C’est du 25 novembre au 10 décembre que sont
effectuées, avec le maximum de chances de réussite, les plantations d’arbres
fruitiers en terrain sain si la préparation du sol a pu être effectuée en
octobre.
On continue le défoncement et la fumure des parcelles où
l’on a l’intention de planter dans la deuxième partie de l’hiver.
On commence, le plus tôt possible, l’élagage des arbres de
plein vent, puis on fait un traitement en vue de les nettoyer, et plus
particulièrement de détruire les mousses et les lichens qui, tendant à
recouvrir les écorces, en paralysent plus ou moins la respiration. Suivant le
cas, ce traitement s’effectue au sulfate de fer, au formol, au permanganate de
potasse additionné de chaux, ou bien à l’aide d’une bouillie bordelaise
anthracénique, ou bien encore avec une huile dérivée du pétrole (huile blanche
type Volck anti-lichen). Il est préférable d’opérer par temps doux, sans pluie
et sans vent.
On achève les labours d’automne, en enterrant les fumiers
demi-décomposés et les engrais complémentaires phosphatés et potassiques,
réservant pour le printemps les engrais azotés à effet rapide.
On pratique, s’il y a lieu, le décorticage et le traitement
hivernal des ceps de vigne.
On fait de fréquentes visites au fruitier dans le but de
découvrir et d’enlever aussitôt les fruits qui commencent à s’altérer, ainsi
que ceux qui arrivent à maturité.
On commence la taille des poiriers et pommiers en formes
naines, en débutant par ceux dont la formation est terminée et dont la vigueur
est faible ou seulement moyenne, et en laissant, pour la fin de l’hiver, les
jeunes arbres en formation ainsi que les arbres adultes de grande végétation
foliacée.
On poursuit l’installation des treillages d’espaliers et de
contre-espaliers. On peint les lattes destinées à ces treillages. On fabrique
des auvents en paille, etc.
Restauration des vieux arbres.
— Lorsque des arbres, déjà âgés, ont été pendant
quelques années négligés, il devient difficile de les remettre en bon état en
usant des méthodes classiques de taille.
Plusieurs possibilités s’offrent à l’arboriculteur, qui,
suivant l’état de ses arbres, adoptera l’une ou l’autre solution.
— La première de ces solutions comporte la suppression
pure et simple des sujets défectueux, et leur remplacement immédiat par de
jeunes arbres que l’on peut espérer voir se développer rapidement et fournir
assez vite des récoltes satisfaisantes. À première vue raisonnable, cette façon
de faire réserve fréquemment des déboires. Les arbres supprimés, en effet, ont
de fortes racines qu’il n’est pas toujours facile d’extirper entièrement lors
de l’arrachage. En dépit des soins apportés à l’opération, il est bien rare
qu’il ne reste pas, dans la terre, des racines ou des portions de racines sur
lesquelles s’installera bientôt le redoutable champignon qui provoque le pourridié,
lequel étendra ses filaments jusqu’aux racines du jeune arbre planté en
remplacement. Le dépérissement de celui-ci et, au bout de quelques années, sa
mort en seront les conséquences.
Cet inconvénient pourra sans doute être écarté en usant de
quelques précautions. Par exemple, si l’on tient à remplacer un arbre à fruits
à pépins par un autre de même essence, il faudra changer la terre très
largement et très profondément, opération, qui ne laisse pas, dans les conditions
actuelles, d’être très onéreuse. Si l’on n’est pas tenu à cette stricte
obligation, le remplacement d’un arbre à fruits à pépins par un arbre à fruits
à noyau permettra d’éviter ce changement de terre, mais ne sera pas toujours
possible, soit en raison de l’emplacement, soit parce qu’il nuirait à
l’homogénéité de la plantation et compliquerait les soins ultérieurs, et
notamment les traitements.
— La seconde solution est la restauration des arbres
existants. Elle se fait selon des principes différents, suivant qu’il
s’agit de telle ou telle essence fruitière. Limitons, pour aujourd’hui, le
sujet aux essences à fruits à pépins : poirier et pommier.
Deux cas peuvent se présenter :
1° La charpente de l’arbre ne présente pas de déséquilibre
fondamental, le sujet pêchant seulement par une taille mal comprise des
ramifications, laquelle a eu pour conséquence de charger celles-ci d’un nombre
considérable de lambourdes et de dards qui s’affament les uns et les autres et
dont aucun n’est plus assez vigoureux pour fructifier.
Par une taille sévère, on réduira le nombre de ces organes à
deux ou trois par ramification. Si cette ramification est très allongée, on la
taillera court, de façon à provoquer le développement, vers sa base, d’une
pousse foliacée à l’aide de laquelle on reconstituera la ramification.
2° Les branches de la charpente sont mal constituées et
partiellement dégarnies de ramifications. On observe par endroits des
vides ; dans d’autres, des rameaux gourmands qui prennent toute la sève et
n’en fructifient pas mieux pour cela, bien au contraire.
Il faut ici opérer plus radicalement. On coupera donc la
branche de charpente au-dessous de la partie dégarnie, puis on retranchera,
tout près de leur point de départ sur cette branche, les deux ou trois
coursonnes situées près de la nouvelle extrémité. Parmi les pousses qui
naîtront, on en choisira une, bien placée, qui servira à constituer le
prolongement de la branche de charpente et qui sera taillée et palissée dans
les conditions ordinaires.
Le plus souvent, cette opération, désignée sous le nom de rapprochement,
s’effectue en même temps sur toutes les branches de charpente de l’arbre. On
s’inspire alors des principes qui ont présidé à l’établissement de la forme, de
façon à garder, entre les différentes parties de l’arbre, l’équilibre
indispensable à une bonne végétation de toutes ces parties.
E. DELPLACE.
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