Nous avons parlé là dernière fois (1) de la division
des nuages en familles et en genres. Nous avons également étudié les nuages
supérieurs.
Quittons les hautes altitudes — 6.000 mètres et
au-dessus — et descendons chez les nuages moyens, qui se trouvent entre
2.000 et 6.000 mètres (environ ...).
Il n’y a que deux types de nuages moyens :
1° L’alto-cumulus ; 2° L’alto-stratus.
Ces deux nuages sont composés de gouttes d’eau.
Comme le cirro-cumulus des hautes couches, l’alto-cumulus
est composé de paquets alignés ou groupés régulièrement.
Mais, alors que, pour les cirro-cumulus, on pouvait
parler de flocons, de petits paquets, presque toujours très blancs, l’alto-cumulus
est composé de paquets plus importants ou de gros galets avec parties ombrées.
Parfois les éléments en sont très serrés et on obtient le ciel pommelé.
L’alto-stratus rappelle le cirro-stratus.
C’est également un voile, mais bleuâtre ou grisâtre. Son apparence est
fibreuse. Il donne nettement l’impression d’être beaucoup plus épais que le cirro-stratus.
Il ne laisse plus voir le soleil et la lune que comme des
masses lumineuses confuses, ainsi qu’à travers un verre dépoli. Étant composé
uniquement de gouttes d’eau, il ne donne pas naissance au phénomène du halo.
Ce nuage, qui fait toujours partie du corps d’un système
nuageux dépressionnaire, est un signe de mauvais temps ... Il en est le
signe, mais pas la cause, car il peut tout au plus donner un peu de pluie,
voire quelques flocons de neige ! Les coupables sont ceux qui l’accompagnent :
nimbostratus, cumulus et surtout cumulo-nimbus. Nous en
parlerons tout à l’heure.
Quant à l’alto-cumulus dont nous parlions plus haut,
c’est un nuage de marge ; il laisse donc espérer à l’observateur que le
mauvais temps passera, ou même passe, assez loin de lui.
Entre 2.000 mètres et le sol se trouvent les nuages
inférieurs ; comme les nuages moyens, ces nuages sont composés de gouttes
d’eau.
Ainsi que le lecteur s’y attend, le strato-cumulus
est composé de paquets groupés ou alignés ... mais ici ce sont de gros bourrelets,
de gros paquets sombres.
Lorsqu’ils sont serrés, ils ressemblent à des rouleaux et
donnent l’impression que le ciel est « ondulé ».
Leur aspect est toujours menaçant, mais, comme ce sont
généralement des nuages de traîne, le mauvais temps est passé quand ils
apparaissent. Ils donnent parfois de la pluie, mais rarement et peu.
Le stratus a l’apparence d’un brouillard. Cependant,
il ne touche pas le sol. Il ne fait pas partie d’un système nuageux, c’est un
nuage local qui « meuble » les intervalles entre, deux systèmes. Il
n’est pas épais. Souvent, par de nombreux trous, il laisse voir le bleu du
ciel.
Ce n’est pas un nuage de pluie, il donne de la
« bruine » ; souvent le stratus se fragmente en petits
morceaux qui courent dans le ciel bas : ce sont les fracto-stratus.
Au seul aspect du nimbo-stratus, on comprend qu’il
faut prendre son parapluie ou chausser ses « snow-boots ».
C’est une couche basse, sombre, d’un gris presque
noir ; certaines de ses parties paraissent jaunâtres, comme si une lumière
les éclairait de l’intérieur.
Le nimbo-stratus est un nuage de « corps »,
il donne fréquemment des précipitations ; c’est alors de la neige en
abondance ou une pluie de longue durée.
Quant aux nuages verticaux par lesquels nous terminerons
cette rapide étude, ce sont les cumulus et les cumulo-nimbus.
La base de ces nuages, nous l’avons vu précédemment, se
situe à quelques centaines de mètres du sol ; leur sommet est souvent
voisin des nuages supérieurs. Ils peuvent donc avoir un développement vertical
de 5 kilomètres et plus.
