Les plantes cultivées dans les potagers et les jardins
maraîchers ont à souffrir de nombreux parasites, insectes, arachnides, vers et
mollusques. Toutefois, beaucoup d’entre eux n’attaquent que les plantes
appartenant à une seule famille botanique. La majorité de ces insectes vivent
au détriment des parties aériennes des plantes ; relativement peu nombreux
sont ceux qui exercent leurs ravages dans le sol.
Leur pullulation est d’ailleurs d’autant plus grande
que, trop souvent, il n’est pas tenu compte des avantages que l’on peut retirer
en la circonstance de l’alternance des cultures. C’est ainsi qu’en faisant
suivre exactement sur le même emplacement une plante de la même famille que
celle qui l’a précédée, on favorise la multiplication des insectes nuisibles à
tel point que toute la production est souvent compromise. Par contre, en
pratiquant un assolement judicieux, on met ces insectes dans des conditions
d’évolution plus précaires. Leur nombre est, de ce fait, plus réduit et leurs
dégâts négligeables, ou tout au moins faciles à enrayer en effectuant des
traitements appropriés.
Parmi les différents légumes ayant le plus à souffrir des
attaques des insectes, se placent les Crucifères ; aussi est-ce par
l’étude de cette famille que nous commencerons notre description et, en premier
lieu, nous nous occuperons du plus redoutable d’entre eux, c’est-à-dire de l’altise
ou puce de terre. C’est un petit coléoptère, qui saute en tous sens
lorsqu’on frôle la plante sur laquelle il se tient. Dès le printemps, après
avoir hiverné dans le sol ou sous les feuilles mortes, l’insecte parfait ronge
les feuilles des choux, radis et navets. Plus tard, les larves se mettent aussi
au travail, creusent des galeries dans le parenchyme des feuilles. Plusieurs
générations peuvent se succéder dans l’année. Comme moyens préventifs, on
recommande d’arroser fréquemment, par temps sec, de terreauter la surface des
semis.
Pour la destruction directe, on fait des applications de
produits roténonés ou de produits à base de D. D. T. Malgré
l’efficacité de ces insecticides, les larves d’altise ne peuvent être
atteintes.
Un peu plus tard en saison, navets et choux sont sujets à
être envahis par les chenilles des piérides.
Ce sont des papillons aux ailes blanches marquées de
noir à l’extrémité, que l’on voit voltiger dès avril ou mai, accompagnant
partout les plantations de choux. La première ponte est peu importante, mais
les chenilles qui en résultent se chrysalident dès la fin de mai et trois
semaines plus tard donnent naissance à une nouvelle série de papillons dont les
pontes abondantes donnent de nombreuses chenilles, qui, cette fois, se font
trop remarquer en détruisant les plantations.
Pour lutter contre ces chenilles, il est nécessaire de
pratiquer à plusieurs reprises des poudrages à l’aide de poudre roténonée ou de
certains composés organiques de synthèse tels que le Gésarol.
Sur les feuilles, non plus de choux, mais de navets, on
rencontre parfois des invasions très localisées de larves de couleur gris vert,
qui dévorent les feuilles et se tiennent généralement sur les bords des
découpures qu’elles pratiquent sur le limbe. On a affaire dans ce cas aux
larves de la tenthrède de la rave, qui peut présenter plusieurs
générations par an.
Les traitements à opérer en la circonstance sont analogues à
ceux pratiqués contre les chenilles des piérides.
Avec la cécidomyie du chou-fleur, nous nous trouvons
en présence d’un petit moucheron noir, dont les générations se succèdent
rapidement au cours de la belle saison. Les larves, petits asticots blancs,
provoquent un gonflement anormal des tissus et amènent l’avortement des
bourgeons. Les pieds attaqués ne pomment plus.
On réduit sensiblement l’ampleur des attaques en effectuant
fréquemment sur les plantes de copieuses pulvérisations nicotinées
(1 gramme de nicotine par litre d’eau).
