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Le céleri-rave

Issu du céleri à côtes, le céleri-rave en diffère par sa racine charnue, qui atteint souvent un volume relativement considérable, et par les pétioles de ses feuilles, creux et peu développés.

Plante extrêmement vorace, le céleri-rave exige un sol riche, profond, suffisamment humide. Le terreau constitue pour lui un milieu idéal. Il est d’ailleurs peu recommandable de tenter sa culture si on ne dispose pas de fumier et d’eau en abondance.

Une bonne préparation du terrain consiste à enfouir à l’are, deux ou trois mois avant la plantation, les engrais suivants :

Fumier bien décomposé 400 kg.
Superphosphate de chaux ou scories de déphosphoration 3 kg.
Sulfate de potasse ou chlorure de potassium 1kg,500

Des arrosages aux engrais liquides (vidanges, purin dilués dans quatre ou cinq fois leur volume, ou solution de nitrate de soude à raison de 2 grammes par litre d’eau) pratiqués tous les quinze jours pendant la durée d’évolution des plantes sont d’une grande efficacité sur leur développement.

En culture ordinaire, on sème le céleri-rave de mars à avril sur couche tiède, ou en mai en pleine terre. Les graines sont très peu enterrées et le sol légèrement plombé. Quelques légers arrosages hâtent la germination. Dans les semis sous verre, une précaution essentielle consiste à ombrer le vitrage quand le soleil est ardent ; on évite ainsi la brûlure des plantes.

Lorsque ces dernières ont trois à quatre feuilles, on les repique en pépinière à 4 ou 5 centimètres d’écartement, soit sur une vieille couche, soit en pleine terre, mais toujours sous châssis. Cette transplantation permet d’obtenir des sujets vigoureux de reprise facile.

Dans les semis opérés en pleine terre, le repiquage intermédiaire ne se fait ordinairement pas ; on se contente d’un simple éclaircissage. La plantation à demeure a lieu fin mai courant de juin. Les pieds sont espacés de 40 à 45 centimètres en tous sens. Dès que la plantation est terminée, les arrosages commencent et se continuent de manière à maintenir le terrain toujours frais pendant toute la période de végétation. Autant que possible, on devra éviter de mouiller le feuillage, par crainte de favoriser l’évolution de la rouille. En dehors des arrosages, des binages et des sarclages devront être donnés de façon à maintenir le sol toujours propre et meuble en surface. La suppression partielle des feuilles très souvent pratiquée est une opération nuisible au développement des parties souterraines ; on ne saurait trop la déconseiller.

Suivant les variétés utilisées, le rendement et la qualité des produits sont sujets à variations. Si l’on veut surtout de la qualité et se contenter d’un rendement moyen, c’est au céleri-rave amélioré de Paris qu’il faut avoir recours. Par contre, si l’on désire avoir des racines volumineuses, mais de qualité un peu inférieure, le céleri géant de Prague est, en ce cas, plus spécialement indiqué. Le rendement est, de ce fait, très variable et si, d’autre part, nous tenons compte de la richesse du sol, des soins donnés à la culture, la production peut varier de 250 à 500 kilogrammes à l’are.

En général, la récolte commence en septembre-début octobre. Dans les régions à hivers tempérés, on peut conserver le céleri-rave en place jusqu’au printemps, en le recouvrant de feuilles sèches, de paille, etc. Lorsque le climat est rigoureux, il est préférable d’arracher les pieds avant les grands froids et, après les avoir décolletés et nettoyés, de les rentrer en cave, où ils seront disposés en tas, stratifiés dans du sable.

Comme toute plante, le céleri-rave a à redouter les attaques d’un certain nombre d’ennemis. C’est ainsi qu’en dehors des escargots et des limaces, que l’on fait disparaître facilement par l’application de produits à base de méta, la larve de la mouche du céleri peut occasionner de sérieux dégâts ; les galeries qu’elle creuse sous l’épiderme des feuilles entraîneront le dessèchement de ces organes. Les poudrages effectués avec des insecticides contenant du D. D. T. sont en la circonstance d’une grande efficacité.

Une seule maladie est tout particulièrement à craindre : c’est la rouille du céleri. Elle est due à un champignon dont les attaques se manifestent par des taches multiples d’un jaune-rouille sur les feuilles. Le mal se propage avec une extrême rapidité, surtout par temps humide, et entraîne la destruction de toutes les parties atteintes. On combat la rouille du céleri par des applications de bouillies cupriques à 2 p. 100 de sulfate de cuivre. Le premier traitement doit être effectué aussitôt après la reprise des plantes. Les suivants sont pratiqués plus ou moins fréquemment suivant la fréquence des pluies ou l’abondance des rosées, et cela jusqu’au moment de l’arrachage. Appliqués de façon judicieuse, les traitements aux bouillies cupriques produisent toujours de très bons effets.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 265