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Maisonnette pour retraités

« Ma maison sera toujours assez grande pour les vrais amis qu’elle pourra contenir. »

Bien des gens pourront se répéter cette parole d’un Ancien, pour se consoler de ne pouvoir bâtir une grande demeure.

Celle que je vous présente aujourd’hui n’a pas été conçue pour éblouir les passants, ni pour donner aux occupants le grand confort bourgeois, mais pour assurer un refuge douillet et suffisant à un ménage de modestes fonctionnaires, au soir de leur existence laborieuse.

Grande salle dans laquelle on entre directement, à l’abri d’un petit porche ; studio communiquant largement avec la salle, mais pouvant servir de chambre pour les enfants ou les amis de passage ; chambre communiquant directement avec la salle de bains ; w.-c. ; cuisine communiquant directement avec garage latéral, au fond duquel se trouve le poulailler ; grand grenier où deux petites chambres pourront être aménagées (avec escalier partant de la salle) ; cave partielle sous la salle (avec escalier intérieur). Voilà de quoi satisfaire ceux qui, habitués à servir, n’ont point de vastes ambitions.

Distribution.

— Nous accédons, dans l’axe du corps principal du bâtiment, à un petit porche central (3m,50 x 2 mètres) porté par deux pilastres carrés, et nous pénétrons dans la grande salle par une porte-fenêtre à deux vantaux de 1m,80 de large x 2m,50 de haut.

Cette grande salle (5 mètres x 4m,50) est éclairée, en outre, par deux fenêtres d’angle de 0m,90 x 1m,50 qui donnent vue sur deux points de l’horizon, remplaçant ainsi un bow-window. Au tond de la salle trône une grande cheminée rustique. À droite de cette cheminée, se trouve un petit dégagement qui distribue chambre, w.-c., cuisine, petit placard et descente de cave. À gauche de la cheminée se trouve, fermé par une porte, le départ d’escalier du grenier.

À droite de la salle, une grande porte pliante à trois vantaux donne communication directe avec le studio, les deux pièces réunies formant vaste réception. À gauche, un très large panneau reçoit le grand buffet. À droite, près de l’accès de la cuisine, se place la desserte. Entre la porte d’entrée et la fenêtre de façade, on peut avoir une armoire, ou une bibliothèque, ou un piano, ou une pendule.

Le studio (3m,60 x 2m,80) s’éclaire par deux fenêtres d’angle de 0m,90 x 1m,50. On y trouve un large divan avec table de chevet pour coucher deux personnes (des tiroirs peuvent être placés sous le divan, et des étagères suspendues au-dessus), une bibliothèque, un grand bureau sous les deux fenêtres.

Au fond de la salle, le petit dégagement de 1 mètre de large donne sur la descente de cave, sur un petit placard-penderie (1 mètre x 0m,55), sur la chambre, le w.-c. (1m,70 x 1 mètre), la cuisine.

La chambre (3m,40 x 2m,80) s’éclaire par deux fenêtres d’angle de 0m,90 x lm,50. Elle est meublée par un lit d’angle à deux places, une armoire, une commode ou bahut, une table sous les fenêtres d’angle.

La cuisine (3m,60 x 2m,80) comporte : cuisinière, évier avec grand égouttoir, deux placards, peut-être frigidaire, table centrale. Elle s’éclaire, en façade arrière, par une fenêtre (1 mètre x 1m,20) à l’appui élevé pour éviter les éclaboussures de l’évier, et par une porte de sortie sur jardin (0m,80 x 2m,50).

Entre la chambre et le studio s’insère la salle de bains (2m,80 x lm,80), communiquant avec ces deux pièces. Nous y voyons : baignoire, lavabo, bidet. De la cuisine, nous passons directement au fond du garage (5 mètres x 3 mètres) qui ouvre sur la rue par une grande porte cintrée de 2m,30 de large, avec panneaux vitrés.

Au fond du garage se trouve le poulailler (3 mètres x lm,40), qui est ainsi bien abrité du froid, de la chaleur et surtout de l’humidité, condition favorable à la ponte et à la santé des volailles. Les pondoirs peuvent être disposés du côté du garage, avec ouvertures à coulisse ou à couvercle abattant permettant de ramasser les œufs sans déranger les poules. Une porte avec petit passage pour les poules permettra à celles-ci d’accéder à un enclos grillagé, peut être partiellement couvert, placé derrière la maison.

Construction.

— Les murs de refend, montant jusqu’au toit à deux pentes sans complications, permettront de n’avoir comme charpente que des pannes et des chevrons. Les avant-toits, dépassant sur les murs de tous côtés, protégeront ceux-ci de la pluie.

Dans bien des régions où la pierre abonde, et où un mur de 50 ne coûte pas plus cher qu’un mur en briques ou en agglomérés, les murs seront en pierres brutes, hourdées avec un bon mortier de chaux hydraulique lourde et sable maigre. Une chape isolante en asphalte sera faite en contrebas du plancher du rez-de-chaussée, sur tout le pourtour des murs extérieurs et intérieurs, pour empêcher l’eau de monter par capillarité comme dans un morceau de sucre. À l’extérieur, de bons enduits au mortier bâtard de chaux lourde, ciment et sable de rivière, soit avec incorporation d’hydrofuge, soit avec badigeon au silexore, protégeront les murs contre la pluie fouettante.

Aspect extérieur.

— Comme l’indique le dessin, la façade est agrémentée :

1° Par le porche central sur deux pilastres carrés surmontés de chapiteaux carrés très simples, avec fronton rustique où se balance une belle lanterne en ferronnerie forgée par le serrurier local (et non l’affreux article de bazar) ;

2° Par les volets décoratifs en bois plein, avec losanges de triangulation assurant l’indéformabilité, qui défendront l’intérieur contre le froid excessif ou la grande chaleur ; par les fenêtres à petits carreaux, beaucoup plus solides que les fenêtres à grands carreaux ; par la porte de garage à deux vantaux en bois massif avec panneaux ferronnerie en éventail.

La peinture des avant-toits, des fenêtres, des volets, s’enlèvera sur le fond clair des crépis rustiques, sur lesquels monteront quelques plantes grimpantes. Deux belles jarres en terre cuite garnies de géraniums précéderont les pilastres de chaque côté des marches d’entrée.

Et je pense, en terminant, aux vers de Lamartine :

    Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
    Un asile d’un jour pour attendre la mort.

Gérard TISSOIRE.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 612