C’est d’une de nos plus anciennes et plus belles races
françaises : la race de Houdan, que je veux entretenir aujourd’hui
les lecteurs du Chasseur Français.
Justement réputée autrefois pour sa ponte et sa
qualité de chair, cette volaille est devenue presque une rareté aujourd’hui.
Elle n’a pas été travaillée dans le sens pratique comme l’ont été les
Gâtinaise, Bresse, Bourbonnaise, etc., et n’a pas évolué comme ces dernières
qui, moins réputées qu’elle il y a une trentaine d’années, l’ont maintenant supplantée
et bénéficient d’une large diffusion.
La « Houdan » est, ou plutôt devrait être, car
elle tend à s’amenuiser par excès de consanguinité, une volaille de taille
au-dessus de la moyenne dont les poids types devraient se maintenir autour de 3kg,200
pour les coqs et 3 kilogrammes pour les poules. Son plumage est caillouté
blanc-noir et tend à s’éclaircir avec l’âge.
La caractéristique essentielle de la race réside dans la
forte huppe dont sa tête est surmontée ; cette huppe est en général plus
dense, plus serrée, plus touffue chez la poule que chez le coq, où les plumes
s’évasent plus largement et retombent de chaque côté de la tête.
On a reproché souvent à cet attribut propre à la race d’être
une cause d’attaques violentes de coryza par suite de l’humidité qu’elle
emmagasine pendant les hivers pluvieux. Ceci est peut-être vrai dans les
régions à climat particulièrement froid et brumeux, mais assez rare ailleurs.
J’ai personnellement une quinzaine de sujets de cette race
et n’observe pas cet inconvénient sous le climat du Massif Central. À dire
vrai, un autre inconvénient, réel celui-là, est à reprocher à la présence de
cette forte huppe : c’est la mauvaise vision des sujets dont les yeux sont
souvent partiellement dissimulés par les plumes ; il en résulte que les
sujets à très forte huppe évitent plus difficilement les coups de leurs
congénères ou des bestiaux et que les poules meneuses distinguent mal les
rapaces qui menacent leurs poussins.
Mais, comme la Houdan couve très mal et qu’en général on
confie ses œufs à des poules d’une autre race, ce dernier inconvénient peut
être évité.
Un terrain et un climat sec sont les meilleurs pour la
Houdan.
La ponte, qui était considérée comme excellente autrefois,
avant l’introduction des méthodes de sélection qui ont modifié les productions
des races américaines spécialisées et des races françaises précitées, peut être
cependant qualifiée de très bonne ; en effet, sans sélection spéciale,
une bonne poule Houdan rapporte une moyenne annuelle de 150 à 160 œufs de
55 à 60 grammes. Les jeunes poussins Houdan deviennent en douze à quinze
semaines d’excellents poulets de table à chair blanche, juteuse, et supportent
particulièrement bien le gavage ; l’ossature est minime par rapport au
poids du corps.
L’alimentation des Houdan doit être bien équilibrée,
comprendre beaucoup de farineux et de substances carnées, ainsi que des
aliments phosphatés pour garder la précocité et obtenir le poids du standard.
Ainsi que je l’ai écrit au début de cet article, c’est
surtout contre la consanguinité et la perte de poids qui en résulte que les
éleveurs doivent actuellement porter leurs efforts. Ceci est malheureusement
assez difficile, car, à part la région de Seine-et-Oise berceau de la race, il
existe peu d’élevages de Houdan en France et, par suite du succès de la Faverolles
dans son pays d’origine, les souches de Houdan qu’on y trouve sont toutes plus
ou moins apparentées.
J’ai vu récemment des photographies de très belles Houdan
sur une revue américaine, mais l’importation des volailles en provenance des U. S. A.
est assez compliquée. Les souches anglaises sont peu recommandables, en
général, car presque toutes imprégnées de sang de Padoue, qui a régularisé les
taches, mais amenuisé le type et réduit très sensiblement la ponte.
J’ai pu, pour ma part, importer un coq et deux poules de
Suisse avec pas mal de difficultés, mais les oiseaux sont bons et j’en espère
une rénovation de ma souche.
Il est à souhaiter que de nombreuses personnes en France
s’intéressent à cette belle race qui ne mérite pas de rester dans l’oubli où
elle est tombée. Enfin, en plus de ses qualités pratiques, il existe
heureusement des amateurs qui goûtent encore le beau en élevage ; or un
parquet de Houdan sur une pelouse verte constitue un des plus jolis spectacles avicoles
qui soient.
R. GARETTA.
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