Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°623 Décembre 1948  > Page 254 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Chiens à lapins

S’il est agréable de suivre un chien d’arrêt dans les sous-bois quand ceux-ci sont composés de grandes herbes ou de bruyères, il n’en est pas de même quand ils sont tapissés de ronces et d’églantiers rampants ; le chien lui-même hésite et quelquefois refuse d’y pénétrer, et cependant c’est là que sont blottis les lapins et, quelquefois, les faisans qui se sont dérobés devant le chien.

Il en est de même dans les grosses haies, comme celles de Sologne, larges de plusieurs mètres, dont le milieu est un fossé rempli des épines et des ronces de la coupe précédente.

Dans un cas comme dans l’autre, le chien d’arrêt est souvent de peu d’utilité : il prend l’arrêt sur la bordure, mais son maître est dans l’impossibilité de faire partir le gibier, et le pourrait-il, que le malin lapin suit le milieu de la haie et reste intirable.

Dans les pays où se rencontrent ces difficultés, beaucoup de chasseurs, au lieu de chiens d’arrêt, emploient des fox ou des croisements.

Le meilleur de ceux-ci est le croisement fox et cocker.

Ces petits chiens, infatigables et chasseurs acharnés, lèvent et poursuivent à voix le lapin qui souvent sort de la haie et la longe, permettant ainsi de le tirer. Il en est de même dans les champs d’ajoncs marins.

Souvent, si le lapin s’obstine à ne pas prendre un parti, il se fait prendre, de même s’il est gîté au milieu des épines et est gêné pour en sortir ; le faisan subira quelquefois le même sort.

Le dressage à donner à ces petits chiens consiste au rappel et au rapport. Sans ce dernier dressage, le gibier pris sera laissé sur place et perdu ; en tout cas, si la prise a été connue, il n’est guère agréable de se fourrer au milieu des épines pour l’aller chercher.

Certains de ces petits chiens vont bien à l’eau, et alors aucun ne les égale pour mettre à l’essor, au milieu des roseaux, canards et poules d’eau, et pour les retrouver s’ils sont désailés.

Ils deviennent de parfaits retrievers.

S’ils rencontrent de gros animaux : chevreuils ou sangliers, ils les forcent à vider l’enceinte en peu de temps ou tiennent le ferme.

J’ai possédé une de ces petites bêtes, issue d’une chienne fox-terrier. C’était une merveille du genre : comme retriever, elle ne me laissa jamais perdre ni faisan, ni perdreau, ni canard désailés ; en forêt, elle attaquait toujours avant les chiens courants, et un chevreuil ou un lièvre blessé était toujours pris par elle. Tenant le ferme sur le sanglier, si celui-ci ne voulait pas partir, elle lui grimpait sur le dos ; elle ne fut blessée qu’une fois et peu grièvement.

Si un renard était lancé et terré, elle se tenait à la gueule du terrier et hurlait au perdu jusqu’à mon arrivée ; quand il était possible de se procurer les outils nécessaires au déterrage, au premier coup de pioche elle entrait au terrier et acculait le renard.

J’ai même déterré plusieurs blaireaux avec elle.

Quand un de nos voisins de chasse entendait sa petite voix, il ne manquait pas de s’écrier : « Attention, c’est Margot. »

Elle leur fit tirer nombre d’animaux sortis de notre lot.

J’ai connu des fox à peu près racés qui rendaient de bons services sur le lapin, mais étaient surtout utiles pour le sanglier.

Toutes les races de terriers, y compris l’airedale, quoique plus grand, peuvent être utilisées pour la chasse au fourré.

A. ROHARD.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 254