Quel que soit le mode de camping que vous aurez
choisi (1), la même question se posera au soir de chaque étape : où
vais-je camper ?
C’est là le problème qui préoccupe tous les débutants et
même bien des campeurs chevronnés ! C’est à lui que je consacrerai cette
chronique ...
Avant toutes choses, il faut se mettre dans la tête que la
France et les pays voisins ne sont pas le Canada ou l’Amérique du Sud. Tous ces
terrains sur lesquels il vous est possible de planter votre tente appartiennent
à un propriétaire, et vous ne devez pas vous installer sans autorisation
préalable.
Le propriétaire peut être l’État (cas des forêts domaniales
et de certains terrains militaires), le département ou les communes (cas des
bois communaux ou de certains terrains voisins des petites villes ou bourgades)
ou bien un particulier.
La question du camping dans les forêts domaniales est
pratiquement réglée. Seuls, les possesseurs de la licence fédérale ont le droit
de camper dans ces forêts ou plutôt sur les emplacements autorisés (généralement
près des maisons des gardes forestiers). S’adresser au garde, en lui montrant
la carte de club revêtue de la licence de l’année en cours. Le garde est en
droit de conserver la carte et de ne la remettre à son détenteur que lors de
son départ (2).
Pour les terrains communaux, demander en passant
l’autorisation à la mairie. De plus en plus, la licence fédérale est exigée,
étant donnés les garanties contre l’incendie et les accidents causés aux tiers
qui l’accompagnent.
Quant aux terrains privés, il ne devrait pas être besoin de
dire que l’autorisation préalable s’impose. C’est là une question de tact et de
politesse.
Iriez-vous vous installer d’autorité dans l’appartement de
quelqu’un ? Non ! sûrement pas ! Pourquoi, alors, de très
nombreux campeurs s’installent-ils dans un champ comme s’il était à eux et
pourquoi voulez-vous qu’un cultivateur soit heureux de voir tout d’un coup une
tente sur ses terres, sans que personne soit venu le voir. S’il vient alors
vous prier de décamper, j’estime, quant à moi, qu’il a parfaitement raison.
Amis campeurs, suivez le conseil d’un ancien qui a parcouru
tous les coins de France, qui a campé dans toutes nos belles provinces.
Partout, j’ai demandé l’autorisation de camper ; partout, j’ai trouvé un
accueil que seuls savent accorder les vieux terriens de chez nous. Et partout,
en levant le camp, j’avais dans un nouveau coin de notre beau pays un ami de
plus.
Mais, de grâce, sachez que l’autorisation qu’on vous donne
de si bon cœur mérite un remerciement et de la reconnaissance. Avant de partir,
allez prendre congé et, petit à petit, dans les lieux les plus divers, vous
vous serez constitué un petit réseau de camps personnels (3) où vous serez
toujours accueillis comme de vieilles connaissances.
* * *
Et maintenant, amis fermiers ou propriétaires ruraux,
laissez-moi profiter de l’audience que me donne Le Chasseur Français
pour m’adresser directement à vous. Le camping est en plein développement.
Après les jeunes que vous voyez chaque saison, vous verrez de plus en plus des
familles venir vous trouver pour avoir un emplacement où planter leur tente.
Sachez que la licence fédérale (4), dont j’ai parlé plus haut, est pour
vous une garantie sérieuse.
D’abord, parce que le campeur qui vous la montrera est
membre d’un club, dont il a accepté les statuts et les règlements, et que, s’il
se conduit mal, vous aurez la ressource de le signaler à son club, qui prendra
des sanctions.
Ensuite parce qu’en elle-même la licence fédérale comporte
une assurance très intéressante pour vous. Elle garantit, en effet, les risques
d’incendie à raison de 2.000.000, les accidents corporels pour 2.000.000 et les
dégâts matériels pour 500.000 francs.
Votre intérêt est donc de ne pas hésiter à demander à un
campeur qui se présente chez vous de vous montrer sa licence ou sa carte
d’identité avant de le laisser s’installer. Notez son nom et son adresse. Cela
ne gênera pas le moins du monde le bon campeur, mais vous permettra de savoir
contre qui vous retourner si vous avez eu affaire à un « campard ».
* * *
Mais revenons à notre recherche d’un terrain. Il existe, à
côté de ceux dont je viens de vous parler, une autre catégorie de camps. Ce
sont les terrains permanents organisés. Ils appartiennent soit à des clubs, soit
à des communes, soit à des particuliers. Évidemment, sur ces genres de site,
aucune autorisation n’est à solliciter, puisqu’ils ont été ouverts pour
accueillir les campeurs. Il vous suffira de vous conformer aux règlements de
chaque camp.
Enfin, dans de rares endroits, notamment dans les montagnes
au-dessus de 1.500 mètres, il y a encore des coins sauvages où
l’autorisation est tacite et où vous pouvez vous installer sans avoir à rien
demander.
* * *
Vous avez trouvé le terrain idéal. Vous avez l’autorisation.
Il ne vous reste plus qu’à planter votre tente sur le meilleur emplacement.
Voyez d’où vient le vent dominant et placez l’ouverture de votre tente du côté
opposé. Recherchez l’abri des haies, la proximité d’un ombrage. Évitez les
bas-fonds à moustiques et les crêtes trop éventées, et, une fois l’emplacement
choisi, n’oubliez pas, si besoin est, de le nettoyer avant de vous installer,
afin d’enlever pierres, pommes de pins, épineux ou autres, qui pourraient, du
premier coup, faire de votre précieux tapis de sol une dentelle fort peu
agréable ...
Il ne vous restera plus ensuite qu’à profiter de votre
« bain de nature » et de toutes les joies profondes que vous
procurera la vie au grand air.
Jacques-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
(1) Voir Le Chasseur Français d’août 1949.
(2) Pour avoir la liste des clubs habilités à délivrer la
licence fédérale, s’adresser à la Fédération française de Camping, 22, avenue
Victoria, Paris.
(3) La plupart des clubs fournissent à leurs adhérents des
fiches, de terrains. Cela facilite les recherches, mais n’empêche pas le
campeur de se présenter au propriétaire.
(4) Cette licence U. P. A. C. se présente
sous la forme d’un timbre bleu et jaune avec le millésime de l’année en cours.
Ce timbre est collé sur la carte du club qui l’a délivré.
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