Lorsque les jeunes poulettes sont âgées de trois mois, une
erreur trop souvent commise est celle qui consiste soit à les laisser avec les
coquelets qui les pourchassent sans arrêt, soit à les introduire dans le
poulailler des adultes, où ceux-ci leur distribuent force coups de bec, les
empêchant ainsi de profiter de la ration quotidienne qui leur est destinée. Où
logera-t-on ces futures pondeuses ? ... Voici un procédé qui, à la
ferme, donnera d’excellents résultats, tout en étant d’une réalisation peu coûteuse,
sans difficulté d’organisation.
On a tout intérêt à réunir les poulettes, par bandes
de trente sujets, dans des poulaillers mobiles, ou arches, ayant une longueur
de 2 mètres pour 1m,50 de largeur. Ces poulaillers sont
installés dans une prairie, sur un chaume, près d’un taillis, etc., et chaque
jour on les déplace de quelques dizaines de mètres. Les poulettes s’habituent
fort bien à ces habitations ambulantes, et, tout en profitant de conditions
d’hygiène exceptionnelles, elles trouvent une nourriture végétale et animale
constamment renouvelée ; la matière azotée ainsi absorbée leur est des
plus profitables, tout en étant une source d’économie pour l’éleveur ; les
vers, les larves, les insectes, la verdure sont consommés abondamment par les
élèves.
Pour un élevage fermier, le principe de l’arche mobile, ne
demandant que deux personnes pour son déplacement, paraît une des solutions les
mieux appropriées, parce que simple et d’un coût minime. L’ensemble est en
bois, 2 mètres de long et 1m,50 de large, pour une hauteur
d’environ 1m,50, et ce pour 30 à 40 poulettes ; quatre pieds de
25 centimètres de hauteur isolent le plancher du poulailler du sol. Le
toit à double pente, entièrement mobile, s’emboîte sur l’ensemble des quatre
parois verticales ; ce système facilite le nettoyage et la surveillance.
L’un des plus longs côtés, la façade, est constitué presque entièrement par du
grillage, avec, au centre, une porte d’entrée et de sortie que l’on fermera le
soir : il est en effet toujours préférable de tenir le poulailler clos
pendant la nuit. Le plancher est formé de lattes régulièrement espacées, à
l’intérieur on dispose quelques perchoirs, et, à chaque extrémité de
l’ensemble, deux poignées en bois serviront aux déplacements.
Grâce au plancher à claire-voie, le nettoyage à effectuer
est insignifiant. La façade grillagée permet une aération suffisante, et le
déplacement quotidien du poulailler empêche tout risque d’épidémies par
infection du sol. Les poulettes vivant en plein air, pour ainsi dire jour et
nuit, deviennent d’une robustesse à toute épreuve et seront en excellent état
lorsque, âgées de cinq à six mois, elles entreront dans le grand poulailler de
ponte.
Pour la distribution de la nourriture et de la boisson, on
se servira de trémies, d’augettes et d’abreuvoirs recouverts d’auvents, afin
que la pluie n’y pénètre pas. Tout ce petit matériel sera installé à
l’intérieur du poulailler mobile.
Afin d’habituer rapidement les poulettes à ce nouveau local,
il sera nécessaire de les y tenir enfermées deux jours consécutifs : ce
sera suffisant dans la plupart des cas. Lorsque l’on élève un grand nombre de
poulettes, il faudra être en possession de plusieurs poulaillers du même
genre : ne pas dépasser 25 à 30 mètres comme espacement respectif.
Ce mode d’élevage — qui est aussi excellent pour les
coquelets futurs reproducteurs — a en outre l’avantage, lorsque le nombre
des sujets élevés est important, de répandre les déjections très riches des
volailles d’une manière uniforme, et sans manutention.
Les fermiers anglais et américains se trouvent fort bien de
ce système, et il faut convenir que dans nos basses-cours de fermes françaises
son emploi est tout indiqué par les multiples avantages qu’on en retire.
E. DE JEANAY CHALENS.
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