En de précédentes causeries (1), nous avons engagé les
lecteurs désireux d’« exister » à cultiver leur corps, et cela en
raison d’une nécessité matérielle et d’une philosophie profonde.
La liste des exercices que nous leur proposons en conclusion
pratique n’est point limitative ; elle est essentiellement suggestive et
elle tend à donner à chacun le désir de la recherche de mouvements qui lui
seront particulièrement utiles. La gymnastique y gagnera encore en ce sens que,
peu à peu, l’habitude de penser au corps s’affirmera.
Dès le réveil, nous nous libérons des fausses positions et
de l’inconscience nocturnes ; nous ouvrons notre journée par un mouvement
de notre choix. Ce début nous paraîtra aussitôt insuffisant et nous en ferons à
notre rythme une petite série, mise en train prudente, partant de points
d’appui extérieurs. Ce ne sera point une fatigue avant le travail, mais un
assouplissement, un éveil. Nous choisirons ensuite :
A. Dos au sol ou au lit.
1. Amener sur l’abdomen un genou plié ; avec ou sans
l’aide des mains.
2. Jeu de bébé : les plantes des pieds se touchant,
flexions et extensions dans tous les plans possibles, pour une bonne ouverture
du bassin ; forcer les flexions à l’aide des mains. Dans un arrêt fléchi,
balancer les genoux vers le sol.
3. Massage d’une jambe tendue verticalement, par tapotements
descendants de la face latérale des index.
4. Glisser le pied sous la cuisse, genou fléchi
verticalement ; s’arc-bouter sur ce pied et sur les épaules ;
flexions et extensions de l’autre jambe.
B. Avec une chaise.
5. En face : poser le pied gauche sur la
chaise ; jambe droite bien tendue en arrière sur le pied ou la
pointe ; bras droit levé ; redresser les reins et le corps ;
main gauche en appui ou tendue vers l’arrière, mouvement caoutchouc.
6. Assis : extension du dos ; renverser la
tête ; élévation du bras gauche ; extension inférieure et arrière du
bras droit.
7. Assis : passer les biceps derrière les cornes
du dossier, saisir les montants ; extension arrière, tête renversée ;
rapprochement le plus prononcé des épaules.
C. Avec deux chaises, distantes d’une largeur de
poitrine.
8. Faire des appuis, extension de la colonne
vertébrale ; extension et flexion de jambes avec mouvements caoutchouc.
D. Dos vers le mur.
9. À 30 centimètres du mur, station écartée ; flexion
avant du tronc, genoux légèrement fléchis ; puis extension, les doigts
allant toucher le mur.
10. Pieds joints ; un seul bras levé ; l’autre en
extension arrière vers le bas ; élévation de la jambe tendue ou fléchie,
puis élévation sur la pointe du pied opposé.
E. Dans la porte.
11. C’est l’endroit idéal pour tous les premiers exercices
en station écartée et pour grand balancement de jambe tendue.
12. Station écartée, avec élévation sur la pointe des
pieds ; tenter de pincer le chanfrein de la porte par rapprochement des
deux épaules, bras tombants ; tourner les paumes vers l’avant.
Après avoir usé des points d’appui, ayant réveillé le sens
de notre équilibre, nous pourrons, au milieu de la pièce, faire les excellents
mouvements de gymnastique suédoise, des flexions, des extensions, des
circumductions de bras, jambes, tronc, d’abord lentement et toujours à fond.
Alors nous sentirons que nos membres sont articulés et non
rivés sur notre tronc et que, si « la fonction crée l’organe »,
celui-ci, en retour, réclame la fonction ; nous éprouverons des
impatiences d’agir et une heureuse disposition à attaquer les difficultés
vigoureusement et sans délai, au lieu de fuir par la tangente ou de
« lantiponner » ; bref, nous serons en forme pour la tâche du
jour.
Nous compléterons notre activité par des exercices naturels
complexes tels que la natation, le cyclisme et la marche. L’appel de la route
doit retentir à nos oreilles et tenter nos jambes. Nous laisserons au bas de la
côte la goutte et ses tophus pour chanter en montant la bonne goutte du
fantassin et pour s’abreuver au sommet de la poésie de la nature, de vie pure,
pénétrante et expansive.
Avec l’exaltation de nos facultés, se réveillera l’optimisme
de nos jeunes ans. C’est en reprenant avec le monde naturel un plus intime
contact, en nous y attachant consciemment au maximum et à l’optimum, en usant
des forces naturelles favorables à notre déploiement que s’épanouira notre
pensée, véritable fleur de la plante humaine, fleur radiante et d’autant plus
enchanteresse qu’elle sera nourrie d’une sève plus abondante et plus active.
L’étonnante synthèse d’une solidarité cosmique et de la libération spirituelle
achèvera la constitution de l’Homme qui est en nous.
A. BÉRAT.
(1) Voir Le Chasseur Français, nos 621 et 622.
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