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La vignette contrôle.
Informations.
L’ivresse de la liberté.

La vignette contrôle.

— Divers groupements cyclistes s’étaient émus en constatant le caractère personnel de la vignette contrôle remise aux cyclistes pour 1949. Le fait d’être établie au nom d’une personne déterminée allait-il avoir pour conséquence d’interdire le prêt du vélo et de la vignette à un ami ou un parent, et obliger ceux-ci, pour monter un vélo d’emprunt, à faire également l’acquisition d’une vignette ?

Le ministre des Finances a calmé ces légitimes appréhensions en précisant que s’il a entendu mettre un frein à de nombreux abus, il n’entendait pas brimer les cyclistes ; les membres d’une même famille ou leurs amis peuvent, à tour de rôle, se servir du même vélocipède en utilisant la vignette du propriétaire de la machine. Ils seront considérés comme en règle s’ils peuvent représenter sur le champ cette vignette aux agents chargés du contrôle.

Informations.

— Du 8 au 18 juillet prochain, aura lieu à Fontainebleau le 10e Rallye international organisé par la Fédération Internationale des Clubs de camping et ouvert aux membres des clubs affiliés à cette Fédération. Pour tous renseignements, s’adresser : 218, boulevard Saint-Germain, Paris (7e).

L’ivresse de la liberté.

— J’ai trouvé dans l’article du Chasseur Français de mars 1949, intitulé « L’évolution du camping », un certain mépris pour celui que nous pratiquons de nos jours. Cet article, tout empreint d’ironie, et assez sarcastique même par endroits, semble vouloir nous démontrer que le campeur 1949 ne connaît plus l’ivresse de la liberté en plein air (!), et qu’il lui faut désormais se résigner à ne plus choisir son coin de nature, mais à se contenter de celui qui lui sera dévolu ad-mi-nis-tra-ti-ve-ment ! Je crois qu’il y a là une pointe d’exagération !

Nous sommes, ma femme et moi, des fervents du cyclotourisme, Nous avons eu notamment l’occasion d’aller au Puy-de-Dôme en 1948, via Alençon, Le Mans, Tours, Châteauroux, Montluçon, Clermont et retour par Vichy, Nevers, Orléans, Chartres, etc. ; l’année dernière nous avons poussé sur les pédales jusqu’à Landerneau via le Mont-Saint-Michel, Saint-Malo, Dinard, Saint-Brieuc, Perros-Guirec, etc.

Je ne vous cite pas les nombreuses sorties effectuées autour de Caen, où nous habitons. Inutile de vous ajouter le nombre de lieux où nous avons eu l’occasion, et aussi le plaisir, de monter notre tente. Je dois dire que parmi toutes les occasions susdites nous n’avons essuyé qu’une seule fois un refus. Nous sommes donc assez loin du refus systématique dont parle M. Desdemaines-Hugon ! Il est évident que le caractère varie suivant les personnages, que les régions sont plus ou moins hospitalières et les accueils faits avec plus ou moins de bonne grâce (il faut avouer aussi que cela dépend quelquefois de quelques sans-gêne ignorant les règles de la politesse et de la bienséance qui sont passés avant nous) ; néanmoins, et en général, nous n’avons jamais eu à nous plaindre de ceux chez qui nous avons campé, et réciproquement, je crois. Nous y trouvions la plupart du temps la matière première pour faire un bon repas de campeur (c’est-à-dire beurre, œufs, lait, etc.), ce qui n’était pas à dédaigner en ces années 1947 et 1948 (et antérieures). (J’emploie le passé, car je crois que l’été 1949 donnera plus de possibilités de ravitaillement aux campeurs et leur permettra d’alléger leurs sacs de bien des provisions encombrantes. En effet, beaucoup de produits indispensables sont maintenant en vente libre : chocolat, pâtes alimentaires, pain, pommes de terre, œufs, etc.)

Et la campagne reste, à peu de choses près, ce qu’elle était il y a dix-huit ans. (Je ne parle pas des régions dévastées par la guerre, par exemple la plaine de Caen, où la végétation est beaucoup moins luxuriante, les arbres — ceux qui restent — sont mutilés, etc.) Le nombre des autos qui sillonnent les routes ne doit pas être de beaucoup supérieur à celui de 1930, vu les restrictions d’essence.

L’ivresse de la liberté au grand air ! Je me souviens de ces soirées au bord de la Loire, à La Charité, notamment ; le soleil couchant se reflétait dans l’eau et cuivrait de ses rayons encore chauds ce fleuve qui s’étalait paresseusement ; un héron vint se poser pas très loin de nous sur la petite plage parsemée de galets où venait se perdre un petit ruisselet d’eau si claire. Que les bains que nous avons pris là étaient bons en ce mois d’août brûlant ! À part un ou deux pêcheurs, qui venaient poser là leurs lignes, nous n’avions pas l’occasion d’y être dérangés ... Je me demande bien ce que H. Desdemaines-Hugon entend par l’ivresse de la liberté au grand air ...

En conclusion, je crois pouvoir dire que l’ivresse de la liberté au grand air, on peut la connaître partout là où il y a encore un morceau de campagne où le campeur peut encore poser ses murs de toile, surtout pour nous, citadins, qui ne connaissons chaque jour que le chemin qui nous mène soit au bureau, soit à l’usine ! ...

Maurice LEFAHLER.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 505