Bien que peu captivante pour beaucoup de profanes, cette
causerie est une des plus importantes. En effet, il ne suffit pas de posséder
un rucher, mais il faut encore savoir conserver ses colonies en bonne
santé ; certaines maladies pouvant anéantir, en peu de temps, le fruit de
longues années de travail.
Sans vouloir décourager personne, il faut se dire que les
abeilles, comme tous les êtres vivants, peuvent être sujettes à des maladies.
C’est en sachant les déceler à temps, pour y appliquer le remède nécessaire,
que l’apiculteur évitera les ennuis et les déboires pouvant résulter de son
ignorance en la matière.
Nous énumérerons donc succinctement, en termes simples, les
principales de ces maladies et les remèdes à appliquer dans chaque cas. Ces
quelques notions seront suffisantes la plupart du temps, quitte à demander
l’aide d’un expert apicole en cas d’aggravation. Enfin, des laboratoires
spécialisés ont été créés pour dépister et déterminer exactement le mal, puis
indiquer les soins à donner après étude des échantillons de couvain ou
d’abeilles suspects.
a. ACARIOSE.
— Due à un acarien, Acarapis Woodi, parasite qui
attaque les trachées. Les abeilles atteintes se traînent à terre et ne peuvent
plus voler, les ailes antérieures étant paralysées. Elles ont l’abdomen gonflé
par l’accumulation des excréments, ceux-ci n’étant expulsés qu’en vol. Parfois,
elles se réunissent en groupe devant la ruche.
Isoler les ruches malades pour éviter la contamination et
traiter, en hiver, au liquide de Frow, car, en été, il provoque le pillage.
Mettre 5 centimètres cubes du liquide sur un morceau d’ouate, le placer
au-dessus du groupe ; opérer deux fois, à trois ou quatre jours
d’intervalle.
b. AMIBIOSE.
— Est causée par un parasite qui se loge dans les tubes
de Malpighi. Les colonies s’affaiblissent au printemps, mais on trouve peu de
cadavres devant les ruches, les abeilles mourant au dehors. Ces parasites se
transmettraient par l’eau. Disposer d’abreuvoirs avec de l’eau légèrement
javellisée. Détruire les essaims trop atteints.
c. NOSÉMOSE.
— Due au Noséma, parasite de l’estomac et de
l’intestin. Comme dans l’acariose, les abeilles malades ont les ailes écartées
et ne volent plus. Il y a diarrhée généralement, de teinte assez claire.
Nourrir au sirop épais, additionné de cinq gouttes de formol
par litre. Bien aérer les ruches et éviter l’humidité.
Ces trois dernières maladies seraient traitées, à titre
préventif et curatif, par de nouveaux remèdes, mais nous attendons, avant de
les signaler, que le temps ait confirmé leur valeur.
Comme nous l’avons vu dans l’énumération des principales
affections, beaucoup sont le résultat de la faiblesse de la colonie et d’une
mauvaise hygiène, principalement de l’humidité.
À titre préventif, suivre les données ci-dessous :
I. Placer son rucher dans un endroit sec et aéré, pour éviter l’excès d’ombre et d’humidité.
II. Changer les reines tous les deux ans au moins, pour n’avoir que des ruches fortes.
III. Réunir les colonies faibles mais saines, sources de transmission de maladies par pillage.
IV. La nourriture sera toujours additionnée de cinq gouttes de formol par litre de sirop.
V. Ouvrir les ruches le moins souvent possible.
En suivant ces quelques préceptes, vous pouvez rester de longues années sans avoir à
déplorer de maladies ; c’est ce que nous vous souhaitons.
Roger GUILHOU,
Expert apicole.
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