Le cumulus est formé de gouttes d’eau. C’est un nuage
épais dont la base est presque rectiligne et sensiblement horizontale. Son
corps est garni de protubérances arrondies, et son sommet affecte la forme d’un
dôme.
Tous les nuages cumuliformes donnent naissance à de très
beaux effets d’ombre et de lumière, et comme on l’a dit : « Ce sont
des nuages qui réjouissent le photographe ! ... »
Les cumulus de beau temps (appelés cumulus humilis)
sont peu développés en hauteur. Ils se présentent en exemplaires multiples dans
un ciel par ailleurs serein. Ils naissent dans la matinée, se gonflent tout le
long du jour, puis, dans la soirée, se résorbent et disparaissent comme ils
sont venus.
Le cumulus congestus n’a plus cet aspect anodin. Très
gonflé, très développé en hauteur, il bourgeonne en tous sens et donne
l’apparence d’un gigantesque chou-fleur dont certaines fleurs seraient
hypertrophiées.
Ce nuage est un nuage de traîne, donc source de mauvais
temps. Entendons-nous bien : mauvais temps ne signifie pas toujours
« pluie, neige ou grêle », mais souvent « vent ».
Il arrive que les cumulus, à force de se développer
en hauteur, arrivent à la limite des nuages supérieurs, formés, nous le savons,
de glace ... Ils deviennent en somme « mixtes » ; gouttes
d’eau jusqu’à 5.000 ou 6.000 mètres, puis cristaux de glace : on a
les cumulo-nimbus.
Ce sont de puissantes masses nuageuses. Leur assise est
celle d’un cumulus, mais leur corps considérable rappelle une tour boursouflée
ou une montagne difforme.
Bien plus que tous les autres nuages cumuliformes, ils sont
le centre d’extraordinaires contrastes lumineux.
Il arrive souvent que le sommet des cumulo-nimbus,
composé de cristaux de glace, s’aplatit et s’étale en forme d’enclume, ou prend
la forme d’une gerbe de cirrus.
C’est le nuage type de l’arrivée du front froid (nous en
reparlerons) ; il assure la transition entre le corps et la traîne des
systèmes nuageux, dépressionnaires ou orageux. C’est le nuage de mauvais temps
dans son sens le plus large et le plus complet : orage, bourrasque, grêle,
pluie torrentielle — toute la lyre !
Son passage est marqué sur terre par une foule de
ravages : arbres arrachés, toitures endommagées, récoltes couchées ou
hachées, etc.
Sur mer, il donne ces grains violents redoutés des anciens
voiliers et même des pêcheurs, et des petits navires de nos jours.
Le mauvais temps suit, en général, de très près le moment où
on aperçoit le cumulo-nimbus, surmonté de son « panache de cirrus »
ou de son « enclume ». En général, moins d’une heure plus tard, la
tempête et l’orage sont là.
Tous les nuages cumuliformes sont le siège d’une violente
turbulence ; dans leur sein l’air est violemment agité en tous sens.
Dans le voisinage et à l’intérieur de ces nuages
l’ascendance est de l’ordre de 10 mètres à la seconde. Pour les cumulo-nimbus,
proprement dits, ce phénomène est encore plus important.
On voit par là qu’un avion pris dans un pareil nuage ne
serait plus du tout en sécurité ...
Quant à l’infortuné pilote de vol à voile dont le planeur serait
pris dans un de ces météores, il serait exactement en perdition.
Certes, les « planeurs » utilisent fréquemment les
fortes ascendances qui règnent sous les cumulus et qui les élèvent
rapidement, mais ils n’ont pas attendu mon conseil pour éviter de s’engager
dans le corps de ces nuages, où ils risqueraient d’être bousculés, chavirés,
désemparés et foudroyés.
PYX.
(1) Voir Le Chasseur Français, no 618.
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