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Mon jardin en novembre

Semis sous verre.

— Durant le mois de novembre, les semis sont en partie suspendus au potager. Ceux-ci ont été, pour la plupart, terminés en septembre, mais les plantations et les repiquages ont plus d’intérêt. À la fin du mois, on peut commencer à monter les premières couches pour semer les carottes grelot, les plus hâtives, et qui tournent facilement.

Ces couches se font avec deux tiers de fumier de cheval frais, bien imprégné d’urine, et un tiers de feuilles mortes, le tout bien mélangé, piétiné et arrosé. On entoure les coffres d’un réchaud de fumier aux approches des grands froids.

Le coup de feu passé, semer en lignes, espacées de 7 centimètres, imprimées à la règle à tracer, alternativement des carottes et des radis ronds, très rouges, et recouvrir avec le dos du râteau. On peut encore semer à la volée et repiquer 30 laitues gotte par panneau, en distribuant entre les laitues 5 à 6 graines de radis dans des trous. Radis et salades sont bons à récolter au bout d’un mois, les carottes disposent alors de toute la place.

Sur les couches remaniées, avec moitié fumier neuf, on peut semer assez dru des épinards d’Angleterre ou des Flandres, qui sont résistants à la gelée, ce qui permet de récolter en janvier-février. Mais les épinards d’automne, simplement protégés par des coffres et des châssis, peuvent également être cueillis pendant tout l’hiver. Un petit coin de couche chaude, semé en cerfeuil, donne sa récolte au bout de quatre à cinq semaines.

Semis de pleine terre.

— Semer en côtière bien exposée, ou en pleine terre, autant que possible disposée en ados, des pois Michaux que l’on pourra cueillir en mai. Distribuer la graine en rayons distants de 45 centimètres, pas trop épais, par trois rangs, en laissant un sentier de 60 centimètres entre chaque planche. Biner chaque fois qu’on le juge utile, en buttant les lignes déchaussées, mais en se tenant dans les sentiers, afin de ne pas piétiner la terre.

Repiquage, travaux divers.

— Repiquer à nouveau, sur couches chaudes, les laitues et les romaines repiquées une première fois en octobre, sous cloches. À défaut de châssis, on peut repiquer sous cloches, montées sur couche chaude, en mettant sous chacune d’elles trois laitues gotte à graine noire, avec une romaine maraîchère au centre.

Se hâter de repiquer en place les choux Cœur-de-Bœuf, York, Milan de Pontoise ou de Norvège, en les plaçant en quinconce, à 30 x 50 centimètres de distance, les plants étant enterrés jusqu’au cœur. Le terrain doit être profondément bêché et copieusement fumé.

Arracher les brocolis et les repiquer les uns à coté des autres, afin de pouvoir les protéger des grands froids avec des litières sèches. Les choux-fleurs semés en septembre, et repiqués sous cloche ou sous châssis froids, sont protégés par des accots ou des paillis, de manière que la gelée ne pénètre pas le sol.

Continuer le forçage des fraisiers en pots sur couches chaudes. Recouvrir une planche d’oseille de châssis, ou repiquer des éclats sur terreau, sous verre, afin de pouvoir récolter, même par les grands froids.

Lier les chicorées frisées et les scaroles, un peu avant les gels ; et en mettre une certaine quantité en cave, enterrées dans du sable, pour la consommation courante. Arracher aussi des poireaux pour les mettre en dépôt. Ouvrir une tranchée profonde, dans laquelle on repiquera des céleris, à 15 centimètres de distance. Recouvrir de litière en cas de forte gelée et découvrir lorsqu’elle est passée, afin d’éviter la pourriture. Les céleris-raves ne doivent pas être recouverts en entier. Relever les cardons et les entourer de paille longue ; il est souvent préférable de les rentrer en cave, où on les place debout.

Arracher les radis noirs et les enfouir dans le sable, en cave. Jeter de la grande paille ou des feuilles sur la mâche, pour la protéger. Couper le pourtour des feuilles d’artichaut, après avoir prélevé les plus beaux œilletons, que l’on fait hiverner dans des pots, sous châssis, et butter les pieds avec du sable ou du mâchefer tamisé, jusqu’à mi-hauteur des tiges. En cas de forte gelée, jeter de la paille longue par-dessus, que l’on retire une fois les gelées passées. Recouvrir de feuilles, ou de paillis la planche de pissenlit.

Labourer à la bêche, le plus profondément possible, tous les terrains libérés ; l’action de la gelée favorisera leur ameublissement. Profiter de l’occasion pour enfouir les fumures organiques dont on dispose (fumiers, terreaux, gadoues, composts, etc.) ; qui apporteront l’humus, le nerf de la terre, prometteur des belles récoltes. Dans les sols froids, à nitrification lente, une application de 10 kilogrammes à l’are de scories de déphosphoration ou de phosphates naturels finement moulus donnera d’excellents résultats.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°633 Novembre 1949 Page 746