Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°633 Novembre 1949  > Page 754 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Une très grande pondeuse

La Leghorn

Après avoir énuméré les qualités de nos trois grandes races nationales : Gâtinaise, Bresse, Bourbonnaise, nous allons parler maintenant des trois races industrielles d’origine étrangère des plus cotées au point de vue ponte : Leghorn, Wyandotte et Rhode-Island.

Seule la première de ces races sera étudiée aujourd’hui.

La Leghorn existe en plusieurs variétés : blanche, dorée, noire, fauve, bleue, etc. ..., mais seule la blanche a été véritablement sélectionnée pour la ponte. L’origine de la race serait italienne, mais c’est en France, et surtout en Amérique, que celle-ci a acquis ses hautes qualités de pondeuse, fruit d’une sélection aux nids-trappes poussée pendant de longues années, d’abord en visant uniquement l’obtention de la plus grande quantité d’œufs possible, puis, depuis quelques années, en s’attachant à ne garder que les pondeuses de gros œufs.

Apparence. — La Leghorn est une volaille vive, élégante ; la crête est tombante chez la poule et droite chez le coq. Les pattes et le bec sont jaunes. La couleur doit être nette ; la variété blanche, notamment, ne doit pas présenter de plumes jaunâtres.

Les poids des adultes varient entre 1kg,400 et 1kg,800 pour la poule, et 2 kilos et 2kg,600 pour le coq.

La Leghorn est incontestablement la poule qui, par rapport à son poids et à la nourriture consommée, donne le plus grand nombre d’œufs dans la moyenne de ses souches. À part les situations froides et humides, où la Wyandotte doit lui être préférée (nous ne parlons que des races étrangères aujourd’hui), elle demeure actuellement la plus forte pondeuse, et l’une des poules qui sait le mieux se débrouiller pour trouver une partie de sa vie lorsqu’elle est en liberté.

Les poussins sont également vifs et alertes et réussissent aussi bien en élevage naturel que sous l’éleveuse ; ils préfèrent, bien entendu, les sols et les climats secs, mais s’adaptent ailleurs cependant.

Le coq est, dans la basse-cour, un grand facteur de productivité ; comme dans toutes les races, il faut le choisir parmi les sujets adultes, vigoureux, d’humeur batailleuse, l’instinct combatif étant un signe de vitalité ; sa tenue doit être fière, l’attitude vive.

Si la poule est une excellente pondeuse, c’est par contre, en général, une très mauvaise couveuse, trop nerveuse et impressionnable, qui risque souvent de casser les œufs. Du reste, 80 p. 100 des poules Leghorn ne demandent jamais à couver. La plupart des éleveurs de grandes souches, qui préfèrent pour les œufs de sujets d’élite l’élevage naturel à la couveuse, les confient à des poules calmes : Orpington, Faverolles, Sussex, etc., ou a des dindes. Les élevages de rapport pratiquent l’incubation et l’élevage artificiels. Beaucoup préfèrent acheter tout simplement les poussins d’un jour chez les spécialistes, et c’est la solution industrielle la meilleure, car elle évite l’entretien de 10 p. 100 de coqs dans le troupeau, l’achat d’incubateurs coûteux et leur surveillance, et elle a enfin le mérite de la simplicité, surtout en s’adressant aux élevages qui vendent les poussins triés à la naissance avec garantie de sexe à 95 p. 100.

La chair de la Leghorn, franchement mauvaise au début du lancement de la race, s’est énormément améliorée. Sans égaler les races spécialisées pour la chair, ou nos races françaises mixtes, les jeunes sacrifiés avant douze semaines sont très acceptables rôtis. Certains producteurs de poulets en batterie, proches des grands centres touristiques ou de Paris, se sont même spécialisés dans la production du coquelet Leghorn de 800 grammes, à servir grillé pour deux personnes.

Il est à peu près impossible de pouvoir donner sérieusement l’indication d’une moyenne fixe de ponte pour la race Leghorn. C’est la lignée, la souche qui contribue le plus à l’élévation de cette moyenne. Certains parquets provenant de sujets d’élite sont arrivés à produire 275 œufs par sujet de moyenne. Il ne s’agit que de parquets de 5-6 unités. Des pondeuses isolées ont atteint 321 et 330 œufs en douze mois. Une revue américaine a même cité un sujet extraordinaire ayant donné 375 œufs en treize mois de ponte ininterrompue sans mue.

Ce ne sont que des cas exceptionnels à citer comme curiosités.

Pratiquement il existe d’excellents troupeaux de Leghorn atteignant 200 et même 220 œufs de moyenne. Ces rendements sont très beaux et rentables, et je souhaite à de nombreux lecteurs du Chasseur de les obtenir ; ce qui n’est pas impossible, mais nécessite seulement du discernement dans le choix de la souche, des connaissances avicoles et beaucoup d’attention et de soins.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°633 Novembre 1949 Page 754