Si l’insémination artificielle connaît actuellement une
faveur méritée, c’est qu’elle présente des avantages nombreux et peut concourir
largement à l’amélioration de notre cheptel.
Les buts que l’on peut se proposer en l’utilisant sont de
trois sortes : scientifiques, zootechniques et sanitaires.
Sans insister sur l’intérêt scientifique de la méthode,
signalons simplement qu’elle permet d’effectuer des accouplements qui seraient
difficiles ou impossibles par la monte naturelle et qu’elle est un moyen commode
pour l’étude de la génétique animale.
Son but sanitaire intéresse plus directement l’éleveur.
Grâce à l’insémination artificielle, on peut combattre certains cas
d’infécondité des femelles provenant de causes mécaniques ou pathologiques.
Disons cependant que de très nombreux cas d’infécondité ne sont pas améliorés
par cette technique. Son avantage sanitaire principal réside dans le fait
qu’elle empêche la propagation des maladies transmissibles par l’accouplement
et qu’à ce titre elle rend des services très importants surtout dans les
régions où le bétail est couramment atteint de maladies des voies génitales.
Au point de vue zootechnique, l’insémination artificielle
est un remarquable moyen d’amélioration du bétail.
Les avantages qu’elle présente sont nombreux et peuvent se
résumer ainsi : Elle permet une utilisation maximum des meilleurs mâles.
Quand on aura rappelé qu’un bélier en Russie réussit à
féconder 3.453 brebis, on comprendra quel pouvoir de diffusion de la bonne
semence elle représente.
Les mâles d’élite, rares et chers, peuvent ainsi être
utilisés complètement. Un taureau employé dans un centre d’insémination peut
féconder plus de 3.000 vaches par an. Il pourra, en outre, voir son service
prolongé bien au delà de la période normale et ainsi s’amortir économiquement
grâce à un nombre total de saillies infiniment plus élevé que par la monte
naturelle.
On comprend facilement que les centres d’insémination
n’hésitent pas à se procurer des géniteurs de tout premier ordre, assurés
qu’ils sont de les amortir par un service étendu et prolongé.
Alors qu’on serait amené à les réformer précocement
lorsqu’ils deviennent trop lourds, lorsqu’ils ne peuvent plus se mobiliser sur
leur train postérieur, par suite de faiblesse ou d’accident, l’insémination
artificielle peut encore en tirer parti.
De même, grâce à cette méthode, on peut parer au défaut
d’adaptation des deux géniteurs et éviter des inconvénients ou impossibilités
résultant d’une trop grande différence de poids ou de taille entre le mâle et
la femelle. On pourra aussi probablement tirer un parti intéressant de
l’insémination artificielle lorsque les sujets éprouvent une certaine
répugnance à s’accoupler, tels le baudet et la jument.
Enfin, comme on peut opérer la fécondation de sujets formant
des couples très éloignés, la méthode est susceptible de recevoir des
applications très intéressantes dans l’élevage colonial.
Des expériences concluantes ont été réalisées récemment en
Italie par les professeurs Malterra et Bonadonna. Des vaches italiennes ont été
fécondées avec de la semence transportée par avion en provenance des
États-Unis.
On évite de la sorte le transport coûteux de mâles et
surtout l’acclimatement difficile de ces sujets dans les pays chauds.
En France, ce sont surtout les petits élevages qui sont
susceptibles de tirer le maximum de profits de l’insémination artificielle.
Il est en effet peu avantageux d’entretenir un taureau pour
un effectif restreint de femelles. Seules les étables importantes ont la
possibilité d’acquérir un reproducteur de qualité : ailleurs les éleveurs
sont obligés de mener leurs vaches à la saillie, parfois fort loin, d’où
complications et pertes de temps.
Ils sont souvent contraints d’avoir recours à un mâle
médiocre, d’un état sanitaire douteux et capable de contaminer leurs vaches.
Les éleveurs ont rapidement compris les grands avantages de
l’insémination artificielle. Les centres se créent maintenant à une cadence
très rapide, et ceux qui existent déjà voient leur importance croître très
vite.
On constatera certainement, dans peu d’années, les bienfaits
de cette méthode, si les cultivateurs sont assez sages pour éviter les quelques
inconvénients ou dangers qu’elle peut présenter et que nous avons exposés dans
le précédent article.
R. LAURANS.
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