La pénurie d’aliments concentrés a été, pendant les années
qui viennent de s’écouler, un facteur important de la baisse de productivité de
notre cheptel.
Que l’on veuille produire avec un rendement élevé de la
viande ou du lait, il est indispensable de fournir aux animaux des rations
riches en protéines. Ces matières sont malheureusement peu abondantes dans les
fourrages récoltés à la ferme. Tous nos efforts doivent tendre à augmenter
celles-ci par une meilleure fenaison et par l’ensilage des légumineuses. Cependant,
l’achat de tourteaux est presque toujours économique.
Ces produits, dont certains contiennent environ la moitié de
leur poids de matières protéiques, permettent d’équilibrer et de valoriser les
rations dont la base doit être constituée par les produits de la ferme.
On commence, maintenant, à offrir divers tourteaux provenant
soit de nos usines, soit de l’importation.
Parmi ceux-ci, le tourteau de soja mérite de retenir
l’attention des éleveurs.
Encore mal connu, il est parfois regardé avec méfiance.
Cependant l’ensemble de ses qualités le rend équivalent au tourteau d’arachide,
dont les bons effets ont été observés depuis longtemps par les éleveurs.
Ce tourteau est le résidu obtenu après traitement de la
graine de soja pour en extraire de l’huile. Un kilo contient de 350 à 400 grammes
de matières albuminoïdes digestibles et une vingtaine de grammes de matières
grasses.
La teneur moyenne en matières albuminoïdes, d’après les
tables de composition des aliments, est de 450 grammes pour le tourteau
d’arachide et de 400 grammes pour le tourteau de soja.
Ce dernier est donc un peu moins riche. On doit, cependant,
observer que la teneur totale en matières albuminoïdes n’est pas suffisante
pour juger. Il faut, en outre, tenir compte de la nature très complexe de
celles-ci.
Parmi les nombreux acides aminés qui composent les matières
albuminoïdes, la lysine, élément stimulant la croissance et la production
laitière, est en abondance dans le tourteau de soja, 5gr,8
p. 100 dans celui-ci contre 3 grammes seulement dans l’arachide.
Cet acide aminé, d’une importance primordiale, confère au
tourteau de soja une qualité remarquable pour les jeunes et les femelles
laitières.
La valeur alimentaire de ce tourteau exprimée en unités
fourragères est 1,05 U. F. contre 1 U. F. pour
l’arachide ; sous ce rapport, donc, peu de différence.
Sa digestibilité est bonne ; notons que le chauffage
qu’il subit au cours de l’extraction du solvant qui a entraîné l’huile ne
diminue en rien sa valeur, qui est même accrue par ce traitement.
On a parfois constaté que ce tourteau est légèrement
laxatif, cette propriété doit être rapportée à la présence d’une certaine
quantité d’huile restant après traitement, si la déshuilation n’a pas été
complète.
Tous les animaux de la ferme l’acceptent bien et peuvent en
recevoir. On peut distribuer les doses, suivantes :
Vaches laitières : jusqu’à 2 kilogrammes par jour.
Porcs en croissance : de 200 à 600 grammes par jour selon l’âge des animaux.
Chevaux de trait : 200 à 500 grammes par jour.
Enfin pour les agneaux à l’engraissement et les volailles,
le tourteau de soja peut être employé dans les mêmes conditions que le tourteau
d’arachide.
Le retour progressif vers l’abondance du bétail et des
produits laitiers entraîne un écart de plus en plus sensible entre les
qualités.
L’éleveur doit, en conséquence, soigner davantage sa
production et chercher à diminuer son prix de revient.
L’expérience des années de mévente qui ont précédé la guerre
a montré la nécessité d’amener rapidement les animaux à leur poids marchand,
comme la nécessité d’exiger des laitières le maximum de lait. Ces deux
objectifs ne peuvent être atteints qu’avec une alimentation bien étudiée, bien
équilibrée et contenant le minimum de protides requis par la production
demandée. Seul un complément de tourteau permettra, dans la plupart des cas,
d’obtenir ce résultat.
Dès maintenant l’éleveur doit chercher à obtenir la
meilleure qualité possible au moindre prix. La réapparition des tourteaux sur
le marché lui donne cette possibilité.
R. LAURANS,
Ingénieur agricole.
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