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Création d'un vignoble

Nous avons vu ; dans une précédente étude (1), la préparation du terrain en vue de la constitution d’un vignoble.

Nous allons voir rapidement la fin des opérations à effectuer jusqu’à la plantation.

Le mode de soutien des vignes se fait soit avec des échalas, soit avec des fils de fer.

Dans certaines contrées, les échalas sont enlevés avant l’hiver et mis en tas horizontaux sur des X, afin de les éloigner du sol ; ce procédé leur assure une plus longue durée.

Dans d’autres contrées, les échalas sont supprimés lorsque la vigne est adulte.

Les fils de fer nécessitent des piquets en bois ; selon les ressources du pays, ils sont en chêne, acacia, châtaignier ou rondins de sapin. On s’accorde pour dire que l’acacia est de plus longue durée.

On assure leur conservation par différents moyens : chauffage en vert à la flamme, badigeonnage ou trempage à la créosote, au goudron, au carbonyle ; pour ces derniers produits, il faudra laisser les bois traités à l’air pendant six mois, afin qu’ils ne communiquent pas, par le sol, un mauvais goût au vin.

Un bon procédé de conservation consiste en un trempage en vert dans une solution à 15 p. 100 de sulfate de cuivre, pendant plusieurs jours.

Les piquets sont placés à 5 mètres environ sur la ligne, ceux en bout de rang sont haubanés ou renforcés. Le trou de plantation se fait souvent au moyen de la barre à mine. Il sera quelquefois utile d’employer la tarière de même diamètre.

L’enfoncement se fait au maillet en interposant entre celui-ci et la tête du piquet une plaque de fer, de façon à éviter de fendre la tête. Un morceau d’une vieille enveloppe d’auto fera aussi l’affaire.

Nous ne parlerons que pour mémoire des piquets en fer, dont la pose nécessite leur fixation dans des blocs de ciment appelés dés ; ils demandent un certain entretien.

Le fil de fer galvanisé doit être assez solide pour résister au poids des sarments et à la tension des raidisseurs.

On prend généralement les numéros 15 ou 16 pour le fil inférieur et les numéros 12 ou 13 pour les fils supérieurs.

Le tableau ci-dessous donne quelques indications :

No  12 : diamètre 1mm,8. Longueur pour 1 kilogramme, 50 mètres
13 : 2mm,0. 42
14 : 2mm,2. 35
15 : 2mm,4. 29
16 : 2mm,7. 24

Le fil inférieur se place entre 0m,30 et 0m,40 au-dessus du sol, le second de 0m,25 à 0m,30 du premier, et le troisième de 0m,40 à 0m,50 du second.

Dans les contrées où les gelées printanières sont à craindre, il faudra placer le fil inférieur beaucoup plus haut à 0m,60 et même 1 mètre du sol, et prévoir la longueur des piquets en conséquence.

Ensuite on procédera au repiquage des boutures racinées ou non, greffés ou producteurs directs suivant les méthodes propres à chaque région.

La plantation se fait en général à 1 mètre sur la ligne, cet écartement est variable avec le développement futur du cépage. Pour ceux à sarments dressés, on pourra réduire l’écartement et, au contraire, l’augmenter pour les cépages à végétation très développée.

Nous avons parlé dans une étude antérieure de la nécessité d’un choix judicieux du cépage : greffé ou hybride.

Nous avons écrit aussi que chaque sol avait sa vocation, c’est-à-dire qu’il était apte à supporter des végétaux bien déterminés, de telle façon qu’il donne le rendement maximum d’un produit de qualité.

La vigne n’échappe pas à cette règle ; et on a constaté, depuis longtemps, que nos grands vignobles ne donnaient pas dans toute leur étendue un vin identique, la roche mère, qui a donné naissance aux différentes parcelles de ce vignoble, n’étant pas exactement la même sur toute la surface de celui-ci.

Il ne faut donc pas dire : je vais planter tel cépage parce qu’on en dit merveille, ou parce qu’il réussit très bien chez mon voisin, mais : que dois-je planter pour avoir un rendement intéressant d’un vin de qualité ?

Nous ne répéterons jamais assez que la constitution d’un vignoble demande beaucoup de jugement, de plus qu’il faut s’entourer de tous les renseignements possibles qui seront le plus souvent fournis par des maisons sérieuses vendant les cépages sélectionnés.

On a fait, pendant ces dernières années, de grands progrès dans les hybrides, et on obtient maintenant de très bons produits soit comme vin, soit comme raisin de table. Tous ces hybrides ont les défauts de leurs qualités, c’est-à-dire que quelques-uns sont un peu sujets aux maladies et à la coulure, mais il suffit de le savoir pour y remédier facilement.

Bien que les hybrides soient en général beaucoup plus résistants aux maladies que les greffés, ils ne sont pas exempts de traitements anticrytogamiques et insecticides, de façons culturales, d’engrais, etc. ...

Certains trouveront que cette étude de la constitution d’un vignoble vient trop tôt ou trop tard. À notre avis, elle vient à son heure, car, en raison des difficultés actuelles d’approvisionnement, celui qui veut constituer un vignoble n’a pas trop de quelques mois pour prévoir et rassembler tout ce qui lui est nécessaire.

V. ARNOULD,

Ingénieur agronome.

Le Chasseur Français N°624 Février 1949 Page 318