Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°632 Octobre 1949  > Page 695 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Camping

Choix de l’emplacement

Quel que soit le mode de camping que vous aurez choisi (1), la même question se posera au soir de chaque étape : où vais-je camper ?

C’est là le problème qui préoccupe tous les débutants et même bien des campeurs chevronnés ! C’est à lui que je consacrerai cette chronique ...

Avant toutes choses, il faut se mettre dans la tête que la France et les pays voisins ne sont pas le Canada ou l’Amérique du Sud. Tous ces terrains sur lesquels il vous est possible de planter votre tente appartiennent à un propriétaire, et vous ne devez pas vous installer sans autorisation préalable.

Le propriétaire peut être l’État (cas des forêts domaniales et de certains terrains militaires), le département ou les communes (cas des bois communaux ou de certains terrains voisins des petites villes ou bourgades) ou bien un particulier.

La question du camping dans les forêts domaniales est pratiquement réglée. Seuls, les possesseurs de la licence fédérale ont le droit de camper dans ces forêts ou plutôt sur les emplacements autorisés (généralement près des maisons des gardes forestiers). S’adresser au garde, en lui montrant la carte de club revêtue de la licence de l’année en cours. Le garde est en droit de conserver la carte et de ne la remettre à son détenteur que lors de son départ (2).

Pour les terrains communaux, demander en passant l’autorisation à la mairie. De plus en plus, la licence fédérale est exigée, étant donnés les garanties contre l’incendie et les accidents causés aux tiers qui l’accompagnent.

Quant aux terrains privés, il ne devrait pas être besoin de dire que l’autorisation préalable s’impose. C’est là une question de tact et de politesse.

Iriez-vous vous installer d’autorité dans l’appartement de quelqu’un ? Non ! sûrement pas ! Pourquoi, alors, de très nombreux campeurs s’installent-ils dans un champ comme s’il était à eux et pourquoi voulez-vous qu’un cultivateur soit heureux de voir tout d’un coup une tente sur ses terres, sans que personne soit venu le voir. S’il vient alors vous prier de décamper, j’estime, quant à moi, qu’il a parfaitement raison.

Amis campeurs, suivez le conseil d’un ancien qui a parcouru tous les coins de France, qui a campé dans toutes nos belles provinces. Partout, j’ai demandé l’autorisation de camper ; partout, j’ai trouvé un accueil que seuls savent accorder les vieux terriens de chez nous. Et partout, en levant le camp, j’avais dans un nouveau coin de notre beau pays un ami de plus.

Mais, de grâce, sachez que l’autorisation qu’on vous donne de si bon cœur mérite un remerciement et de la reconnaissance. Avant de partir, allez prendre congé et, petit à petit, dans les lieux les plus divers, vous vous serez constitué un petit réseau de camps personnels (3) où vous serez toujours accueillis comme de vieilles connaissances.

*
* *

Et maintenant, amis fermiers ou propriétaires ruraux, laissez-moi profiter de l’audience que me donne Le Chasseur Français pour m’adresser directement à vous. Le camping est en plein développement. Après les jeunes que vous voyez chaque saison, vous verrez de plus en plus des familles venir vous trouver pour avoir un emplacement où planter leur tente. Sachez que la licence fédérale (4), dont j’ai parlé plus haut, est pour vous une garantie sérieuse.

D’abord, parce que le campeur qui vous la montrera est membre d’un club, dont il a accepté les statuts et les règlements, et que, s’il se conduit mal, vous aurez la ressource de le signaler à son club, qui prendra des sanctions.

Ensuite parce qu’en elle-même la licence fédérale comporte une assurance très intéressante pour vous. Elle garantit, en effet, les risques d’incendie à raison de 2.000.000, les accidents corporels pour 2.000.000 et les dégâts matériels pour 500.000 francs.

Votre intérêt est donc de ne pas hésiter à demander à un campeur qui se présente chez vous de vous montrer sa licence ou sa carte d’identité avant de le laisser s’installer. Notez son nom et son adresse. Cela ne gênera pas le moins du monde le bon campeur, mais vous permettra de savoir contre qui vous retourner si vous avez eu affaire à un « campard ».

*
* *

Mais revenons à notre recherche d’un terrain. Il existe, à côté de ceux dont je viens de vous parler, une autre catégorie de camps. Ce sont les terrains permanents organisés. Ils appartiennent soit à des clubs, soit à des communes, soit à des particuliers. Évidemment, sur ces genres de site, aucune autorisation n’est à solliciter, puisqu’ils ont été ouverts pour accueillir les campeurs. Il vous suffira de vous conformer aux règlements de chaque camp.

Enfin, dans de rares endroits, notamment dans les montagnes au-dessus de 1.500 mètres, il y a encore des coins sauvages où l’autorisation est tacite et où vous pouvez vous installer sans avoir à rien demander.

*
* *

Vous avez trouvé le terrain idéal. Vous avez l’autorisation. Il ne vous reste plus qu’à planter votre tente sur le meilleur emplacement. Voyez d’où vient le vent dominant et placez l’ouverture de votre tente du côté opposé. Recherchez l’abri des haies, la proximité d’un ombrage. Évitez les bas-fonds à moustiques et les crêtes trop éventées, et, une fois l’emplacement choisi, n’oubliez pas, si besoin est, de le nettoyer avant de vous installer, afin d’enlever pierres, pommes de pins, épineux ou autres, qui pourraient, du premier coup, faire de votre précieux tapis de sol une dentelle fort peu agréable ...

Il ne vous restera plus ensuite qu’à profiter de votre « bain de nature » et de toutes les joies profondes que vous procurera la vie au grand air.

Jacques-J. BOUSQUET,

Président du Camping-Club de France.

(1) Voir Le Chasseur Français d’août 1949.

(2) Pour avoir la liste des clubs habilités à délivrer la licence fédérale, s’adresser à la Fédération française de Camping, 22, avenue Victoria, Paris.

(3) La plupart des clubs fournissent à leurs adhérents des fiches, de terrains. Cela facilite les recherches, mais n’empêche pas le campeur de se présenter au propriétaire.

(4) Cette licence U. P. A. C. se présente sous la forme d’un timbre bleu et jaune avec le millésime de l’année en cours. Ce timbre est collé sur la carte du club qui l’a délivré.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 695