Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°634 Décembre 1949  > Page 809 Tous droits réservés

Lettres de mon perchoir

Passereaux et souris blanches

Chardonnerets et bouvreuils.

— M. G. Faquet, instituteur à T ... (Somme) demande : Est-ce que les chardonnerets et les bouvreuils se reproduisent en cage et en volière ? Si oui, quelle est la nourriture qui leur convient le mieux ?

Les chardonnerets et les bouvreuils appartenant à la grande famille des passereaux, tous oiseaux à gros bec, mangeurs de graines, se reproduisent fort bien en captivité, de même que les serins. Ils ont le grand avantage de pouvoir vivre sans proies vivantes, ce qui n’est pas le cas des oiseaux insectivores à bec fin, comme la fauvette, le rouge-gorge, etc. ..., qui ne peuvent vivre et se reproduire en cage que si on les loge dans des volières très spacieuses, leur donnant l’impression d’être en liberté, et si on les approvisionne en insectes.

Mais, s’il s’agit de passereaux, on obtient de bien meilleurs résultats si on les maintient en captivité que si on les abandonne à eux-mêmes, ce que l’on comprend sans peine. En effet, en captivité, ces oiseaux reçoivent une nourriture bien plus abondante et mieux équilibrée pour leurs besoins que s’ils sont astreints à chercher leur pitance parmi les plantes sauvages peu nutritives et manquant de stimulant.

En outre, ils ne sont pas incommodés pareillement par les rigueurs des saisons. Les femelles, logées dans des volières, ou des appartements chauffés, peuvent reproduire en tout temps, sauf toutefois pendant la période relativement courte de la mue, tandis que, en liberté, les chardonnerets et les bouvreuils ne ressentent le besoin de s’accoupler qu’aux premiers beaux jours. Comme il leur faut commencer par construire leur nid chaque fois, et qu’il faut environ quarante-deux jours pour pondre, couver et élever leur progéniture, ce qui leur occasionne une grande fatigue pour assurer le ravitaillement, on comprend qu’ils ne puissent pas élever plus de deux couvées pendant la belle saison.

Au contraire, les passereaux tenus en volière ou dans des cages confortables, s’ils sont rationnellement nourris, peuvent mener à bien quatre à cinq couvées dans la même année.

Nourriture.

— Si l’on veut faire de la reproduction intensive de passereaux en captivité, on devra leur distribuer une nourriture aussi variée que possible, comprenant un mélange de petites graines ayant des propriétés différentes, notamment alpiste, millet, navette, œillette, chènevis, etc. ... sans oublier les verdures, salade et carotte râpée. En outre, pour stimuler les instincts génésiques, on donnera en supplément du grain germé, lequel contient les vitamines de la procréation.

Pendant la durée de l’élevage, qui est de vingt-cinq jours environ, on devra compléter le mélange de graines habituel par une pâtée spéciale, dont il existe plusieurs formules. L’une des plus courantes est la suivante : œuf cuit dur, émietté avec de la biscotte broyée, ou du pain rassis préalablement trempé dans l’eau, et ensuite pressé dans la main, puis saupoudré d’œillette bleue. Si on ne veut pas préparer soi-même ses mélanges de graines et de pâtée, on les trouvera dans le commerce.

S’il s’agissait d’oiseaux insectivores, tels que rossignols, fauvettes, bergeronnettes, mésanges, troglodytes (roitelets), rouges-gorges, etc. ..., la nourriture devrait être changée du tout au tout, puisqu’ils ne mangent pas de graines, sauf du chènevis écrasé.

La ration de base peut être établie dans les proportions ci-après : chapelure, quatre parties ; insectes séchés, trois parties ; verdure hachée, une partie ; carotte râpée, une partie. Pour stimuler l’appétit ajouter, tous les jours, une partie de chacun des aliments suivants, en variant : œuf dur, farine de viande ou de poisson, foie, gruyère râpé, chènevis écrasé.

Élevage des souris blanches.

— Un abonné du Gers, M. Émile Duffort, signale une série d’avatars qui surviennent dans son élevage de souris blanches, bien qu’il en obtienne des résultats assez satisfaisants.

« Cependant il y a quelques points obscurs qui demanderaient à être éclaircis, en premier lieu le cannibalisme de certaines mères, cas irréguliers, mais mystérieux. Je surprends une mère avec un petit de cinq jours dans la gueule ; elle tourne, virevolte comme une folle et dévore son petit. Lui ayant donné de l’eau et de l’avoine, elle mange, toujours agitée ; trois heures après, elle allaitait sa nichée.

» Ayant surpris une autre mère en train de dévorer un de ses jeunes, elle refusa le boire et le manger que je mis à sa disposition. Son agitation passée, je la remis avec ses petits qu’elle allaita, mais, quatre heures après, elle en dévorait deux autres.

» Quelle est donc la cause de ce cannibalisme qui incite les souris à dévorer leur progéniture, bien que je leur donne à satiété de l’avoine et des carottes. Doit-on mettre en permanence de l’eau à leur disposition ? »

Je ne pense pas que ce soit le défaut d’eau ni de nourriture qui provoque le cannibalisme des mères nourrices, mais plutôt le défaut de matières carnées, car ces rongeurs omnivores, étant très prolifiques, ressentent un pressant besoin de protéine, pour constituer la caséine de leur lait. Il me semble qu’en donnant à vos souris blanches de la viande fraîche ou des os à grignoter leur manie vicieuse disparaîtrait. Je crois également qu’en adoptant le régime mixte, comprenant lait, avoine, carotte ou salade et, de temps à autre, des os charnus à ronger, les mères ne dévoreront plus leurs petits.

Une autre question : « Les mères souris enflent anormalement pendant la gestation, l’enflure prenant tout le corps jusqu’au cou. »

Cette météorisation spéciale ne peut être imputable qu’à l’absorption d’aliments trop volumineux. Les femelles en gestation, porteuses de fœtus, ne pouvant pas dilater leur estomac pour emmagasiner tous les aliments peu nourrissants ingérés pour satisfaire leurs besoins embryogéniques, aussi les femelles sont-elles incommodées et il peut survenir des décès. Le remède : donner des aliments plus concentrés et moins aqueux.

Mondiage D’ARCHES.

Le Chasseur Français N°634 Décembre 1949 Page 809