« Il faudrait tout de même songer à mes
cartouches ... » Très régulièrement, le début du mois d’août ramène
cette réflexion sur les lèvres des chasseurs. Profitons-en pour examiner
aujourd’hui, dans notre causerie, la situation actuelle des munitions mises à
la disposition des chasseurs, tant au point de vue de la quantité que de la
nouveauté.
En quantité, c’est la liberté pratiquement complète :
les battues préparatoires aux vieux tuyaux de plomb appartiennent au passé, le
pointage des permis est périmé et nous aurons le droit d’acquérir des munitions
sans limite de quantité.
Au point de vue des poudres, malgré la publication du tarif
de la poudre K 2, il n’en a été livré que de très faibles quantités au
cours des derniers mois et, pratiquement, les chasseurs devront rester fidèles
à la poudre T. Personnellement, nous n’y voyons aucun inconvénient, à la
condition que ce moratoire de mise en vente soit consacré à la mise au point
définitive de la K 2, laquelle nous paraissait pleine d’avenir il y a une
dizaine d’années. Quant à la poudre T, en dépit de quelques lots
irréguliers, elle reste une des meilleures poudres connues et nous n’avons eu à
lui reprocher, au cours de ces dernières années, que sa rareté. Ne parlons pas
de la ballistite, explosif aussi rare que peu pratique.
En ce qui concerne les douilles, de nombreux types
métalliques sont proposés par divers fabricants. Ces douilles sont très
intéressantes lorsqu’elles remplacent des douilles en carton de mauvaise
qualité. Elles présentent, par contre, des difficultés de sertissage, parfois
d’extraction, et ne sont pas toujours d’un calibrage rigoureux. Nous
n’examinerons pas la question des prix, ces derniers n’étant pas encore dans
une période de stabilité suffisante. Il est possible que, dans l’avenir, la
douille métallique remplace la douille carton, mais, actuellement, cette
dernière représente l’élément de chargement le plus pratique et le plus
avantageux.
Si nous considérons maintenant les bourres, nous constatons
la fertilité de l’imagination des inventeurs, particulièrement à
l’étranger : emploi des constituants les plus divers, bourres
pneumatiques, concavités variées, etc. Nous persistons à penser qu’ici encore
le mieux est l’ennemi du bien et que ces inventions complexes ne donnent pas de
résultats supérieurs aux bourres mixtes associant deux éléments, dont l’un
assure l’élasticité, l’autre l’obturation. On obtient ainsi la meilleure
vitesse avec le minimum de déformation des plombs et, par surcroît, le meilleur
prix dans la qualité.
Il nous reste à dire un mot des amorçages ; le
classique amorçage fermé reste le meilleur. Nous noterons toutefois que les
compositions fulminantes non oxydantes se répandent peu à peu. En réalité,
elles arrivent un peu tard, car le chromage des canons appliqué actuellement à
toutes les armes de bonne fabrication vient très à propos simplifier la
question de l’attaque du métal, laquelle était due beaucoup plus à l’action du
fulminate qu’à celle des poudres.
Et maintenant, faisons l’addition. Que devons-nous
conclure ? Simplement que nous avons tout intérêt à conserver notre
sympathie à la cartouche classique, à la double condition qu’elle soit composée
de bons éléments et sérieusement contrôlée au point de vue des vitesses et des
pressions. Nous disposerons ainsi du pouvoir meurtrier maximum et du meilleur
groupement compatible avec la structure de nos canons. Quant au prix, sans
faire de folies, n’y regardons pas de trop près : la cartouche qui ne tue
pas est toujours la plus chère. En ce qui concerne les cartouches sous-chargées,
elles ne représentent que les possibilités d’un calibre inférieur.
Avant de passer notre commande, il nous reste à nous
demander quelle sera la répartition des divers numéros de plomb dans l’ensemble
de notre approvisionnement. À ceux qui hésitent, nous conseillerons toujours de
ne pas s’embarrasser d’un trop grand nombre de numéros dont l’emploi n’est pas
indispensable. À l’ouverture, les numéros 8 et 6 sont excellents pour le
perdreau de primeur ; le numéro 4 est parfait pour le lièvre, sauf en
arrière-saison. Un chasseur disposant d’une cartouche de plomb no 6
dans le premier coup et d’une cartouche de plomb no 4 dans le
deuxième peut, en général, tirer tous gibiers de plaine. Dans l’ensemble de la
saison, y compris les nombreux lapins d’hiver, nous pensons que 80 p. 100
des cartouches utilisées le sont avec l’emploi du plomb no 6. À
chacun de modifier cette proportion suivant son terrain de chasse et son
expérience.
Nos lecteurs sont maintenant en état de passer commande en
toute connaissance de cause. Ils pourront ainsi avoir confiance dans la qualité
de leurs munitions et nous n’avons plus qu’à leur souhaiter la forme impeccable
qui leur permettra d’obtenir le prestigieux rendement dont nous rêvons tous.
M. MARCHAND,
Ingénieur E. C. P.
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