Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°627 Mai 1949  > Page 434 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Congrès cynégétiques

Le Groupe cynégétique de l’Ouest, qui englobe dix-huit départements, a tenu du 2 au 4 mars dernier son congrès régional à Poitiers, où la précédente réunion de cet ordre datait de mai 1935.

Chaque année, dans chacun des groupes entre lesquels se répartissent les fédérations, des assises régionales ont pour siège l’un des chefs-lieux de départements ; excellente mesure qui donne aux présidents l’occasion de se retrouver entre chasseurs, souvent entre amis, et d’apprécier les capitales dont l’accueil est toujours empreint de confort et de cordialité.

C’est une tradition qui remonte à un quart de siècle, aux deux ou trois années ayant suivi la naissance des fédérations, c’est-à-dire la mise en application de la loi du 31 juillet 1920 sur le Produit des Jeux.

Je crois me souvenir que le premier Congrès régional se fit à Nîmes, à la fin d’avril 1924. Une vingtaine de fédérations y prirent part sur vingt-quatre que comptait la première zone. Il y avait bien eu, de 1920 à 1923, des congrès cynégétiques en divers points de la France, spécialement dans le Midi, où le besoin d’organisation se faisait particulièrement sentir. Mais ce ne pouvaient être, avant la lettre, des congrès de régions, puisque les éléments constitutifs de ces régions, en l’espèce les groupements départementaux, n’existaient généralement pas ; de rares exceptions confirmaient la règle : Société des Chasseurs du Jura, Union des Chasseurs de la Côte-d’Or, Société cynégétique du Nord, etc.

Toujours est-il qu’au congrès de Nîmes fut nettement défini le but des régions cynégétiques à constituer : grouper les départements dont les intérêts sont similaires et dont les coutumes et usages locaux sont semblables. Ce qui ne veut pas dire que ces coutumes et usages resteraient immuables, un certain nombre étant manifestement à réformer.

Quelques semaines après le Congrès de Nîmes, les vingt et un départements de la future région de l’Ouest tenaient, à Nantes, leur première assemblée. J’ai eu la faveur d’y prendre part, avec les représentants de la Charente-Inférieure (aujourd’hui Maritime), et je garde la trace des vingt rapports discutés du 16 au 18 mai 1924, rapports dont les principaux visaient les parcs d’élevage, les brigades de contre-braconnage, la divagation des chiens, la destruction des animaux nuisibles et la protection des oiseaux migrateurs contre les phares. Congrès cynégétique et piscicole, puisqu’en cet heureux temps l’union des chasseurs et des pêcheurs était bien scellée, pour le plus grand dam des braconniers. Les relations entre chasseurs et pêcheurs avaient été traitées avec précision par l’un des rapporteurs du Congrès de Nantes. Il est regrettable que l’union ainsi réalisée n’ait pu se maintenir.

Après Nantes, et toujours pour la région d’Ouest, ce furent diverses villes qui, tour à tour, donnèrent aux congressistes une hospitalité généreuse. Je me rappelle qu’en 1932 nous étions rassemblés à Angers et qu’une intéressante visite du parc d’élevage de la Fédération départementale s’effectua dans l’arrondissement de Baugé, avec déjeuner amical à Gennes, près de Saumur, aux rives mêmes de la Loire. Les enseignements du Congrès d’Angers étaient bien nets, quant à la gestion, à l’orientation des parcs à gibier : succès pour le faisan, dont le repeuplement en Anjou était fort opportun ; sérieuses difficultés pour la perdrix ; précautions strictes à prendre pour le lièvre, au triple point de vue du terrain, des cultures, du changement de sang. Nous aurons, en 1950, l’occasion de revoir l’aimable pays qu’arrose la Maine avant son confluent avec le fleuve ligérien.

Vannes fut le siège du congrès de 1934. On y insista sur l’urgence de réglementer l’emploi des grains empoisonnés pour la destruction des campagnols : trop souvent les perdreaux pâtissent de cet emploi opéré sans soins.

Et nous voici, les 18 et 19 mai 1935, dans la capitale du Poitou. Là encore, on réclame une étude attentive sur l’emploi du poison contre les nuisibles, afin d’éviter tout danger menaçant le gibier et les oiseaux utiles. On demande que l’ouverture de la chasse au faisan soit édictée dans chaque département après avis de la Fédération, car on ne saurait assimiler le développement des faisans naturels avec la croissance toujours plus tardive des faisans d’élevage, et les dates d’ouverture sont fonction de ce développement ; il reste à savoir si, dans tel département, on pratique l’élevage en des proportions suffisant à motiver un retard d’ouverture.

Enfin l’on revenait sur un vœu que je considère comme de première importance, et qui n’a pas encore été réalisé dans son application : que la chasse dans les réserves soit considérée comme délit de chasse en temps prohibé, non pas comme chasse sur terrain d’autrui. Une simple addition de quelques mots suffirait dans le texte de la loi sur la chasse.

Cette loi, que beaucoup attendent avec impatience, un congrès régional tenu en Avignon, le 27 juillet 1943, devait en donner les grandes lignes aux représentants de dix-sept fédérations du Midi, en présence de plusieurs des membres du Conseil supérieur de la Chasse. J’ai suivi avec un vif intérêt les exposés du Congrès d’Avignon : ce fut une journée d’espoir et de détente en des mois bien lourds d’inquiétude. Et je cite, sans autres commentaires, les réunions annuelles du Groupe parisien aux dix-huit départements, celles du Groupe lyonnais, dont les quinze fédérations adhérentes sont fidèles aux rendez-vous, et les Congrès régionaux méditerranéens, du Sud-Ouest et du Centre, groupant respectivement treize, dix-huit et sept fédérations.

Que faut-il retenir de cette chronologie bien incomplète ? Avant tout, l’utilité incontestable des congrès régionaux, seule prise de contact régulière, efficace entre les présidents de fédérations ; réunions annuelles et tenues successivement en les divers centres de chaque région. Ainsi peuvent être confrontés non seulement les desiderata des membres des fédérations, mais aussi les détails de gestion de chaque groupement, les modes d’action des brigades mobiles, les procédés de lutte contre les animaux nuisibles, les essais d’élevage et de repeuplement.

Puis la concentration des efforts sur un petit nombre de vœux bien étudiés et d’urgence absolue. J’ai cité le vœu relatif aux délits de chasse dans les réserves ; il est fâcheux qu’une telle motion reste platonique. Mais l’ajournement des réalisations escomptées ne doit nullement nous décourager. Les congrès régionaux ont pour mission d’insister inlassablement sur les questions essentielles. Qu’ils se consacrent, sans faiblir, à cette tâche, et cela leur vaudra toutes les sympathies, toute la gratitude des chasseurs.

Pierre SALVAT.

Le Chasseur Français N°627 Mai 1949 Page 434