Le Groupe cynégétique de l’Ouest, qui englobe dix-huit
départements, a tenu du 2 au 4 mars dernier son congrès régional à
Poitiers, où la précédente réunion de cet ordre datait de mai 1935.
Chaque année, dans chacun des groupes entre lesquels se
répartissent les fédérations, des assises régionales ont pour siège l’un des
chefs-lieux de départements ; excellente mesure qui donne aux présidents
l’occasion de se retrouver entre chasseurs, souvent entre amis, et d’apprécier
les capitales dont l’accueil est toujours empreint de confort et de cordialité.
C’est une tradition qui remonte à un quart de siècle, aux
deux ou trois années ayant suivi la naissance des fédérations, c’est-à-dire la
mise en application de la loi du 31 juillet 1920 sur le Produit des Jeux.
Je crois me souvenir que le premier Congrès régional se fit
à Nîmes, à la fin d’avril 1924. Une vingtaine de fédérations y prirent part sur
vingt-quatre que comptait la première zone. Il y avait bien eu, de 1920 à 1923,
des congrès cynégétiques en divers points de la France, spécialement dans le
Midi, où le besoin d’organisation se faisait particulièrement sentir. Mais ce
ne pouvaient être, avant la lettre, des congrès de régions, puisque les
éléments constitutifs de ces régions, en l’espèce les groupements départementaux,
n’existaient généralement pas ; de rares exceptions confirmaient la
règle : Société des Chasseurs du Jura, Union des Chasseurs de la
Côte-d’Or, Société cynégétique du Nord, etc.
Toujours est-il qu’au congrès de Nîmes fut nettement défini
le but des régions cynégétiques à constituer : grouper les départements
dont les intérêts sont similaires et dont les coutumes et usages locaux sont
semblables. Ce qui ne veut pas dire que ces coutumes et usages resteraient
immuables, un certain nombre étant manifestement à réformer.
Quelques semaines après le Congrès de Nîmes, les vingt et un
départements de la future région de l’Ouest tenaient, à Nantes, leur première
assemblée. J’ai eu la faveur d’y prendre part, avec les représentants de la
Charente-Inférieure (aujourd’hui Maritime), et je garde la trace des vingt
rapports discutés du 16 au 18 mai 1924, rapports dont les principaux
visaient les parcs d’élevage, les brigades de contre-braconnage, la divagation
des chiens, la destruction des animaux nuisibles et la protection des oiseaux
migrateurs contre les phares. Congrès cynégétique et piscicole, puisqu’en cet
heureux temps l’union des chasseurs et des pêcheurs était bien scellée, pour le
plus grand dam des braconniers. Les relations entre chasseurs et pêcheurs
avaient été traitées avec précision par l’un des rapporteurs du Congrès de
Nantes. Il est regrettable que l’union ainsi réalisée n’ait pu se maintenir.
Après Nantes, et toujours pour la région d’Ouest, ce furent
diverses villes qui, tour à tour, donnèrent aux congressistes une hospitalité
généreuse. Je me rappelle qu’en 1932 nous étions rassemblés à Angers et qu’une
intéressante visite du parc d’élevage de la Fédération départementale
s’effectua dans l’arrondissement de Baugé, avec déjeuner amical à Gennes, près
de Saumur, aux rives mêmes de la Loire. Les enseignements du Congrès d’Angers
étaient bien nets, quant à la gestion, à l’orientation des parcs à
gibier : succès pour le faisan, dont le repeuplement en Anjou était fort
opportun ; sérieuses difficultés pour la perdrix ; précautions
strictes à prendre pour le lièvre, au triple point de vue du terrain, des
cultures, du changement de sang. Nous aurons, en 1950, l’occasion de revoir
l’aimable pays qu’arrose la Maine avant son confluent avec le fleuve ligérien.
Vannes fut le siège du congrès de 1934. On y insista sur
l’urgence de réglementer l’emploi des grains empoisonnés pour la destruction
des campagnols : trop souvent les perdreaux pâtissent de cet emploi opéré
sans soins.
Et nous voici, les 18 et 19 mai 1935, dans la capitale
du Poitou. Là encore, on réclame une étude attentive sur l’emploi du poison
contre les nuisibles, afin d’éviter tout danger menaçant le gibier et les
oiseaux utiles. On demande que l’ouverture de la chasse au faisan soit édictée
dans chaque département après avis de la Fédération, car on ne saurait
assimiler le développement des faisans naturels avec la croissance toujours
plus tardive des faisans d’élevage, et les dates d’ouverture sont fonction de
ce développement ; il reste à savoir si, dans tel département, on pratique
l’élevage en des proportions suffisant à motiver un retard d’ouverture.
Enfin l’on revenait sur un vœu que je considère comme de
première importance, et qui n’a pas encore été réalisé dans son
application : que la chasse dans les réserves soit considérée comme délit
de chasse en temps prohibé, non pas comme chasse sur terrain d’autrui. Une
simple addition de quelques mots suffirait dans le texte de la loi sur la
chasse.
Cette loi, que beaucoup attendent avec impatience, un
congrès régional tenu en Avignon, le 27 juillet 1943, devait en donner les
grandes lignes aux représentants de dix-sept fédérations du Midi, en présence
de plusieurs des membres du Conseil supérieur de la Chasse. J’ai suivi avec un
vif intérêt les exposés du Congrès d’Avignon : ce fut une journée d’espoir
et de détente en des mois bien lourds d’inquiétude. Et je cite, sans autres
commentaires, les réunions annuelles du Groupe parisien aux dix-huit
départements, celles du Groupe lyonnais, dont les quinze fédérations adhérentes
sont fidèles aux rendez-vous, et les Congrès régionaux méditerranéens, du Sud-Ouest
et du Centre, groupant respectivement treize, dix-huit et sept fédérations.
Que faut-il retenir de cette chronologie bien
incomplète ? Avant tout, l’utilité incontestable des congrès régionaux,
seule prise de contact régulière, efficace entre les présidents de
fédérations ; réunions annuelles et tenues successivement en les divers
centres de chaque région. Ainsi peuvent être confrontés non seulement les
desiderata des membres des fédérations, mais aussi les détails de gestion de
chaque groupement, les modes d’action des brigades mobiles, les procédés de
lutte contre les animaux nuisibles, les essais d’élevage et de repeuplement.
Puis la concentration des efforts sur un petit nombre de
vœux bien étudiés et d’urgence absolue. J’ai cité le vœu relatif aux délits de
chasse dans les réserves ; il est fâcheux qu’une telle motion reste
platonique. Mais l’ajournement des réalisations escomptées ne doit nullement
nous décourager. Les congrès régionaux ont pour mission d’insister
inlassablement sur les questions essentielles. Qu’ils se consacrent, sans
faiblir, à cette tâche, et cela leur vaudra toutes les sympathies, toute la
gratitude des chasseurs.
Pierre SALVAT.
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