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Alimentation des porcs

Les rations équilibrées.

— Pour gagner du temps sur la durée de l’élevage et de l’engraissement des porcs, en réduisant les dépenses et le prix de revient du kilogramme de viande nette, il est absolument nécessaire d’observer les principes directeurs qui conditionnent l’assimilation des denrées et soutiennent la nutrition.

Pour obtenir le maximum de rendement, il ne suffit pas de faire le plein des estomacs avec n’importe quoi, qu’il s’agisse de grains, de laitage, de résidus industriels, etc. Mais il faut que les aliments ingérés aient une digestibilité suffisante, et que l’on associe en proportions variables, suivant l’âge des porcs et leur fonction, des denrées d’origine végétale et d’origine animale, les truies nourrices et les portières ne devant pas être nourries de la même manière que les sujets à l’engrais.

La question des protéines.

— On sait que tous les animaux doivent recevoir dans leur ration quotidienne, outre les matières hydrocarbonées, surtout représentées par l’amidon et la fécule, des matières azotées (protéines). Le porc, étant un omnivore, est assez avide d’azote.

Mais toutes les protéines sont loin d’avoir même valeur nutritive, bien que leur teneur en azote se cantonne aux alentours de 16 p. 100. Cela tient à ce que leur digestibilité est inconstante, ainsi que les biologistes l’ont démontré, en comparant les quantités ingérées et les quantités expulsées par les fèces à l’analyse. D’après les rejets, ils ont conclu que les protéines d’origine animale sont plus profitables que les protéines d’origine végétale.

Ainsi, le sang, la viande, le lait écrémé, la farine de poisson, etc., ont une valeur nutritive supérieure aux protéines provenant des grains, des tourteaux, des issues de moulin, etc. Cependant, d’après les remarques des praticiens, les meilleurs résultats seraient fournis par l’association judicieuse des protéines animales et végétales, lesquelles se complètent harmonieusement par leurs amides (lysine, méthionine, tryptophane, arginine, etc.), chacun d’eux ayant un rôle stimulant à jouer dans les arcanes de la nutrition.

Choix des matières azotées.

— Le rationnement des porcs, comme celui des autres animaux domestiques, s’énonce couramment en unités fourragères (U. F.), l’unité fourragère étant représentée par le kilogramme de céréale, orge et maïs, dont la teneur en matière azotée n’est guère que de 8 p. 100 pour une richesse en amidon de 60 p. 100 environ.

Sachant que la teneur en protéines des unités fourragères distribuées aux porcs doit être maintenue, suivant l’âge ou la fonction, entre 11 et 14 p. 100 de matières azotées, on est tenu d’importer le manquant en s’adressant à d’autres sources, c’est-à-dire en associant à l’orge, ou à d’autres céréales, des denrées surazotées, en choisissant dans les deux règnes, animal et végétal, les plus riches en matières azotées, énumérées sur les listes ci-après :

Denrées surazotées d’origine végétale.

Issues de moulin (sons, recoupettes, etc.) 110 gr. au kg.
Gluten de maïs 175
Germes de malt 190
Légumineuses (pois, féverole, etc.) 200
Tourteau de lin 250
Tourteau d’arachides décortiquées 350
Tourteau de soya 400

Denrées surazotées d’origine animale.

Babeurre frais 30 gr. au kg.
Lait écrémé frais 35
Sang frais 200
Babeurre sec 270
Lait écrémé sec 330
Farine de poisson 420
Sang desséché 540
Farine de viande 600

Rationnement des porcs.

— Dans le tableau ci-après sont mentionnées les nourritures nécessaires à l’alimentation des porcelets, des porcs à l’engrais et des reproducteurs, évaluées en unités fourragères et, en regard, la teneur desdites unités fourragères en matières azotées.

Porcs classés. Unités fourragères. Matières azotées
en grammes.
Par unité fourragère
en grammes.
Porcelets (trois mois) 1,5 210 140
Porcs de quatre mois 2,5 310 125
Porcs de six mois 3,0 330 110
Truie portière 4,0 520 130
Truie nourrice (A) 5,0 675 135
(B) 6,0 810 135
(C) 8,0 1.080 135

Les truies nourrices A, B, C, sont celles qui ont respectivement des porcelets âgés de quinze jours, d’un mois et de deux mois.

Les quantités consignées ne sont que très approximatives et représentent plutôt un minimum. Suivant l’appétit des bêtes, on augmente d’une demi et même d’une unité fourragère l’importance des distributions, surtout celles des nourrices.

Pour la mise en équilibre d’une ration destinée, par exemple, à une truie en gestation, nécessitant 4 unités fourragères, on lui donnera 3 kilogrammes de farine d’orge, plus 1 kilogramme de verdures diverses. Le déficit en protéines étant de 240 grammes environ, on le comblera en ajoutant 300 grammes de tourteau d’arachide et 200 grammes de farine de viande. On pourrait également recourir à l’emploi de tourteau pour moitié et compléter par 4 litres de lait écrémé.

Vitamines et minéraux.

— Les rations ne peuvent vraiment être profitables que si elles contiennent des minéraux associés à des vitamines A, dites de croissance, et des vitamines D, antirachitiques.

Les minéraux indispensables, qui, bien souvent, ne sont pas en quantité suffisante dans les rations, sont le phosphore et le calcium, ainsi que le chlorure de sodium.

Par 100 kilogrammes de poids vif, on admet qu’il faille 2 grammes de phosphore et 6 grammes de calcium, lesquels seront apportés par une distribution quotidienne de 40 à 50 grammes de poudre d’os. Enfin on ajoutera 10 grammes de sel marin, si on n’emploie pas d’eaux grasses salées pour confectionner la pâtée.

Quant aux vitamines essentielles, elles seront apportées intégralement, si on distribue tous les jours, par 100 kilogrammes de poids vif, des verdures variées, notamment des herbes tendres (trèfle, vesce, etc.), des racines crues (carottes, betteraves), des choux fourragers, des salades, etc., 2 kilogrammes environ en supplément, à moins que les animaux aillent au pré.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 609