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Maison familiale bretonne

C’est pour l’attachant pays de Bretagne, où se mêlent si étrangement l’idéalisme et le réalisme, la tendresse et la vaillance, que j’ai composé cette maison familiale.

J’ai essayé de respecter la tradition en retrouvant la forme générale, simple, massive, et pourtant élégante, de la vieille maison bretonne, en utilisant autant que possible les matériaux locaux, en me laissant influencer — sans copie — par les tendances de l’art breton, art populaire par excellence.

Sur plan rectangulaire, presque carré, ceinturée de murs épais en granit brut, avec angles et encadrements en granit taillé, coiffée par une haute toiture en ardoises rustiques bordées par les « chevronnières » en granit taillé, la maison oppose au vent de la mer sa masse compacte, sans découpages ou déchiquetages. Traditionnelle dans ses formes, elle n’en est pas moins très moderne par sa distribution, sa luminosité, son confort.

Au rez-de-chaussée : bureau, salon, salle à manger communiquent par larges baies, formant vaste réception, complétés par grande cuisine, lavabo, w.-c.

Au premier étage : quatre grandes chambres avec chacune sa grande penderie, une confortable salle de bains, une loggia-balcon pour les deux chambres de façade.

Au deuxième étage : deux petites chambres, une toilette, un grand grenier.

Au troisième étage, à l’extrême pointe des pigeons, greniers complémentaires.

Au sous-sol : caves, chaufferie, buanderie.

Voilà de quoi donner l’agrément de la vie en commun à une famille moyenne.

Distribution.

— Nous accédons à la maison par un perron latéral où nous trouvons la porte d’entrée située sur le côté droit de la maison. Nous entrons sous l’escalier et nous montons à l’intérieur quatre marches, parallèlement à la deuxième volée d’escalier. Nous arrivons ainsi à un palier-hall central autour duquel se trouvent les portes des quatre pièces principales et le départ d’escalier. Cette combinaison que j’ai utilisée maintes fois, et que j’ai décrite dans la « Villa Moderne », permet une sérieuse réduction de la surface bâtie en supprimant le couloir d’accès à l’escalier.

Le bureau (5 mètres x 4 mètres) ouvre en façade par une grande baie cintrée de 2m,80 de large. Sur la paroi de droite se trouve un grand placard-bibliothèque de 4 mètres de long. Un autre grand panneau permet de recevoir un meuble important. Au centre, se place le grand bureau.

Le salon (5m,50 x 5 mètres) ouvre en façade par une grande baie cintrée semblable à celle du bureau. Il communique avec le bureau et la salle à manger par deux larges baies avec portes pliantes.

La salle à manger (5m,30 x 5 mètres) ouvre en façade postérieure par quatre fenêtres juxtaposées séparées par des meneaux en granit taillé, et en façade latérale par deux autres fenêtres encadrant le grand buffet breton. En face de ce buffet se trouve la grande cheminée en granit. La desserte basse se trouve sous les deux fenêtres centrales, près de la cuisine.

La cuisine (4 mètres x 3m,70) s’éclaire par deux fenêtres et une porte-fenêtre. Celle-ci donne sur un perron qui permet la descente directe au jardin. Cuisinière à charbon, cuisinière électrique, évier avec double égouttoir se placent dans un angle devant les fenêtres à l’appui élevé, deux grands placards occupent les deux panneaux opposés. Une table centrale permet à quatre personnes de manger à l’aise.

Près de l’entrée, en contrebas, se trouvent la descente de cave, le lavabo-vestiaire, (1m,20 x 3m,20) qui commande le w.-c. (1m,20 x 1m,30)

L’escalier nous conduit au premier étage, sur un palier central qui distribue quatre chambres de 4 mètres x 4 mètres non mansardées, les parties rampantes du toit étant occupées par quatre grandes penderies latérales de 4 mètres x 1m,20. Les deux chambres de façade donnent sur une loggia-balcon en losange de 2 mètres x 2 mètres par deux portes-fenêtres à deux vantaux de 1m,40 de large.

Une salle de bains de 3m,30 x 2m,50 est à la disposition de ces quatre chambres.

L’escalier nous conduit ensuite au deuxième étage où nous trouvons encore deux chambres de 4 mètres x 2m,50 en façade arrière, un cabinet de toilette au-dessus de la salle de bains et un grand grenier devant.

Au-dessus, à l’extrême pointe des pignons, se trouvent encore deux petits greniers.

Au sous-sol, nous trouvons la chaufferie sous la cuisine, une grande buanderie sous la salle à manger, deux caves sous salon et bureau.

Construction.

— Les murs en granit supporteront les planchers et la charpente en béton armé, l’escalier en béton armé. La maison sera ainsi préservée de l’incendie, et aussi du champignon, la terrible « merulius lacrymans » qui, grimpant à travers les maçonneries, arrive à détruire tous les bois dans de nombreuses maisons. La couverture sera en ardoises rustiques de Sizun, d’un effet très pittoresque.

Aspect extérieur.

— Sur les crépis passés au silexor éclair ressortiront les angles et encadrements de baies en granit taillé, soit granit bleu de Begaar, soit granit rose de Trebeurden. La loggia-balcon du premier étage, avec son poteau d’angle en granit mouluré, ses panneaux en granit sculpté, son fleuron couronnant le toit d’ardoises, ses grandes consoles superposées en granit supportant la saillie, avancera sur la façade comme une carène de navire. Peut-être rappellera-t-elle quelque peu une chaire à prêcher ? Les tons des menuiseries et des volets rustiques seront assortis à la couleur du granit adopté. Les géraniums, lierre des jardinières, le moelleux des tamaris et des haies de cupressus environnantes adouciront la rudesse du granit. Je pense que cette maison sera ainsi tout à la fois robuste et gracieuse, traditionnelle et moderne.

Gérard TISSOIRE.

Le Chasseur Français N°633 Novembre 1949 Page 756