Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°633 Novembre 1949  > Page 753 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Élevage des jeunes poulettes

Le poulailler mobile

Lorsque les jeunes poulettes sont âgées de trois mois, une erreur trop souvent commise est celle qui consiste soit à les laisser avec les coquelets qui les pourchassent sans arrêt, soit à les introduire dans le poulailler des adultes, où ceux-ci leur distribuent force coups de bec, les empêchant ainsi de profiter de la ration quotidienne qui leur est destinée. Où logera-t-on ces futures pondeuses ? ... Voici un procédé qui, à la ferme, donnera d’excellents résultats, tout en étant d’une réalisation peu coûteuse, sans difficulté d’organisation.

On a tout intérêt à réunir les poulettes, par bandes de trente sujets, dans des poulaillers mobiles, ou arches, ayant une longueur de 2 mètres pour 1m,50 de largeur. Ces poulaillers sont installés dans une prairie, sur un chaume, près d’un taillis, etc., et chaque jour on les déplace de quelques dizaines de mètres. Les poulettes s’habituent fort bien à ces habitations ambulantes, et, tout en profitant de conditions d’hygiène exceptionnelles, elles trouvent une nourriture végétale et animale constamment renouvelée ; la matière azotée ainsi absorbée leur est des plus profitables, tout en étant une source d’économie pour l’éleveur ; les vers, les larves, les insectes, la verdure sont consommés abondamment par les élèves.

Pour un élevage fermier, le principe de l’arche mobile, ne demandant que deux personnes pour son déplacement, paraît une des solutions les mieux appropriées, parce que simple et d’un coût minime. L’ensemble est en bois, 2 mètres de long et 1m,50 de large, pour une hauteur d’environ 1m,50, et ce pour 30 à 40 poulettes ; quatre pieds de 25 centimètres de hauteur isolent le plancher du poulailler du sol. Le toit à double pente, entièrement mobile, s’emboîte sur l’ensemble des quatre parois verticales ; ce système facilite le nettoyage et la surveillance. L’un des plus longs côtés, la façade, est constitué presque entièrement par du grillage, avec, au centre, une porte d’entrée et de sortie que l’on fermera le soir : il est en effet toujours préférable de tenir le poulailler clos pendant la nuit. Le plancher est formé de lattes régulièrement espacées, à l’intérieur on dispose quelques perchoirs, et, à chaque extrémité de l’ensemble, deux poignées en bois serviront aux déplacements.

Grâce au plancher à claire-voie, le nettoyage à effectuer est insignifiant. La façade grillagée permet une aération suffisante, et le déplacement quotidien du poulailler empêche tout risque d’épidémies par infection du sol. Les poulettes vivant en plein air, pour ainsi dire jour et nuit, deviennent d’une robustesse à toute épreuve et seront en excellent état lorsque, âgées de cinq à six mois, elles entreront dans le grand poulailler de ponte.

Pour la distribution de la nourriture et de la boisson, on se servira de trémies, d’augettes et d’abreuvoirs recouverts d’auvents, afin que la pluie n’y pénètre pas. Tout ce petit matériel sera installé à l’intérieur du poulailler mobile.

Afin d’habituer rapidement les poulettes à ce nouveau local, il sera nécessaire de les y tenir enfermées deux jours consécutifs : ce sera suffisant dans la plupart des cas. Lorsque l’on élève un grand nombre de poulettes, il faudra être en possession de plusieurs poulaillers du même genre : ne pas dépasser 25 à 30 mètres comme espacement respectif.

Ce mode d’élevage — qui est aussi excellent pour les coquelets futurs reproducteurs — a en outre l’avantage, lorsque le nombre des sujets élevés est important, de répandre les déjections très riches des volailles d’une manière uniforme, et sans manutention.

Les fermiers anglais et américains se trouvent fort bien de ce système, et il faut convenir que dans nos basses-cours de fermes françaises son emploi est tout indiqué par les multiples avantages qu’on en retire.

E. DE JEANAY CHALENS.

Le Chasseur Français N°633 Novembre 1949 Page 753