Dans les tiges des choux, un petit charançon vient pondre
dans le cours du printemps, tout près du collet des plantes ; les larves
qui en dérivent occasionnent la formation de galles, dont la présence a comme
effet de ralentir la végétation des sujets atteints.
Également au collet des jeunes plantes, on peut observer des
attaques parfois très sévères de la mouche du chou. Cette mouche dépose
ses œufs à la surface du sol à proximité des tiges ; les larves qui en résultent
pénètrent dans les tiges et provoquent leur pourriture. Les choux-fleurs et les
choux de pommes ont particulièrement à souffrir de la mouche des choux.
Que l’on ait affaire à l’un ou l’autre de ces insectes, il
est très difficile de les éliminer, sauf en ne répétant que peu souvent (tous
les cinq à six ans) les cultures de choux sur le même emplacement.
INSECTES NUISIBLES AUX LÉGUMINEUSES.
— Sur les légumineuses, plus particulièrement sur les
pois et les fèves, les premiers dégâts d’insectes que l’on peut observer dès le
début du printemps sont ceux occasionnés par les sistones, charançons
d’un gris foncé, qui ; le jour, se tiennent cachés sous les mottes de
terre, mais qui, la nuit venue, grimpent sur les plantes et découpent les
feuilles en encoches très régulières. Les dégâts sont en général peu
importants ; il est possible d’y remédier par des poudrages à la roténone,
au D. D. T., ou encore par des pulvérisations arsenicales.
Le puceron noir de la fève est très fréquent sur les
tiges de cette plante, parfois il peut même s’attaquer à d’autres légumineuses.
Du fait de ses succions, les fruits restent petits, souvent même ils avortent.
Les pulvérisations nicotinées produisent de bons résultats.
Toutefois, si nuisibles que soient ces insectes, l’importance de leurs dégâts
ne saurait se comparer à ceux qu’occasionnent les bruches sur les pois
et les haricots. Cette sorte de coléoptères comporte deux catégories : la
bruche spéciale au pois et celle qui s’attaque au haricot. Avec la bruche du
pois, on a affaire à un insecte qui, à l’état parfait, hiverne dans les
greniers, les granges, etc., et qui, le printemps venu, gagne le potager, où il
dévore les étamines des fleurs de pois. Peu après, la bruche passe dans les
jeunes gousses et les larves qui en résultent se logent dans les grains. Au
moment de la récolte des pois mûrs, les grains attaqués ne présentent rien
d’anormal à première vue, mais, durant la période de conservation, les larves
continuent à se développer et l’on est surpris de constater la quantité de
grains rendus impropres à la consommation aussi bien qu’à la semence.
La bruche du pois n’ayant qu’une génération par an ne peut,
ainsi que beaucoup le pensent, se reproduire en magasin.
Différente de la précédente, la bruche du haricot est capable
de donner plusieurs générations au cours de la belle saison et de se reproduire
sur les graines sèches pendant leur séjour dans le local où elles sont
entreposées.
Pour enrayer les dégâts des bruches, il y a lieu de
conserver les graines dans un local aussi froid que possible. La désinfection
peut se faire soit en soumettant les grains à une température de 60° pendant
une demi-heure, soit en les traitant avec des gaz désinfectants (sulfure de
carbone, ampoules de bromure de méthyle, ce liquide s’employant à la dose de 40 grammes
par mètre cube d’air à désinfecter).
Enfin, au cas de non-désinfection préalable des graines de
semence, un moyen commode d’éliminer celles qui sont rongées consiste à plonger
la totalité des grains dans l’eau. Les pois ou haricots attaqués flottent à la
surface du liquide et il suffit de les enlever pour prévenir une nouvelle
invasion.
Mieux vaut cependant avoir recours à la désinfection.
A. GOUMY,
Ingénieur agricole.
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