Après avoir énuméré les qualités de nos trois grandes races
nationales : Gâtinaise, Bresse, Bourbonnaise, nous allons parler
maintenant des trois races industrielles d’origine étrangère des plus cotées au
point de vue ponte : Leghorn, Wyandotte et Rhode-Island.
Seule la première de ces races sera étudiée aujourd’hui.
La Leghorn existe en plusieurs variétés :
blanche, dorée, noire, fauve, bleue, etc. ..., mais seule la blanche a été
véritablement sélectionnée pour la ponte. L’origine de la race serait
italienne, mais c’est en France, et surtout en Amérique, que celle-ci a acquis
ses hautes qualités de pondeuse, fruit d’une sélection aux nids-trappes poussée
pendant de longues années, d’abord en visant uniquement l’obtention de la plus
grande quantité d’œufs possible, puis, depuis quelques années, en s’attachant à
ne garder que les pondeuses de gros œufs.
Apparence. — La Leghorn est une volaille vive,
élégante ; la crête est tombante chez la poule et droite chez le coq. Les
pattes et le bec sont jaunes. La couleur doit être nette ; la variété
blanche, notamment, ne doit pas présenter de plumes jaunâtres.
Les poids des adultes varient entre 1kg,400 et 1kg,800
pour la poule, et 2 kilos et 2kg,600 pour le coq.
La Leghorn est incontestablement la poule qui, par rapport à
son poids et à la nourriture consommée, donne le plus grand nombre
d’œufs dans la moyenne de ses souches. À part les situations froides et
humides, où la Wyandotte doit lui être préférée (nous ne parlons que des races
étrangères aujourd’hui), elle demeure actuellement la plus forte pondeuse, et
l’une des poules qui sait le mieux se débrouiller pour trouver une partie de sa
vie lorsqu’elle est en liberté.
Les poussins sont également vifs et alertes et réussissent
aussi bien en élevage naturel que sous l’éleveuse ; ils préfèrent, bien
entendu, les sols et les climats secs, mais s’adaptent ailleurs cependant.
Le coq est, dans la basse-cour, un grand facteur de
productivité ; comme dans toutes les races, il faut le choisir parmi les
sujets adultes, vigoureux, d’humeur batailleuse, l’instinct combatif étant un
signe de vitalité ; sa tenue doit être fière, l’attitude vive.
Si la poule est une excellente pondeuse, c’est par contre,
en général, une très mauvaise couveuse, trop nerveuse et impressionnable, qui
risque souvent de casser les œufs. Du reste, 80 p. 100 des poules Leghorn
ne demandent jamais à couver. La plupart des éleveurs de grandes souches, qui
préfèrent pour les œufs de sujets d’élite l’élevage naturel à la couveuse, les
confient à des poules calmes : Orpington, Faverolles, Sussex, etc., ou a
des dindes. Les élevages de rapport pratiquent l’incubation et l’élevage
artificiels. Beaucoup préfèrent acheter tout simplement les poussins d’un jour
chez les spécialistes, et c’est la solution industrielle la meilleure, car elle
évite l’entretien de 10 p. 100 de coqs dans le troupeau, l’achat
d’incubateurs coûteux et leur surveillance, et elle a enfin le mérite de la
simplicité, surtout en s’adressant aux élevages qui vendent les poussins triés
à la naissance avec garantie de sexe à 95 p. 100.
La chair de la Leghorn, franchement mauvaise au début du
lancement de la race, s’est énormément améliorée. Sans égaler les races
spécialisées pour la chair, ou nos races françaises mixtes, les jeunes
sacrifiés avant douze semaines sont très acceptables rôtis. Certains
producteurs de poulets en batterie, proches des grands centres touristiques ou
de Paris, se sont même spécialisés dans la production du coquelet Leghorn de
800 grammes, à servir grillé pour deux personnes.
Il est à peu près impossible de pouvoir donner sérieusement
l’indication d’une moyenne fixe de ponte pour la race Leghorn. C’est la lignée,
la souche qui contribue le plus à l’élévation de cette moyenne. Certains
parquets provenant de sujets d’élite sont arrivés à produire 275 œufs par
sujet de moyenne. Il ne s’agit que de parquets de 5-6 unités. Des
pondeuses isolées ont atteint 321 et 330 œufs en douze mois. Une revue
américaine a même cité un sujet extraordinaire ayant donné 375 œufs en
treize mois de ponte ininterrompue sans mue.
Ce ne sont que des cas exceptionnels à citer comme
curiosités.
Pratiquement il existe d’excellents troupeaux de Leghorn
atteignant 200 et même 220 œufs de moyenne. Ces rendements sont très beaux
et rentables, et je souhaite à de nombreux lecteurs du Chasseur de les
obtenir ; ce qui n’est pas impossible, mais nécessite seulement du
discernement dans le choix de la souche, des connaissances avicoles et beaucoup
d’attention et de soins.
R. GARETTA.
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