempé dans de l’eau bouillante
pendant une heure et mis à égoutter pendant quelques heures.
On augmente la quantité de pâtée progressivement pour
arriver à huit semaines au poids maximum de 25 grammes par perdreau et par
jour. La verdure se donne en plus.
À partir du dixième jour, on ne nourrit plus les perdreaux
que quatre fois par jour, à 7, 10, 14 et 17 heures.
Par temps humide ou grand abaissement de température, on
pourra remplacer une partie du blé par du riz et donner l’eau de riz comme
boisson.
Boisson.
— Pas d’eau le matin. On n’en distribue qu’avec le
premier repas de l’après-midi. Cette eau, qu’il faut renouveler chaque jour,
doit être excessivement pure.
René DANNIN.
(1) Voir Le Chasseur Français, no 619.
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