Si septembre est le mois du chien d’arrêt, octobre est celui
du chien courant : le soleil a perdu de son ardeur, la terre est devenue
humide et la voie meilleure.
Je ne m’occuperai pas des chiens de chasse à courre, M. Guy
Hublot est bien plus qualifié pour le faire. Je n’envisagerai donc que les cas
auxquels peut s’intéresser le propriétaire de trois ou quatre chiens.
Ce chasseur devra choisir la race qui s’adapte le mieux à la
configuration du pays et au gibier qui s’y rencontre le plus souvent.
En terrain plat, où les massifs boisés sont de peu
d’étendue, le lapin étant le gibier le plus commun, le basset à jambes torses
sera suffisant : avec sa menée assez lente, il chassera assez longtemps
son lapin avant que celui-ci ne se réfugie au terrier et donnera à son maître
l’occasion de le tirer. L’artésien-normand, le basset griffon vendéen, le
teckel seront de parfaits auxiliaires pour cette chasse. Ils donneront même
l’occasion de tirer plusieurs fois le Jeannot avant qu’il ne disparaisse dans
son terrier.
Si, au lieu de boqueteaux, on ne doit chasser que dans de
grands bois, en forêt ou en montagne, il faudra des chiens de plus grande
entreprise ; ce seront des briquets dont la taille variera entre 0m,40
et 0m,50, briquets d’Artois, briquets griffons de Vendée, petits
nivernais, beagles et petits gascons-saintongeais. Ces chiens, quoique chassant
le lapin à l’occasion, sont plutôt des chiens de lièvre, voire de chevreuil et
même de sanglier. Leur taille leur permet de battre d’assez grandes étendues de
terrain et, par conséquent, de multiplier les chances de lever.
Certains deviennent de bons rapprocheurs sur un gibier
préféré.
Quand on possède un tel sujet, il est facile, le matin, de
lui faire faire la bordure des bois ; quand il trouve une rentrée, il
suffit de le laisser faire ; il rapprochera sur la voie et lancera.
Avec ces chiens, il est toujours avantageux de chasser à
plusieurs ; les passages connus occupés, il est bien rare que l’animal
chassé ne passe à l’un ou à l’autre.
Le dressage de ces chiens consiste à les faire retraiter au
coup de corne adopté à cet effet.
Chaque chasseur doit se munir d’un fouet à longue
lanière ; quand le rappel est sonné, il se porte au passage des chiens et
fait claquer son fouet en criant : « Arrête, arrête. » Si cela
ne suffit pas et que l’un des chiens continue, ne pas hésiter à le fouailler si
cela se peut. Dans les pays où la chasse est divisée, il est toujours très
utile de pouvoir arrêter les chiens pour éviter les discussions et même les
procès qui naissent à la suite de passage en terrain réservé.
En d’autres cas, en forêt domaniales par exemple, où la
chasse à courre est louée à part et où les chasseurs à tir n’ont pas droit au
gros gibier, il est utile de pouvoir arrêter la menée sur un cerf ou un
sanglier. Hors ces cas spéciaux, il ne faut pas abuser de ces arrêts quand les
chiens chassent bien, car on arriverait à les dégoûter.
Certains chiens affectionnent la voie du renard et ne
cherchent qu’elle. Si l’on s’en aperçoit, on tâche de reprendre le sujet qui
marque cette prédilection, afin de le tenir en laisse jusqu’à ce qu’un autre
gibier soit lancé par un de ses congénères, sur lequel on le mettra à la voie.
Quand un lièvre ou un chevreuil a été tué après une bonne
chasse, il est bon d’ouvrir l’animal et de donner les entrailles aux chiens,
surtout aux jeunes chiens, qu’on pourra également laisser griller la bête avant
de l’ouvrir.
Si l’on chasse habituellement avec plusieurs chiens, il ne
faut pas conserver ceux qui sont plus vites que la moyenne. En prenant toujours
la tête, ils fatiguent les autres et peuvent arriver à les dégoûter. Éliminer
également les bavards qui donnent de la voix sur la moindre émanation et
dérangent les autres. Mais ceci est moins grave : quand ils y sont
habitués, ses congénères ne s’occupent plus du bavard.
A. ROHARD.
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