L’élimination des pondeuses médiocres et des bouches
inutiles doit être effectuée dans tout élevage de rapport, et le travail de
sélection tendant à ce but doit commencer dès le jeune âge.
Sous la poule ou sous l’éleveuse artificielle, n’hésitez pas
à supprimer les poussins malingres : ils n’auront jamais de valeur et ne
paieront pas les soins et la nourriture. Cette opération effectuée, il reste,
en gros, deux catégories de poussins : les faibles et les forts.
Les poussins faibles, brimés par les autres, ne profitent
pas de la nourriture et, bien que sains, dépérissent souvent ou tout au moins
ne progressent pas. Aussi, dès que le lot de poussins présente une certaine
importance (à partir d’une cinquantaine), il y a toujours intérêt à disposer de
deux éleveuses de façon à y élever deux bandes de même vigueur. Souvent,
ensuite, les faibles rattrapent en poids les autres.
Dès que la distinction des sexes est possible, ce qui varie
suivant les races et l’alimentation, il y a intérêt à faire une nouvelle séparation
entre les meilleurs coquelets, destinés à la reproduction et ceux qui
aboutiront à la consommation.
Une fois les poulettes seules, il y a lieu de transformer
leur salle d’élevage en poulailler ou de les transférer sur la prairie dans un
poulailler mobile d’été par petits lots de 25-30. Il faut veiller les premiers
jours à ce qu’elles se perchent bien, afin d’éviter de passer la nuit au sol
sous les perchoirs et d’être souillées par les déjections des autres.
Au fur et à mesure de leur développement, suivre
attentivement le régime alimentaire afin de les obtenir à point pour la ponte
d’hiver. Mais il ne faut précisément pas forcer trop tôt sur l’alimentation
azotée, afin d’éviter une ponte prématurée au mois d’août qui serait suivie,
neuf fois sur dix, d’une mue indésirable suspendant la ponte précisément au
moment où les cours des œufs sont les plus élevés, c’est-à-dire d’octobre à
janvier.
Avant le déclenchement de la saison de ponte, il est
indispensable de procéder à l’examen individuel des poulettes.
Il n’y a pas lieu, à ce moment, d’attacher d’importance à
l’écartement des os pelviens, cette indication ne valant que pour les poules
ayant pondu. Pincez, entre le pouce et l’index, l’extrémité de ces os ;
ils ne doivent pas être recouverts de graisse s’opposant au passage de
l’œuf ; mais minces pour être flexibles au moment de la ponte. La peau
doit être fine, très souple, avec de petites veines bleues qui indiquent les
futures pondeuses de qualité. La masse intestinale doit être importante :
la bonne pondeuse mange beaucoup et assimile en quantité.
Même en petit élevage, dès que celui-ci dépasse quelques
unités, les conseils précités ne sont pas inutiles, car il suffit de 25
p. 100 de pondeuses médiocres pour rendre tout bénéfice illusoire. Les
poulettes présentant des caractères opposés à ceux qui viennent d’être exposés
doivent être impitoyablement dirigées sur la cuisine.
Efforcez-vous par la suite, dès octobre, de connaître celles
qui pondent et celles qui ne pondent pas de façon à les baguer et à mettre, au
printemps suivant, seulement à couver les œufs provenant des bonnes pondeuses
d’automne, c’est-à-dire des seules pondeuses rentables.
Les éleveurs qui ont suffisamment de temps ou dont
l’importance du troupeau le justifie ont évidemment un moyen simple et parfait
de contrôle à leur disposition ; c’est le nid-trappe, dont il existe
plusieurs modèles.
Beaucoup d’éleveurs prétendent qu’il est inutile de réformer
les poulettes ayant eu une mauvaise ponte d’hiver sous prétexte qu’elles
rattrapent le déficit par une abondante ponte d’été.
Ne tombez pas dans cette erreur fréquente. Tous les
professionnels dont les comptes et contrôles sont tenus sérieusement ont
démontré qu’une mauvaise pondeuse d’hiver est habituellement une
médiocre pondeuse d’été.
R. GARETTA.
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