Un lapin …agile.
— Le gibier n’a pour se défendre contre ses trop
nombreux ennemis que sa méfiance et son agilité. Quand il s’y ajoute la ruse,
et que son astuce lui permet d’échapper au plomb du chasseur, celui-ci peut lui
tirer sa casquette et faire contre mauvaise fortune bon cœur.
En novembre dernier, je chassais avec un ami dans un petit
bois voisin de la forêt de Vendôme. Nous n’avions pas encore eu l’occasion de
tirer une cartouche, quand mon ami, qui marchait sous bois à quelques mètres de
moi, me demanda si je n’avais pas vu un animal qu’il n’avait pu identifier et
que son « fox » avait levé. La bête s’était blottie dans un vieux
tronc de troène haut de 3 mètres environ, tout vermoulu et percé comme une
nasse. Nous nous approchâmes du refuge, pensant qu’il devait s’agir d’une
fouine. Le fox de mon ami s’engouffra en grondant dans une ouverture située à la
base de la souche et réussit à grimper dans celle-ci. Fusil en mains,
j’attendais, prêt à donner un dénouement normal au drame dont nous suivions les
péripéties « au son ».
Pendant plus d’un quart d’heure, nous entendîmes les
aboiements furieux et haletants du courageux petit terrier qui grimpait
toujours et devait talonner la bête ...
Brusquement, une tête apparut à l’extrémité d’une grosse
branche creuse et je n’étais pas encore revenu de ma stupéfaction que, rapide
comme l’éclair, un lapin s’élançait dans le vide, se recevait adroitement sur
la mousse et détalait à toute allure. Gêné par ma chienne, je ne pus le tirer
que dans de très mauvaises conditions et le manquai. L’acrobate avait la vie
sauve ! Nous fûmes d’accord, mon ami et moi, pour admettre qu’il l’avait
bien mérité. Mais je verrai longtemps la petite forme allongée entre ciel et
terre, dans l’attitude gracieuse d’un plongeur sautant d’un tremplin.
M. Huger, abonné, Vendôme.
Beaux coups de fusil.
— Un de mes amis, M. Marcel Pignard, orfèvre à
Saint-Lô, réussit au début de novembre un doublé de chevreuils au bois des
Épinettes, en bordure de la forêt de Cerisy, près de Saint-Lô. Le poids cumulé
des deux bêtes atteignait 100 livres.
Il convient de signaler par la même occasion que M. Marcel
Pignard n’est autre que le frère de M. Robert Pignard, armurier à Caen,
notre grand champion national et international de tir au pigeon.
R. B., abonné, à Saint-Lô.
M. Duffau, président du Saint-Hubert-Club Eauzate, a tué
deux bécasses d’un coup de fusil. Ce remarquable tireur, qui n’en est pas à son
coup d’essai, a attendu que les deux dames au long bec soient dans le sillage
l’une de l’autre pour les abattre du même coup.
Un cycliste attaqué par un putois.
— Dans la matinée du 16 juillet, M. R. S ...
passait à bicyclette le long du bois de Gouy-Cahon, lorsqu’il se vit poursuivi
par un petit animal hurlant. Il mit pied à terre, mais la bête lui sauta à la
poitrine. Il réussit à s’en dégager et à écraser la tête de son agresseur à
quatre pattes. Il s’agissait d’un jeune putois. Ce fait assez rare méritait
d’être signalé.
H. BREVIER, abonné, Le Festel-Oneux,
par Abbeville.
Albinisme et mélanisme.
— Plusieurs abonnés nous signaient divers cas
d’albinisme et de mélanisme que nous livrons a la curiosité de nos lecteurs.
M. Gérard, de Saint-Gervais (Vendée), a pu voir à
l’île Boisseau une hirondelle blanche voyageant en compagnie d’autres
hirondelles.
M. Monreu, de Saint-Flour (Cantal), a tué, avec ses
amis, le 28 août 1949, jour de l’ouverture de la chasse en Lozère, 7 perdreaux
d’une compagnie de 12 à 13 unités. Sur ces 7 perdreaux, il y en avait 3 blancs,
« même tête et même pattes que le gris, mêmes plumes marron au bout de la
queue, mêmes marbrures marron sous les ailes, même poids également ».
M. Renault, abonné à La Rochelle-Pallice, traversant
par le bac de La Rochelle-Pallice à l’île de Ré, a aperçu dans un groupe de
quatre mouettes une mouette complètement noire, y compris le bec, de même type,
même grosseur et même vol que ses sœurs.
L’éléphant d’eau existe-t-il ?
— Il y a bien des années, prospectant dans la brousse
marécageuse qui avoisine la N’Tondi (rivière gabonaise), j’ai eu l’occasion de
dépister et de tuer un éléphant d’un genre particulier.
Caractéristiques. — Gabarit réduit (environ 2 mètres)
bien qu’adulte, trompe et défenses courtes, oreilles petites, allures se
rapprochant de celles du tapir. « Il nage beaucoup », me dit mon
porte-fusils.
Ceci m’avait paru si remarquable que, l’appelant « N’Djogu
iwolo » (éléphant de marais), j’ai, à cette époque et à son sujet, adressé
une communication à un groupement scientifique anglo-saxon.
Depuis, au cours de mes nombreuses années de Gabon, je n’en
ai jamais revu de semblable ; des abonnés de là-bas pourraient-ils me dire
s’ils ont jamais fait pareille rencontre ?
Paul CHEVILLARD, abonné.
Arséniate et perdreaux gris.
— J’ai lu récemment dans le Saint Hubert
l’article d’un excellent auteur, spécialiste réputé du piégeage et des drogues,
attribuant à l’emploi de la noix vomique contre les mulots et les corbeaux plus
qu’à l’arséniate la raréfaction des perdreaux gris. Je me permets d’en douter
un peu, car, dans ma région, personne ne cherche à empoisonner ces malfaiteurs,
et je n’ai jamais constaté l’emploi tant soit peu important de la strychnine.
Par ailleurs, le doryphore a été très peu abondant cette
année. Les naissances, peu nombreuses, ont été plus tardives qu’à l’ordinaire,
et de ce fait il n’y a guère eu de deuxième ponte et pas de troisième. Aussi
n’avons-nous traité nos pommes de terre à l’arséniate qu’une fois, alors que
les poussins étaient déjà forts, et parfois même pas du tout. Or, cette année,
les nichées de perdreaux gris ont réussi au delà de toute espérance, et leurs
compagnies sont à gros effectif, 15 à 20, au lieu de 3 ou 4 rescapés
qu’elles comptaient durant les années dernières où il avait fallu traiter
énergiquement et souvent. Je me refuse à croire à une simple coïncidence, et je
persiste dans mon opinion : l’arséniate est le destructeur no 1
de la perdrix grise.
Albert GANEVAL, Luchapt (Vienne).
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