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Les pintades

La pintade est originaire d’Afrique ; d’acclimatation beaucoup plus récente que les poules, oies et canards, elle a conservé une certaine sauvagerie et tient le milieu entre les oiseaux domestiques et les oiseaux de chasse.

Ses qualités de chair et de ponte (surtout sous les climats chauds) rendent cependant son élevage intéressant pour celui qui dispose de vastes parcours. Malheureusement, son caractère et son cri discordant en limitent sérieusement l’expansion.

La pintade est monogame ; la polygamie se rencontre quelquefois, mais toujours au détriment de la fécondation des œufs autres que ceux de la favorite.

La distinction des sexes est très difficile chez les jeunes sujets. Seule l’épreuve de la ponte permet de les différencier à coup sûr.

Le véritable régime qui convient à la pintade est celui de la pleine liberté. Lorsque celui-ci est impossible, le mieux est de réunir les couples éjointés dans un grand parquet où chaque sujet dispose de 15 à 20 mètres carrés de parcours. Un simple abri avec perchoir sous le toit et une paroi pleine du côté des vents dominants suffisent par toutes les températures au-dessus de 0° C.

En dessous, la pintade cesse d’être d’un bon rapport, et il faut lui procurer un abri clos. Il est le plus souvent nécessaire de forcer les sujets à rentrer dans le local qui leur est réservé, la pintade, par instinct et par reste de la sauvagerie ancestrale, cherchant en général à s’enfuir des lieux fermés.

L’humidité froide et prolongée est particulièrement néfaste aux pintades, surtout aux jeunes, qui demandent pour prospérer un sol sec. Les terrains rocailleux, caillouteux, accidentés, plaisent particulièrement à cet animal, qui aime à rentrer dans les buissons, à s’y cacher et à se percher sur les basses branches des arbres.

En liberté, au printemps, les couples se forment d’eux-mêmes et s’isolent afin de dissimuler les nids aux regards. Il est alors nécessaire de bien repérer ces derniers.

La ponte a lieu, dans cet état de demi-liberté, par séries de 13 à 17 œufs ; ces séries sont d’autant plus nombreuses que la température est élevée ; en Afrique du Nord on a contrôlé parfois deux cents œufs par an.

Si vous le pouvez, sélectionnez vos sujets en réunissant seulement deux sujets choisis et non consanguins dans un parquet de 75 à 100 mètres carrés, afin de pouvoir, dès leur naissance, permettre aux jeunes de courir à l’aise.

La pintade est assez bonne couveuse, mais mauvaise meneuse. Il est préférable de confier ses œufs, dont la coquille est résistante, à une dinde ou à une grosse poule.

À l’éclosion, les pintadeaux reçoivent les mêmes soins que les poussins, et l’aliment complet spécial pour le premier âge, fabriqué pour ces derniers par les maisons sérieuses, leur convient parfaitement. Toutefois les distributions de verdure s’imposent plus vite et plus abondamment que pour les poussins.

Il est bon d’employer la boîte d’élevage classique pour poussins et de laisser la meneuse avec ses élèves jusqu’à ce que ces derniers aient atteint l’âge de deux mois ; le mieux est même de la laisser jusqu’après la crise du rouge.

Quand les pintades doivent être maintenues en captivité sur de grands parquets, il est nécessaire de les entraver ou de les éjointer, ou encore de leur couper à mi-longueur trois à six des grandes plumes d’une aile. Une clôture de 1m,50 sera alors suffisante.

L’animal n’a pas besoin d’être rationné, car il ne mange qu’à sa faim et ne se suralimente pas ni ne s’engraisse. On peut donc donner à manger à discrétion sans risques de gaspillage.

L’alimentation sera variée et composée de pâtée, verdure et grains. Une bonne méthode consiste à distribuer le grain le matin, la verdure à midi et la pâtée le soir, de façon à équilibrer dans le temps les distributions d’aliments nourrissants.

Le grain est à distribuer à partir de l’âge de deux semaines, en commençant par 10 grammes (journellement et par tête), puis 25 grammes vers l’âge de trois mois et 50-60 grammes à l’âge adulte. La pâtée est consommée à raison de 10 grammes pour les pintadeaux et 40-50 grammes pour les adultes. Enfin il est fait une grosse consommation de verdure, surtout pendant la période de ponte où il n’est pas rare de voir une pondeuse en absorber plus de 200 grammes par jour.

Il faut compter sur une consommation de matières sèches d’environ 10 kilogrammes par tête de pintadeau élevé depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte.

La chair de la pintade n’acquiert sa saveur qu’après la première ponte. Vers cinq-six mois, le pintadeau est plutôt fade, et certains consommateurs ne le mangent que légèrement faisandé.

Bien que la pintade ne s’engraisse pas, il est cependant avantageux de la mettre en chair avant le sacrifice. Le mieux, pour cela, est de diminuer la verdure et de distribuer du maïs. S’il n’est pas accepté cru, il faut le faire cuire et l’incorporer à la pâtée en l’enrobant de farine de viande pour changer la saveur.

On connaît cinq espèces de pintades : la pintade mitrée, la pintade vulturine, la ptilorhinque et la pintade commune.

Seule cette dernière est suffisamment domestiquée pour que son élevage mérite d’être suivi. La pintade commune existe elle-même en trois sous-variétés. La plus répandue est la grise, à fond de plumage gris foncé moucheté régulièrement de taches noires et blanches.

Il existe une pintade lilas et une troisième complètement blanche.

Ces trois sous-variétés de la pintade commune sont identiques comme qualités et aptitudes et ne diffèrent que par l’extérieur.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°627 Mai 1949 Page 465