Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°630 Août 1949  > Page 602 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Parasites des plantes potagères

Les plantes cultivées dans les potagers et les jardins maraîchers ont à souffrir de nombreux parasites, insectes, arachnides, vers et mollusques. Toutefois, beaucoup d’entre eux n’attaquent que les plantes appartenant à une seule famille botanique. La majorité de ces insectes vivent au détriment des parties aériennes des plantes ; relativement peu nombreux sont ceux qui exercent leurs ravages dans le sol.

Leur pullulation est d’ailleurs d’autant plus grande que, trop souvent, il n’est pas tenu compte des avantages que l’on peut retirer en la circonstance de l’alternance des cultures. C’est ainsi qu’en faisant suivre exactement sur le même emplacement une plante de la même famille que celle qui l’a précédée, on favorise la multiplication des insectes nuisibles à tel point que toute la production est souvent compromise. Par contre, en pratiquant un assolement judicieux, on met ces insectes dans des conditions d’évolution plus précaires. Leur nombre est, de ce fait, plus réduit et leurs dégâts négligeables, ou tout au moins faciles à enrayer en effectuant des traitements appropriés.

Parmi les différents légumes ayant le plus à souffrir des attaques des insectes, se placent les Crucifères ; aussi est-ce par l’étude de cette famille que nous commencerons notre description et, en premier lieu, nous nous occuperons du plus redoutable d’entre eux, c’est-à-dire de l’altise ou puce de terre. C’est un petit coléoptère, qui saute en tous sens lorsqu’on frôle la plante sur laquelle il se tient. Dès le printemps, après avoir hiverné dans le sol ou sous les feuilles mortes, l’insecte parfait ronge les feuilles des choux, radis et navets. Plus tard, les larves se mettent aussi au travail, creusent des galeries dans le parenchyme des feuilles. Plusieurs générations peuvent se succéder dans l’année. Comme moyens préventifs, on recommande d’arroser fréquemment, par temps sec, de terreauter la surface des semis.

Pour la destruction directe, on fait des applications de produits roténonés ou de produits à base de D. D. T. Malgré l’efficacité de ces insecticides, les larves d’altise ne peuvent être atteintes.

Un peu plus tard en saison, navets et choux sont sujets à être envahis par les chenilles des piérides.

Ce sont des papillons aux ailes blanches marquées de noir à l’extrémité, que l’on voit voltiger dès avril ou mai, accompagnant partout les plantations de choux. La première ponte est peu importante, mais les chenilles qui en résultent se chrysalident dès la fin de mai et trois semaines plus tard donnent naissance à une nouvelle série de papillons dont les pontes abondantes donnent de nombreuses chenilles, qui, cette fois, se font trop remarquer en détruisant les plantations.

Pour lutter contre ces chenilles, il est nécessaire de pratiquer à plusieurs reprises des poudrages à l’aide de poudre roténonée ou de certains composés organiques de synthèse tels que le Gésarol.

Sur les feuilles, non plus de choux, mais de navets, on rencontre parfois des invasions très localisées de larves de couleur gris vert, qui dévorent les feuilles et se tiennent généralement sur les bords des découpures qu’elles pratiquent sur le limbe. On a affaire dans ce cas aux larves de la tenthrède de la rave, qui peut présenter plusieurs générations par an.

Les traitements à opérer en la circonstance sont analogues à ceux pratiqués contre les chenilles des piérides.

Avec la cécidomyie du chou-fleur, nous nous trouvons en présence d’un petit moucheron noir, dont les générations se succèdent rapidement au cours de la belle saison. Les larves, petits asticots blancs, provoquent un gonflement anormal des tissus et amènent l’avortement des bourgeons. Les pieds attaqués ne pomment plus.

On réduit sensiblement l’ampleur des attaques en effectuant fréquemment sur les plantes de copieuses pulvérisations nicotinées (1 gramme de nicotine par litre d’eau).

Dans les tiges des choux, un petit charançon vient pondre dans le cours du printemps, tout près du collet des plantes ; les larves qui en dérivent occasionnent la formation de galles, dont la présence a comme effet de ralentir la végétation des sujets atteints.

Également au collet des jeunes plantes, on peut observer des attaques parfois très sévères de la mouche du chou. Cette mouche dépose ses œufs à la surface du sol à proximité des tiges ; les larves qui en résultent pénètrent dans les tiges et provoquent leur pourriture. Les choux-fleurs et les choux de pommes ont particulièrement à souffrir de la mouche des choux.

Que l’on ait affaire à l’un ou l’autre de ces insectes, il est très difficile de les éliminer, sauf en ne répétant que peu souvent (tous les cinq à six ans) les cultures de choux sur le même emplacement.

INSECTES NUISIBLES AUX LÉGUMINEUSES.

— Sur les légumineuses, plus particulièrement sur les pois et les fèves, les premiers dégâts d’insectes que l’on peut observer dès le début du printemps sont ceux occasionnés par les sistones, charançons d’un gris foncé, qui ; le jour, se tiennent cachés sous les mottes de terre, mais qui, la nuit venue, grimpent sur les plantes et découpent les feuilles en encoches très régulières. Les dégâts sont en général peu importants ; il est possible d’y remédier par des poudrages à la roténone, au D. D. T., ou encore par des pulvérisations arsenicales.

Le puceron noir de la fève est très fréquent sur les tiges de cette plante, parfois il peut même s’attaquer à d’autres légumineuses. Du fait de ses succions, les fruits restent petits, souvent même ils avortent.

Les pulvérisations nicotinées produisent de bons résultats. Toutefois, si nuisibles que soient ces insectes, l’importance de leurs dégâts ne saurait se comparer à ceux qu’occasionnent les bruches sur les pois et les haricots. Cette sorte de coléoptères comporte deux catégories : la bruche spéciale au pois et celle qui s’attaque au haricot. Avec la bruche du pois, on a affaire à un insecte qui, à l’état parfait, hiverne dans les greniers, les granges, etc., et qui, le printemps venu, gagne le potager, où il dévore les étamines des fleurs de pois. Peu après, la bruche passe dans les jeunes gousses et les larves qui en résultent se logent dans les grains. Au moment de la récolte des pois mûrs, les grains attaqués ne présentent rien d’anormal à première vue, mais, durant la période de conservation, les larves continuent à se développer et l’on est surpris de constater la quantité de grains rendus impropres à la consommation aussi bien qu’à la semence.

La bruche du pois n’ayant qu’une génération par an ne peut, ainsi que beaucoup le pensent, se reproduire en magasin.

Différente de la précédente, la bruche du haricot est capable de donner plusieurs générations au cours de la belle saison et de se reproduire sur les graines sèches pendant leur séjour dans le local où elles sont entreposées.

Pour enrayer les dégâts des bruches, il y a lieu de conserver les graines dans un local aussi froid que possible. La désinfection peut se faire soit en soumettant les grains à une température de 60° pendant une demi-heure, soit en les traitant avec des gaz désinfectants (sulfure de carbone, ampoules de bromure de méthyle, ce liquide s’employant à la dose de 40 grammes par mètre cube d’air à désinfecter).

Enfin, au cas de non-désinfection préalable des graines de semence, un moyen commode d’éliminer celles qui sont rongées consiste à plonger la totalité des grains dans l’eau. Les pois ou haricots attaqués flottent à la surface du liquide et il suffit de les enlever pour prévenir une nouvelle invasion.

Mieux vaut cependant avoir recours à la désinfection.

A. GOUMY,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 602