Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°630 Août 1949  > Page 603 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Quelques bonnes poires d’été

C’est à l’époque des vacances que la poire est particulièrement appréciée ! ... Aussi, tout propriétaire désireux d’établir une plantation ne manque-t-il pas d’inclure dans sa liste un certain nombre de poiriers à fruits d’été ... Or, les variétés de poires d’été sont nombreuses, mais toutes ne présentent pas le même intérêt, et peut-être n’est-il pas inutile de rappeler ici les caractères de quelques-unes des meilleures ...

Précisons d’abord que, pour les fruits d’été, qui arrivent à maturité à l’époque de l’année où la lumière est vive et la température élevée, les phénomènes de maturation, dont le principal est la transformation des acides contenus dans le fruit en sucres, sont très rapides. Une poire est encore verte aujourd’hui ; elle est mûre quelques jours plus tard et, si l’on ne la récolte pas, les sucres qu’elle contient se transforment en alcools, la pulpe brunit ; c’est le blettissement, qui, le plus souvent, ôte au fruit la plus grande partie de sa valeur, le rendant, sinon inconsommable, du moins intransportable et invendable.

D’ailleurs, la qualité des poires d’été mûrissant sur l’arbre n’est jamais équivalente à celle des mêmes fruits mûrissant plus lentement dans un endroit où la lumière est moins vive et la température plus basse.

C’est pourquoi il est toujours indiqué d’effectuer la récolte de ces fruits quatre ou cinq jours avant complète maturité et de les déposer au fruitier, où ils achèveront de mûrir plus lentement. Leur chair sera alors bien plus délicatement parfumée et la période qui s’écoulera entre la maturation complète et le blettissement, période pendant laquelle le fruit pourra être utilisé avec le maximum de profit, sera beaucoup plus longue.

Voici, dans l’ordre de leur maturité, quelques-unes des poires d’été qui, à notre avis, présentent le plus d’intérêt :

Épargne ou Cuisse-Madame, petit fruit mûr dès la fin de juillet, à chair blanche, mi-fine, assez sucrée et bien juteuse, connu et estimé sur les marchés en raison surtout de sa précocité.

L’arbre, vigoureux lorsqu’il est greffé sur franc, doit être cultivé en haute tige. Il s’y montre de bonne fertilité.

Beurré Giffard, poire déjà moyenne, bien faite et bien colorée, mûrit dans les premiers jours d’août. Sa chair est blanche, fine, fondante, très juteuse, sucrée et un peu acidulée. Elle a le grave défaut de blettir très rapidement.

L’arbre, assez vigoureux, fructifie bien. Le plus souvent cultivé en haute tige au verger, il va aussi très bien au jardin fruitier, mais de préférence en contre-espalier, car son port un peu divariqué permet difficilement de le conduire en fuseau.

André Desportes, mûr également au début d’août, est encore un bon fruit, à chair juteuse, sucrée et légèrement acidulée.

De vigueur très modérée, il fructifie beaucoup et peut être cultivé sous toutes les formes, à condition qu’elles ne soient pas trop grandes.

Clapp’s favorite est une très bonne poire, mûre dans la deuxième quinzaine d’août, à peau vert jaunâtre devenant jaune d’or à maturité, largement lavée de vermillon du côté du soleil, à chair blanche, fine, fondante, très sucrée, légèrement acidulée. On peut cependant lui reprocher de blettir trop facilement.

L’arbre, de bonne vigueur, fertile, à port érigé, fait également de très beaux fuseaux lorsqu’il est greffé sur cognassier.

Bon-Chrétien William, ou simplement William’s, est un fruit universellement connu et renommé à juste titre, mûrissant aussi fin août. Sa chair est fine, fondante, très juteuse, d’un parfum fortement musqué qui, sans plaire à tout le monde, recueille cependant bien des suffrages. Aussi est-ce le fruit de commerce par excellence.

L’arbre, de bonne vigueur, fertile, résistant aux maladies, se cultive sous n’importe quelle forme.

Triomphe de Vienne est encore un fruit de première qualité, gros, à peau jaune vif légèrement rosée au soleil, à chair fine, fondante, juteuse et parfumée, mûrissant au début de septembre.

L’arbre est de vigueur moyenne sur cognassier ; les formes à lui donner sont plutôt petites. Il est plus vigoureux sur franc et, de toute façon, fructifie bien.

Enfin, Beurré d’Amanlis est une poire du début de septembre, fine, fondante, juteuse, sucrée et bien parfumée, à peau vert jaunâtre du côté de l’ombre, rouge brun à l’insolation, blettissant avec facilité.

L’arbre, très vigoureux, à branches retombantes, convient bien en haute tige. Il n’est pas facile à former en fuseau. On le plante aussi parfois le long d’un treillage en contre-espalier où sa fructification, sous des formes assez étendues, est toujours satisfaisante.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 603