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Au rucher

Le matériel apicole

Les débutants en apiculture sont souvent embarrassés devant la multitude des fournitures qui leur sont proposées et se demandent ce qu’il est indispensable de se procurer immédiatement, ce qui peut attendre ou ce qui est inutile.

Il s’agit tout d’abord de savoir ce que l’on veut faire. Admettons donc le cas général de l’amateur qui veut quelques colonies pour récolter du miel pour sa famille et disposer à l’occasion d’un peu de surplus, dont la vente permettra d’agrandir ou moderniser le rucher.

À tout seigneur tout honneur ; la ruche à cadres tient la première place ; on ne conçoit pas évidemment d’élevage d’abeilles sans elle. Il y en a de toutes les formes et de toutes les dimensions, chacun prenant celle qu’il fabrique ou dont il a l’habitude. Nous reviendrons sur cette importante question, qui demande une causerie spéciale.

Une fois nos ruches installées, il nous faut pouvoir les visiter de temps à autre ou les manipuler, soit à la visite du printemps et d’automne, soit pour la récolte ou toute autre bonne raison. Mais les abeilles ont un dard, et elles savent s’en servir, heureusement pour elles d’ailleurs. Pour éviter leur juste colère, nous avons deux moyens : l’attaque et la défense. L’attaque consiste à les enfumer, ce qui les fait se gorger de miel et les rend relativement pacifiques. Nous nous procurerons donc un enfumoir, qui est indispensable. Pour notre défense, nous mettrons un voile sur le visage et des gants ne laissant aucun passage, si petit soit-il, par où les abeilles pourraient pénétrer. Avec l’habitude, on arrive à se passer de ces accessoires, surtout des gants, qui sont une gêne pour le travail.

Pour la visite des ruches, il nous faudra encore un ciseau de menuisier pour décoller les planchettes, au plafond, la hausse ou les cadres, et ensuite un lève-cadres, qui facilite grandement les manipulations.

La brosse à abeilles est utile pour enlever les abeilles des rayons.

Nous sommes à présent devant des hausses garnies de miel que nous voulons récolter. Là, un couteau à désoperculer est nécessaire pour enlever la mince pellicule de cire qui recouvre le miel. Un chevalet est très utile pour poser le cadre lors de cette opération. Les opercules sont mises à égoutter dans un grand tamis au-dessus d’un récipient qui recevra le miel. Si l’on peut, on fera l’emplette d’un couloir à opercules spécialement destiné à cet usage.

Pour extraire le miel des rayons, il nous faut un extracteur ; cet appareil est celui qui nous occasionnera la plus grosse dépense, mais elle est indispensable. On ne doit pas lésiner sur le prix et prendre un extracteur qui soit même un peu plus grand que nécessaire si l’on envisage d’agrandir le rucher, afin de ne pas être obligé de le remplacer au bout de quelques années. Se procurer un article solide dans une bonne maison. Là, nous avons le choix entre deux types d’appareils : le tangentiel où les rayons sont placés parallèlement à la paroi extérieure et le radiaire où ils sont placés dans l’axe du rayon. Dans le tangentiel, on doit retourner le cadre lorsqu’un côté est vide, tandis que, dans le radiaire, le retournement est inutile, mais il faut actionner la manivelle plus longtemps et plus vite.

Pour l’amateur, le tangentiel, permettant d’extraire au moins trois grands cadres ou six demi-cadres, est bien suffisant. Nous déconseillons l’extracteur à deux grands cadres, qui ne donne pas un travail parfait : la vitesse de rotation n’étant pas la même au centre du cadre et aux extrémités, la force centrifuge sur laquelle est basé l’appareil ne s’exerce pas uniformément, d’où risque de briser des rayons.

Au sortir de l’extracteur, le miel contient des déchets de cire, aussi est-il utile de placer une passoire à miel au-dessus du récipient dans lequel il est versé. Si la récolte en vaut la peine, le miel est mis dans un maturateur, dans lequel il achèvera de s’épurer, les particules de cire et les bulles d’air monteront à la surface ; il ne restera plus qu’à écumer ces impuretés au bout de quelques jours, après quoi le miel peut être soutiré et vidé dans les récipients pour la vente ou la consommation. Ne pas trop attendre pour effectuer ce transvasement, surtout si le maturateur est dans un endroit frais, sinon on court le risque de voir le miel granuler et il serait difficile ensuite de l’enlever, sauf à mettre le maturateur au bain-marie, ce qui n’est pas une petite affaire pour peu que celui-ci pèse deux ou trois cents kilos.

Le miel destiné à être consommé dans la famille, ou vendu en gros, sera transvasé dans des seaux métalliques de cinq à vingt kilos et celui vendu au détail dans des petits pots en carton de deux cent cinquante grammes à un kilo, à moins que l’on ne préfère le pot en verre, plus cher mais de meilleure présentation ; tout dépend de la clientèle à laquelle on s’adresse. Les apiculteurs qui veulent préparer eux-mêmes les cadres avec de la cire gaufrée devront se procurer, outre la cire gaufrée, du fil étamé et un éperon que l’on fait chauffer pour souder la cire gaufrée au fil de fer. Une planche, de la grandeur intérieure du cadre et d’épaisseur convenable, sert à maintenir la feuille gaufrée contre le fil de fer lors de la soudure. Ce travail est à la portée de tous et réalise une économie sur l’achat de cadres tout prêts. De plus, tout apiculteur digne de ce nom doit être un bon bricoleur. Il peut, par exemple, construire lui-même un chevalet à désoperculer, un tamis pour égoutter les opercules, une caisse pour le transport des cadres à récolter, etc. ... Certains font leurs ruches, mais pour celui qui n’est pas menuisier, et qui n’en désire que quelques-unes, il vaut mieux les acheter toutes faites dans une bonne maison pour ne pas avoir l’ennui d’avoir des cadres propolisés impossibles à enlever lors des visites.

Les déchets de cire d’opercules ou de vieux rayons sont fondus dans une marmite avec de l’eau. Ce récipient sera en cuivre ou en fer étamé, ou encore en fer émaillé. Si l’on ne veut pas faire les frais d’une chaudière spéciale assez chère, une lessiveuse étamée fera fort bien l’affaire. À l’aide d’un petit pressoir, on peut encore extraire une certaine quantité de cire des brèches chaudes enlevées de la chaudière.

En résumé, l’installation d’un rucher, si petit soit-il, nécessite une certaine dépense. Ces frais sont indispensables au début, si on veut éviter bien des ennuis. Il est déconseillé par exemple d’emprunter l’extracteur d’un ami pour son usage, car c’est de cette façon que nous avons vu ce terrible fléau, la loque américaine, se transmettre à plusieurs ruchers dont les propriétaires avaient utilisé le même extracteur. Cet appareil et le maturateur peuvent être achetés la seconde année, si on s’est contenté d’essaims au lieu de ruches en production pour débuter.

GUILHOU,

Expert agricole.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 706