Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°623 Décembre 1948  > Page 265 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Au verger

Travaux hivernaux

C’est du 25 novembre au 10 décembre que sont effectuées, avec le maximum de chances de réussite, les plantations d’arbres fruitiers en terrain sain si la préparation du sol a pu être effectuée en octobre.

On continue le défoncement et la fumure des parcelles où l’on a l’intention de planter dans la deuxième partie de l’hiver.

On commence, le plus tôt possible, l’élagage des arbres de plein vent, puis on fait un traitement en vue de les nettoyer, et plus particulièrement de détruire les mousses et les lichens qui, tendant à recouvrir les écorces, en paralysent plus ou moins la respiration. Suivant le cas, ce traitement s’effectue au sulfate de fer, au formol, au permanganate de potasse additionné de chaux, ou bien à l’aide d’une bouillie bordelaise anthracénique, ou bien encore avec une huile dérivée du pétrole (huile blanche type Volck anti-lichen). Il est préférable d’opérer par temps doux, sans pluie et sans vent.

On achève les labours d’automne, en enterrant les fumiers demi-décomposés et les engrais complémentaires phosphatés et potassiques, réservant pour le printemps les engrais azotés à effet rapide.

On pratique, s’il y a lieu, le décorticage et le traitement hivernal des ceps de vigne.

On fait de fréquentes visites au fruitier dans le but de découvrir et d’enlever aussitôt les fruits qui commencent à s’altérer, ainsi que ceux qui arrivent à maturité.

On commence la taille des poiriers et pommiers en formes naines, en débutant par ceux dont la formation est terminée et dont la vigueur est faible ou seulement moyenne, et en laissant, pour la fin de l’hiver, les jeunes arbres en formation ainsi que les arbres adultes de grande végétation foliacée.

On poursuit l’installation des treillages d’espaliers et de contre-espaliers. On peint les lattes destinées à ces treillages. On fabrique des auvents en paille, etc.

Restauration des vieux arbres.

— Lorsque des arbres, déjà âgés, ont été pendant quelques années négligés, il devient difficile de les remettre en bon état en usant des méthodes classiques de taille.

Plusieurs possibilités s’offrent à l’arboriculteur, qui, suivant l’état de ses arbres, adoptera l’une ou l’autre solution.

— La première de ces solutions comporte la suppression pure et simple des sujets défectueux, et leur remplacement immédiat par de jeunes arbres que l’on peut espérer voir se développer rapidement et fournir assez vite des récoltes satisfaisantes. À première vue raisonnable, cette façon de faire réserve fréquemment des déboires. Les arbres supprimés, en effet, ont de fortes racines qu’il n’est pas toujours facile d’extirper entièrement lors de l’arrachage. En dépit des soins apportés à l’opération, il est bien rare qu’il ne reste pas, dans la terre, des racines ou des portions de racines sur lesquelles s’installera bientôt le redoutable champignon qui provoque le pourridié, lequel étendra ses filaments jusqu’aux racines du jeune arbre planté en remplacement. Le dépérissement de celui-ci et, au bout de quelques années, sa mort en seront les conséquences.

Cet inconvénient pourra sans doute être écarté en usant de quelques précautions. Par exemple, si l’on tient à remplacer un arbre à fruits à pépins par un autre de même essence, il faudra changer la terre très largement et très profondément, opération, qui ne laisse pas, dans les conditions actuelles, d’être très onéreuse. Si l’on n’est pas tenu à cette stricte obligation, le remplacement d’un arbre à fruits à pépins par un arbre à fruits à noyau permettra d’éviter ce changement de terre, mais ne sera pas toujours possible, soit en raison de l’emplacement, soit parce qu’il nuirait à l’homogénéité de la plantation et compliquerait les soins ultérieurs, et notamment les traitements.

— La seconde solution est la restauration des arbres existants. Elle se fait selon des principes différents, suivant qu’il s’agit de telle ou telle essence fruitière. Limitons, pour aujourd’hui, le sujet aux essences à fruits à pépins : poirier et pommier.

Deux cas peuvent se présenter :

1° La charpente de l’arbre ne présente pas de déséquilibre fondamental, le sujet pêchant seulement par une taille mal comprise des ramifications, laquelle a eu pour conséquence de charger celles-ci d’un nombre considérable de lambourdes et de dards qui s’affament les uns et les autres et dont aucun n’est plus assez vigoureux pour fructifier.

Par une taille sévère, on réduira le nombre de ces organes à deux ou trois par ramification. Si cette ramification est très allongée, on la taillera court, de façon à provoquer le développement, vers sa base, d’une pousse foliacée à l’aide de laquelle on reconstituera la ramification.

2° Les branches de la charpente sont mal constituées et partiellement dégarnies de ramifications. On observe par endroits des vides ; dans d’autres, des rameaux gourmands qui prennent toute la sève et n’en fructifient pas mieux pour cela, bien au contraire.

Il faut ici opérer plus radicalement. On coupera donc la branche de charpente au-dessous de la partie dégarnie, puis on retranchera, tout près de leur point de départ sur cette branche, les deux ou trois coursonnes situées près de la nouvelle extrémité. Parmi les pousses qui naîtront, on en choisira une, bien placée, qui servira à constituer le prolongement de la branche de charpente et qui sera taillée et palissée dans les conditions ordinaires.

Le plus souvent, cette opération, désignée sous le nom de rapprochement, s’effectue en même temps sur toutes les branches de charpente de l’arbre. On s’inspire alors des principes qui ont présidé à l’établissement de la forme, de façon à garder, entre les différentes parties de l’arbre, l’équilibre indispensable à une bonne végétation de toutes ces parties.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 265