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Les lapins à fourrure

Il y en a pour tous les goûts.

— Toutes les peaux de lapin d’hiver bien fournies peuvent être transformées en fourrures, servant à confectionner chancelières, gants, casquettes, toques, cravates, tours de cou, cache-cols, etc., ainsi que des manteaux, à condition de disposer d’un nombre suffisant de dépouilles de même couleur.

Ces fourrures, quand elles sont bien réussies, sont des imitations de sauvagines telles que hermine, renard, loutre, martre, zibeline, opossum, menu-vair ou petit-gris, chinchilla, taupe, etc.

Parmi les races à fourrure, produisant en même temps une viande appréciée, mentionnons en première ligne les lapins blancs (Vendée, Bouscat, Hottot, Russe, Polonais, etc.). Les dépouilles de ces lapins peuvent être employées au naturel.

Certaines races de couleur peuvent également être utilisées sans maquillage, ou prennent bien la teinture dès l’instant qu’elles sont de couleur uniforme, notamment les noirs (Alaska, Géants noirs des Flandres, de Hottot et le Sitka anglais). Viennent ensuite les bleus (de Vienne, de Beveren, de Ham, de Saint-Nicolas, etc.). Les Chinchillas, les Lynx, les Zibeline ... fournissent des fourrures imitant les sauvagines dont ils portent le nom. Les Havane, avec leur nuance cigare, ressemblent assez à la loutre. L’Argenté, le Fauve de Bourgogne et le Gros Normand sont aussi appréciés.

En outre, il convient de citer les Rex, ces lapins naturellement éjarrés, dont les dépouilles peuvent être employées sans maquillage. Ils comprennent les Castorrex, qui ont servi à créer les Herminés-Rex, les Beveren-Rex, les Havane-Rex, les Lynx-Rex, les Bleus-Rex, les Lilas-Rex, les Chinchillas-Rex, les Petits-gris, les Alaska-Rex, les Fouine-Rex, les Rosarex, etc.

Choix des peaux.

— Pour avoir de belles dépouilles d’imitation, on éliminera toutes les peaux en mue, en retenant seulement les peaux fournies par les lapins adultes, sacrifiés pendant la saison froide et en bonne santé.

S’il s’agit de monter de grandes pièces, telles que jaquettes, manteaux, on devra être en possession d’un lot de belles peaux de couleur uniforme, à moins que l’on se décide de les teindre, de les éjarrer, si elles ne proviennent pas de Rex, ou encore de les raser, afin d’imiter les sauvagines à poil court.

Ces opérations nécessitent le concours de machines spéciales, éjarreuses et raseuses. Aussi se contente-t-on, généralement, de teindre les peaux, en dehors des blanches et des noires, pour éviter les nuances disparates qui nuiraient à la beauté des fourrures.

Tannage.

— Le tannage a pour but d’empêcher les peaux de se putréfier, en laissant tomber les poils. Cette opération doit être bien conduite si on veut éviter que le cuir se racornisse et reste souple.

Il existe plusieurs manières de procéder. La plus fréquemment employée, mais non la meilleure, est le tannage à l’alun.

Procéder comme suit :

Les peaux sèches sont d’abord mises à tremper dans l’eau fraîche pendant vingt-quatre heures. On les fend ensuite longitudinalement, de la lèvre à la queue, en passant par le ventre, puis, après avoir séparé les extrémités inutiles, on malaxe longuement dans une solution à 35°, contenant 750 grammes d’alun et 325 grammes de sel marin pour 10 litres d’eau. Les peaux doivent séjourner dans le bain pendant quatre jours, durant lesquels on les pétrit énergiquement à plusieurs reprises.

Il n’y a plus qu’à les faire sécher, en les tendant sur des cadres en liteaux en piquant les bords, avec de petites pointes. Deux fois par jour on les pétrit à nouveau pour les assouplir.

Le tannage à l’huile se fait par imprégnation de corps gras dans le derme en enduisant le côté cuir avec de l’huile de colza ou autre, avec une brosse douce. Les peaux sont ensuite battues au maillet et, afin de mieux briser les nerfs, on les frotte vigoureusement sur une corde raidie, d’un mouvement de va-et-vient, jusqu’à ce que la fourrure n’ait pas plus de raideur qu’un chiffon sans apprêt.

Pour terminer, on enlève la membrane interne au couteau, on frotte les peaux avec du plâtre bien sec des deux côtés pour les dégraisser, puis on les bat à la baguette.

Application des teintures.

— Nombreuses sont les formules de bains préconisées pour teindre les peaux. Dans tous les cas, il faut les faire précéder de l’attaque des mordants à quatre reprises.

Premier mordant.
Deuxième mordant.
Chaux 1.000 grammes. Couperose verte 1.000 grammes.
Sel ammoniac 250 Eau ordinaire 10 litres.
Alun de roche 250  
Eau ordinaire 10 litres.  

Passer le premier mordant à la brosse douce sur le cuir. Laisser sécher, dégraisser à la sciure sèche, et, vingt-quatre heures après, passer de même le deuxième mordant. Recommencer les deux applications à vingt-quatre heures d’intervalle, puis passer la teinte à la brosse, d’abord celle de pointe et ensuite celle de fond, toujours à vingt-quatre heures d’intervalle.

Teinture de pointe en noir.
Noix de galle 800 grammes.
Couperose verte 100
Alun de roche 100
Verdet 100
Sel marin 100
Extrait de campêche à 10° 1,5 litre.
Eau 10 litres.

Pour la teinture de fond, mettre 25 litres d’eau au lieu de 10 litres.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°634 Décembre 1949 Page 808