L y a bien des manières de pratiquer le camping,
mais, avant tout, il faut faire ce choix préliminaire : camp fixe ou
randonnée. Les partisans de l’un ou l’autre mode de camping sont aussi
fanatiques : quant à moi, j’ai toujours pratiqué les deux et y trouve des
charmes, dissemblables certes, mais aussi agréables.
Dans le camp fixe, le camping, par lui-même, est vraiment le
but de la sortie.
On part en train, à vélo, à pied, en voiture ; on se
rend sur un terrain connu, ou bien l’on cherche et l’on trouve le coin
sympathique et on s’y installe pour ... un week-end, une semaine, ou un
mois, suivant l’époque et le temps dont on dispose.
Le matériel pourra alors être plus lourd et le campeur
pourra donner libre cours à son ingéniosité et aménager son camp de bien des
manières : emplacements de feux de bois (s’ils sont autorisés), toilettes,
supports de vaisselle, tables, etc., etc. (1).
Un camp gardé ou un camp privé et clos sera toujours
recherché dans ce cas, afin de pouvoir laisser sur place le matériel en toute
sécurité pendant que l’on va soit au ravitaillement, soit faire une promenade
aux alentours.
C’est évidemment le mode de camping à conseiller aux
campeurs emmenant avec eux de jeunes enfants. Il est également préféré par
beaucoup de campeurs d’un certain âge, par ceux dont le but est de faire une
cure de repos, ou enfin par ceux qui font du camping pour éviter de payer des
notes d’hôtel trop élevées pour leur bourse.
À cela, il n’y a rien à dire, mais cependant étonnons-nous
de l’instinct grégaire d’un trop grand nombre d’amateurs de plein air. Alors
qu’il est si facile de trouver un petit coin tranquille, remarquons en passant
l’amour qu’ont de nombreux campeurs d’aller s’agglutiner les uns aux autres
dans des camps « officiels ».
La Côte d’Azur, notamment, offre chaque année des
concentrations ahurissantes de tentes aux tendeurs entremêlés ; en toute
sincérité, je me suis toujours demandé quel plaisir l’on pouvait avoir à camper
dans de telles conditions !
Je sais ! Il est difficile de trouver un coin
isolé sur la Côte d’Azur, mais il en est de même sur la côte normande, en
Bretagne et ailleurs. Et pourtant, en quittant la plage et en cherchant un coin
à 2 ou 3 kilomètres de la mer, quelle tranquillité ! quelle sûreté
pour le matériel et quel excellent exercice de s’astreindre ainsi à faire
chaque jour de 4 à 6 kilomètres de marche !
Dans la randonnée, le camping passe au deuxième plan, tout
en en faisant partie intégrante.
Le but est la randonnée elle-même, qu’elle se fasse
également à pied, en vélo, en moto, en auto ou en canoë ...
Le matériel variera, c’est bien évident, suivant le mode de
locomotion choisi, mais, même en voiture, il devra être léger et rapidement
monté.
Le pédestre, ce roi des randonneurs, aura le matériel le
plus léger. C’est pour lui qu’ont été mises au point certaines petites
merveilles de tentes de 2 à 3 kilos maximum, certains duvets, certains
matelas, certains réchauds aux poids très modestes. Sa débrouillardise l’aura
poussé, en outre, à alléger par lui-même certains articles du commerce. J’ai
connu un ami qui avait réalisé ce tour de force d’avoir un sac qui, avec tout
le matériel nécessaire, ne dépassait pas 10 kilos. C’est là un record,
mais le poids moyen pour un pédestre randonneur ne devrait pas dépasser 13 à 14 kilos.
Et, là encore, j’ai été effaré bien souvent, ces derniers
temps, à voir le « barda » invraisemblable de certains jeunes.
En vélo, le matériel pourra être légèrement plus lourd,
surtout si l’on roule par équipe de deux cyclistes. En canoë, le poids pourra
être encore supérieur, d’où confort accru.
En moto et en voiture, le poids ne compte plus, mais, ainsi
que je le disais plus haut, il faut, si l’on randonne, c’est-à-dire si l’on
change de camp chaque soir, avoir néanmoins du matériel léger et vite monté.
Car le randonneur ne doit pas perdre son temps à installer
son camp. Il arrive souvent tard le soir et part toujours (ou presque) tôt le
matin ...
Il n’est plus question d’organiser le camp, et le
réchaud, à mon sens, lui est indispensable. D’abord, parce qu’il ne salit pas
le matériel de cuisine qu’on a à ranger dès le lendemain ; Ensuite, parce
que, dès que la tente est montée, la cuisine commence et, bien souvent, j’ai eu
fini de dîner, dans de telles conditions, avant que des amis, amateurs de feux
de bois, aient commencé à manger leur soupe. D’autre part, il n’est pas
toujours facile, en randonnée, de trouver du bois (notamment en haute montagne)
et je trouve plus commode d’avoir un réchaud et un quart de litre d’essence ou
d’alcool que d’emporter, comme je l’ai vu faire, un fagot de bois depuis le bas
de la vallée ! Mais, après tout, à chacun son goût !
Le camping itinérant est plus sportif que le camp fixe. La
randonnée à pied et les descentes de rivières présentent des difficultés certaines.
Le cyclo-camping nécessite de l’entraînement.
Le camping en voiture est plus reposant, mais il
faut ... une voiture !
À vous de choisir selon vos préférences (ou celles de votre
femme, si vous êtes marié).
J.-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
(1) Pour tous ces travaux, il faut beaucoup de bois. Il va
sans dire que le campeur digne de ce nom ne coupera rien sans s’être mis
d’accord avec le propriétaire du terrain.
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