C’est à l’époque des vacances que la poire est
particulièrement appréciée ! ... Aussi, tout propriétaire désireux
d’établir une plantation ne manque-t-il pas d’inclure dans sa liste un certain
nombre de poiriers à fruits d’été ... Or, les variétés de poires d’été
sont nombreuses, mais toutes ne présentent pas le même intérêt, et peut-être
n’est-il pas inutile de rappeler ici les caractères de quelques-unes des
meilleures ...
Précisons d’abord que, pour les fruits d’été, qui arrivent à
maturité à l’époque de l’année où la lumière est vive et la température élevée,
les phénomènes de maturation, dont le principal est la transformation des
acides contenus dans le fruit en sucres, sont très rapides. Une poire est
encore verte aujourd’hui ; elle est mûre quelques jours plus tard et, si
l’on ne la récolte pas, les sucres qu’elle contient se transforment en alcools,
la pulpe brunit ; c’est le blettissement, qui, le plus souvent, ôte
au fruit la plus grande partie de sa valeur, le rendant, sinon inconsommable,
du moins intransportable et invendable.
D’ailleurs, la qualité des poires d’été mûrissant sur
l’arbre n’est jamais équivalente à celle des mêmes fruits mûrissant plus
lentement dans un endroit où la lumière est moins vive et la température plus
basse.
C’est pourquoi il est toujours indiqué d’effectuer la
récolte de ces fruits quatre ou cinq jours avant complète maturité et de les
déposer au fruitier, où ils achèveront de mûrir plus lentement. Leur chair sera
alors bien plus délicatement parfumée et la période qui s’écoulera entre la
maturation complète et le blettissement, période pendant laquelle le fruit
pourra être utilisé avec le maximum de profit, sera beaucoup plus longue.
Voici, dans l’ordre de leur maturité, quelques-unes des
poires d’été qui, à notre avis, présentent le plus d’intérêt :
Épargne ou Cuisse-Madame, petit fruit mûr dès
la fin de juillet, à chair blanche, mi-fine, assez sucrée et bien juteuse,
connu et estimé sur les marchés en raison surtout de sa précocité.
L’arbre, vigoureux lorsqu’il est greffé sur franc, doit être
cultivé en haute tige. Il s’y montre de bonne fertilité.
Beurré Giffard, poire déjà moyenne, bien faite et
bien colorée, mûrit dans les premiers jours d’août. Sa chair est blanche, fine,
fondante, très juteuse, sucrée et un peu acidulée. Elle a le grave défaut de
blettir très rapidement.
L’arbre, assez vigoureux, fructifie bien. Le plus souvent
cultivé en haute tige au verger, il va aussi très bien au jardin fruitier, mais
de préférence en contre-espalier, car son port un peu divariqué permet
difficilement de le conduire en fuseau.
André Desportes, mûr également au début d’août, est
encore un bon fruit, à chair juteuse, sucrée et légèrement acidulée.
De vigueur très modérée, il fructifie beaucoup et peut être
cultivé sous toutes les formes, à condition qu’elles ne soient pas trop
grandes.
Clapp’s favorite est une très bonne poire, mûre dans
la deuxième quinzaine d’août, à peau vert jaunâtre devenant jaune d’or à
maturité, largement lavée de vermillon du côté du soleil, à chair blanche,
fine, fondante, très sucrée, légèrement acidulée. On peut cependant lui
reprocher de blettir trop facilement.
L’arbre, de bonne vigueur, fertile, à port érigé,
fait également de très beaux fuseaux lorsqu’il est greffé sur cognassier.
Bon-Chrétien William, ou simplement William’s,
est un fruit universellement connu et renommé à juste titre, mûrissant aussi
fin août. Sa chair est fine, fondante, très juteuse, d’un parfum fortement
musqué qui, sans plaire à tout le monde, recueille cependant bien des suffrages.
Aussi est-ce le fruit de commerce par excellence.
L’arbre, de bonne vigueur, fertile, résistant aux maladies,
se cultive sous n’importe quelle forme.
Triomphe de Vienne est encore un fruit de première
qualité, gros, à peau jaune vif légèrement rosée au soleil, à chair fine,
fondante, juteuse et parfumée, mûrissant au début de septembre.
L’arbre est de vigueur moyenne sur cognassier ; les
formes à lui donner sont plutôt petites. Il est plus vigoureux sur franc et, de
toute façon, fructifie bien.
Enfin, Beurré d’Amanlis est une poire du début de
septembre, fine, fondante, juteuse, sucrée et bien parfumée, à peau vert
jaunâtre du côté de l’ombre, rouge brun à l’insolation, blettissant avec
facilité.
L’arbre, très vigoureux, à branches retombantes, convient
bien en haute tige. Il n’est pas facile à former en fuseau. On le plante aussi
parfois le long d’un treillage en contre-espalier où sa fructification, sous
des formes assez étendues, est toujours satisfaisante.
E. DELPLACE.
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