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Lettres de ma plate-bande

Les légumes de rapport.
Les cultures subséquentes.
Choux-raves et choux-navets.
Des bettes pour le printemps.

Les légumes de rapport.

— Dans les jardins familiaux, on ne s’inquiète guère de la valeur marchande que les légumes peuvent acquérir sur les marchés. Ce que l’on cherche avant tout, c’est d’assurer son approvisionnement complet en toutes sortes de légumes, en donnant plus d’importance à ceux que l’on préfère et que l’on consomme le plus.

Mais les professionnels, qui tirent leur subsistance de la vente de leurs produits, ne raisonnent pas de la même manière. Le plus souvent, ils cherchent à se spécialiser sur les cultures qui leur paraissent de meilleur rapport, en produisant les légumes les plus recherchés, devant être pour eux les plus rémunérateurs.

Suivant le climat, la nature du terrain, les débouchés et les prix habituellement pratiqués, on s’adonne à la culture des laitues précoces, des radis, des carottes et d’autres primeurs, des endives witloof, des tomates, des petits pois, des fraises, des asperges, des champignons, etc.

Étant donnée la grande variabilité des cours, occasionnée par la surproduction, l’amenuisement de la puissance d’achat de la clientèle, il est prudent de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, en pratiquant conjointement plusieurs cultures (légumes feuillus, légumes-racines, légumes-fruits), en ajoutant quelques semis ou plantations de plantes condimentaires, de plantes médicinales ou à parfum, etc.

Ce faisant, on risque moins les effets de la mévente désastreuse qui, pendant l’exercice 1948-1949, a sévi sur certaines denrées favorisées par une arrière-saison exceptionnelle, notamment sur les poireaux et les choux, lesquels ont été tellement dépréciés que les producteurs les ont laissés pourrir sur place, leur mise en vente ne payant pas les frais d’arrachage et de transport.

Cependant toutes les années ne se ressemblent pas. Quoi qu’il en soit, il est toujours osé de se livrer à des cultures uniques, quand on opère en qualité de professionnel, à moins que l’on ait la possibilité de passer au préalable un contrat pour des livraisons à un prix déterminé.

Les cultures subséquentes.

— Pendant le mois de juin, les carrés qui ont porté des pommes de terre hâtives ou des petits pois précoces se trouvent en grande partie libérés. Il en est de même des parcelles ayant fourni une récolte de laitue passion, d’épinards, d’oignons blancs, de brocolis, etc.

Comme il ne faut jamais laisser de terrain improductif, à cause des invasions de mauvaises graines et de la perte de principes fertilisants qui sont l’apanage de jachères nues, vous effectuerez un bêchage, aussitôt la récolte terminée, en même temps que vous enfouirez un bon engrais complet, à la dose de 3 à 4 kilogrammes à l’are. Cet engrais doit contenir, en proportions à peu près équivalentes, de l’azote nitrique, de la potasse et de l’acide phosphorique.

Cela fait, ensemencez ou repiquez les plantes potagères ayant encore le temps de fructifier avant les froids, principalement les petits pois et les haricots à récolter en aiguilles, sans oublier les carottes courtes de Hollande, les raves d’Auvergne et autres légumes destinés à l’approvisionnement d’hiver, tels que choux pommés et de Bruxelles, poireaux et autres feuillus.

Pour hâter la levée des haricots et des petits pois, en combattant les incidences de la sécheresse qui sévit habituellement en juin-juillet, semez vos graines en poquets, dans des rayons ouverts à la pointe de la serfouette, et profonds de 5 à 6 centimètres. Mettez cinq à six graines par poquets, en les espaçant de 12 à 15 centimètres, puis, avec un arrosoir à pomme, mouillez copieusement les rayons en passant à plusieurs reprises sur chacun d’eux. Il n’y a plus qu’à combler les dérayures au râteau. Si vous donnez, en cours de saison, un ou deux forts mouillages en cas de sécheresse, vous pouvez compter sur une récolte abondante et complète avant l’apparition des gelées précoces. Par ce procédé, vous augmenterez considérablement le rendement vivrier de votre potager.

Choux-raves et choux-navets.

— Ces deux légumes, bien apprêtés par les ménagères, fournissent d’excellents plats de résistance, bien que différents comme goût et arôme.

Les choux-navets sont des racines enterrées, tandis que la partie comestible des choux-raves est représentée par un renflement de la tige, laquelle porte des cicatrices marquant la place des anciennes feuilles.

Les choux-raves demandent à être consommés jeunes, lorsqu’ils ont la taille d’une grosse orange. Mais leur chair, naturellement tendre et savoureuse, devient ligneuse en vieillissant, à moins que l’on effectue un buttage des pieds, en les enterrant jusqu’aux feuilles.

La culture de ces deux crucifères ne diffère pas sensiblement. Le plant élevé sur vieille couche ou en côtière, en avril-mai, sera repiqué en place en juin-juillet, à l’espacement de 35 centimètres, sur des lignes distantes de 40 centimètres.

On commence à récolter deux mois ou deux mois et demi après le repiquage ; mais, pour avoir une chair tendre et savoureuse, il ne faut pas être avare des arrosages, surtout s’il survient des sécheresses prolongées.

Des bettes pour le printemps.

— La bette, ou poirée, est un légume feuillu, surtout apprécié du fait qu’il peut être récolté en mars-avril, à une époque où les primeurs ne sont pas très communes.

Pour réussir cette culture, on sème la graine en pépinière, vers la fin du mois de juillet, en la recouvrant d’un paillis fin, et l’on arrose, afin d’activer la levée. Lorsque le plant possède trois ou quatre feuilles, on le repique à l’espacement de 40 x 40 centimètres, de manière que les bettes ne soient pas gênées pour former leurs larges côtes.

Sous les climats rigoureux, on évite les atteintes des grands froids en repiquant les plants dans de larges et profonds rayons. Ainsi placées au-dessous du niveau du sol, les bettes hivernent très bien et elles végètent beaucoup plus vite au printemps.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 507