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Choix des bonnes pondeuses

Comment les reconnaître ?

— Un abonné pose la question suivante : Dans un parquet ou dans un troupeau de poulettes, est-il possible de reconnaître de visu les meilleures pondeuses ? Ayant entendu parler de la méthode Hogan, en quoi consiste, au juste, ce procédé ?

Les aptitudes à la ponte, par les signes extérieurs, peuvent être décelés d’une façon empirique, à condition de limiter les observations comparatives à une seule et même race, ayant des caractères signalétiques identiques.

Bien qu’il y ait de bonnes et de mauvaises pondeuses dans toutes les races, celles qui intéressent le plus les producteurs d’œufs sont d’origine méridionale et, parmi celles-ci, il faut citer les Leghorns, les Andalouses, les Espagnoles, les Minorques et les Bresses, lesquelles pondent toujours des œufs marchands, à coquille blanche, dont le poids ne descend jamais au-dessous de 60 grammes et atteint parfois 75 grammes.

Sans doute, il existe de nouvelles races, issues de divers croisements avec des volailles asiatiques qui, par d’habiles sélections, sont devenues des pondeuses émérites, dont la ponte annuelle peut atteindre et même dépasser celle des volailles précitées, qui oscille entre 160 et 180 œufs ; mais ceux-ci, à coquille plus ou moins teintée, sont généralement plus petits. Quoi qu’il en soit, le poids global des œufs pondus en une année ne dépasse guère 10 kilogrammes, quels que soient la nourriture et les soins spéciaux dont on les entoure, pendant le cours de la première et de leur deuxième année.

Les caractères extérieurs.

— Considérons individuellement les poulettes d’un parquet peuplé de Bresses, par exemple, caractérisées par une crête simple, droite, qui s’incline aux approches de la ponte et se couche sur le côté lorsqu’elle est déclenchée. On remarquera que celles devant devenir les meilleures pondeuses sont vives, fureteuses, gratteuses, constamment en quête de leur nourriture et d’un appétit insatiable. Elles possèdent une tête fine et intelligente, l’œil vif et brillant. Leur corps est svelte, dégagé, avec un abdomen bien descendu, sans bouffant exagéré de l’arrière-train, le plumage à reflets. Les barbillons et la crête sont très développés, d’une couleur rouge vif, ce qui est l’indice d’une intense circulation sanguine, capable de nourrir abondamment les oocytes. Enfin les pattes sont nerveuses, les tendons des tarses visibles et les ongles émoussés par l’usure.

Au contraire, les mauvaises pondeuses sont balourdes, indolentes, se complaisent dans l’inaction, restent somnolentes ; leurs appendices (barbillons et crête) sont d’un rouge pâle, peu développés et, lorsqu’elles montent sur leur perchoir, elles n’ont jamais le jabot rempli et dur comme celui des bonnes pondeuses.

La méthode Hogan.

— Bien entendu, ces signes extérieurs n’ont pas la même précision que la numération individuelle des pontes au nid-trappe, mais ils ont l’avantage, de même que la méthode Hogan, de renseigner avant la première ponte, et les deux remarques se complètent mutuellement.

C’est par l’examen de la région du bas-ventre que Valter Hogan a dressé son barème. Pour apprécier les aptitudes des poulettes à la ponte, on mesure avec les doigts l’écartement des os du bassin, ainsi que l’épaisseur des os pelviens à leur extrémité. Les résultats de la palpation sont consignés sur le tableau ci-après, ce qui résume le nombre approximatif des œufs pouvant être pondus dans la première année de ponte.

Distance du bréchet
aux os pelviens.
Épaisseur en millimètres de la pointe des os pelviens.
1mm,6 3mm,2 4mm,7 6mm,2 7mm,9
7 doigts 295 œufs 280 œufs 265 œufs 250 œufs 235 œufs
6 — 280 — 265 — 250 — 235 — 220 —
5 — 250 — 235 — 220 — 205 — 190 —
4 — 220 — 205 — 190 — 175 — 160 —
3 — 180 — 166 — 152 — 138 — 124 —

Ainsi qu’on le voit, la ponte sera d’autant plus intense que l’on pourra loger de doigts dans la région abdominale, et que la pointe des os pelviens sera mince, le maximum indiqué étant de 295 œufs et le minimum probable de 124 œufs, à condition que les volailles soient convenablement nourries ; mais l’écart pourrait être plus considérable si on négligeait l’alimentation ou si on ne leur donnait pas toutes les denrées nécessaires à l’ovulation.

Réforme des mauvaises pondeuses.

— Sans être absolument certain, l’examen des caractères extérieurs, complété par le procédé Hogan, permet d’effectuer le tri des poulettes, afin de ne diriger vers les parquets d’élevage que les meilleures pondeuses, en éliminant tous les poids lourds qui payeraient difficilement leur nourriture, et même laisseraient l’éleveur en déficit si le nombre des œufs pondus annuellement tombait à 120 et au-dessous.

Les sujets improductifs étant dirigés vers la cuisine, on ne risquera pas de recueillir des œufs, qui ne pourraient fournir que des poulettes dégénérées, ce qui diminuerait le rendement de la basse-cour.

En résumé, les indications anatomiques de la région pelvienne, complétées par l’activité des jeunes volailles, c’est-à-dire leur ardeur à gratter, la présence des ongles émoussés, les membres nerveux et tendineux, tout en conservant la souplesse de la peau de dessous les pattes, sont des indices suffisants pour pouvoir effectuer la réforme judicieuse des mauvaises pondeuses.

Du fait que les coqs jouent un rôle primordial sur l’amélioration des races de poules, on aura soin de choisir, au titre de reproducteurs, les coquelets les plus turbulents et les plus batailleurs, ceux dont la crête et les barbillons sont les plus développés et d’une couleur sanguine foncée.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°625 Mars 1949 Page 369