Nombreux sont ceux qui se désolent de la stérilité de
certaines de leurs lapines, pour la perte de temps et d’argent qui en résulte,
et le trouble apporté dans l’organisation du cycle prévu d’élevage. Momentanée
ou permanente, cette stérilité peut-elle être évitée ou guérie ? ...
À quoi donc est due cette anomalie de la reproduction ? ...
Des expériences et des constatations diverses ont démontré
qu’un tel état de choses pouvait être la conséquence de certaines erreurs
d’exploitation proprement dites (hygiène mal comprise, alimentation
défectueuse) ou d’une ignorance du cycle sexuel de la lapine, bien différent de
celui des femelles des autres animaux domestiques.
Il peut y avoir stérilité par avitaminose. En effet, si la
vitamine E fait défaut dans l’alimentation des lapines, son absence
entraîne la disparition de la fécondation. On obvie à cet inconvénient en
distribuant des grains germés, orge ou avoine, très riches en vitamines E,
dites souvent vitamines de reproduction. Par ailleurs, lorsque des lapines reçoivent
une nourriture trop riche en éléments farineux, l’engraissement excessif qui en
résulte est le plus souvent une cause de stérilité. On diminuera alors la
proportion de tous aliments amylacés et chaque jour on se trouvera bien de
distribuer quarante à cinquante grammes d’avoine, de chènevis, de sarrasin, de
préférence germés. En outre, certains sujets se refusent obstinément à tout
rapprochement sexuel : il en est ainsi pour les lapines que l’on laisse
plusieurs mois sans les présenter au mâle ; il en est de même pour les
reproductrices qui sont épuisées par plusieurs portées nombreuses trop
rapprochées ; elles sont dans une déficience telle que, si même elles sont
saillies, la fécondation ne peut pas avoir lieu. Une exploitation raisonnée du
clapier est donc indispensable.
Mais, en dehors de ces considérations, il faut aussi tenir
compte de ce que la fécondation, chez la lapine, ne peut avoir lieu que dans
certaines conditions. Ce serait sortir du cadre de cet article que d’expliquer
tout le processus de la fécondation, le rôle du corps jaune, la libération des
ovules, etc. Il suffit de dire que, chez la lapine, l’excitation nerveuse est
indispensable pour qu’il y ait fécondation.
Comment provoquer cette excitation nerveuse ? ...
Souvent l’odeur ou la vue peuvent suffire. Si la femelle, transportée dans la
case du mâle, n’accepte pas les avances de ce dernier, on a avantage à la
ramener dans sa propre case ; au bout de un ou deux jours, on la
représentera au mâle : la saillie aura généralement lieu avec succès.
Mais il se peut aussi que la lapine soit saillie, sans que
la fécondation s’ensuive. On peut souvent le constater par son attitude
caractéristique (elle s’arrache du poil, elle fait un faux nid, etc. ...) ;
dans ce cas, il est préférable, pour certaines raisons physiologiques,
d’attendre quinze à vingt jours avant une nouvelle présentation.
Si vous apportez tous vos soins à l’alimentation et si
l’hygiène indispensable est respectée, vous perdrez le moins de temps possible.
Mais si, en tenant compte des considérations ci-dessus, une lapine restait
stérile pendant deux ou trois mois, vous auriez tout avantage à la sacrifier.
Mais ce fait ne se reproduit pas souvent lorsque l’éleveur connaît les
différentes causes de stérilité et les moyens d’y remédier.
E. DE JEANAY-CHALENS.
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